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Comment Nicolas Sarkozy voit l'Islam de France
Publié dans La Vie éco le 04 - 02 - 2005

Avec 5 millions de musulmans, la France n'a d'autre choix que d'essayer de les intégrer en tenant compte de leur religion.
Inclure les radicaux dans le dialogue est, selon Nicolas Sarkozy, le meilleur moyen de réduire l'extrémisme.
L'ex-ministre de l'Intérieur propose un financement national des grandes religions.
La démission, le 3 janvier 2005, de l'anthropologue Dounia Bouzar, seule femme parmi les membres du bureau du Conseil français du culte musulman (CFCM), met de nouveau cette instance, qui se veut représentative de l'Islam de France, sous les feux des projecteurs. Déjà, il y a deux ans, Dounia Bouzar avait succédé à une autre femme, elle aussi déçue. Bétoule Fekkar-Lambiotte avait claqué la porte du CFCM en février 2003 «pour défendre l'Islam républicain». Elle reprochait à l'ancien ministre de l'Intérieur (de mai 2002 à mars 2004), Nicolas Sarkozy, de privilégier l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), jugée radicale, et qu'elle accusait de diffuser «un islam parfaitement rétrograde».
Dounia Bouzar, pour sa part, explique sa démission par «l'absence de débats de fond» au sein du CFCM. Interrogée là-dessus par la presse française, elle s'est montrée très critique vis-à-vis de cet organisme. «Depuis deux ans, c'est le seul lieu où je vais et où on ne parle pas d'islam. La seule légitimité du CFCM est d'organiser le droit au culte et il n'y parvient pas. (…) Pendant vingt ans, on a demandé aux musulmans de laisser l'islam à la frontière pour s'intégrer. Aujourd'hui, on veut les définir uniquement par la référence musulmane». Enfin, elle regrette que «les jeunes musulmans nés en France ne soient pas représentés au CFCM».
Un mois avant cette démission, en décembre 2004, paraissait le très attendu ouvrage de Nicolas Sarkozy intitulé La République, les religions, l'espérance (*), où il était essentiellement question de l'organisation de l'Islam en France et de la création du CFCM, de son rôle et de la place de l'Islam dans la République.
L'argumentation de M. Sarkozy se résume ainsi. La France compte cinq millions de musulmans. Comme on ne peut ni les expulser tous ni les contraindre à renoncer à l'islam, il n'y a pas d'autre choix que de les intégrer avec leur religion dans la République, afin de faire sortir la pratique de l'islam des caves et d'une certaine clandestinité.
«Le temps de la laïcité de combat est révolu»
Par ailleurs, et face aux nombreuses critiques quant à l'intégration de l'UOIF au CFCM, M. Sarkozy répond que l'UOIF étant la «plus puissante fédération de la communauté musulmane de France», elle ne peut être laissée en dehors d'une organisation qui prétend représenter l'Islam de France. De plus, estime-t-il, l'UOIF répond «aux aspirations de ceux de nos compatriotes qui souhaitent vivre leur religion avec une certaine rigueur».
L'ancien ministre de l'Intérieur se dit convaincu que lorsqu'un «radical» est intégré dans une structure officielle, il perd de son extrémisme car il devient partie intégrante au dialogue. «La réalité, c'est que l'UOIF mène, sur le terrain, un travail utile contre des adversaires autrement plus dangereux pour la République : les salafistes». Enfin, à l'appui de ses dires, il rappelle la déclaration faite par Fouad Alaoui (secrétaire général de l'UOIF) au congrès de cette fédération, au Bourget, le 19 avril 2003 : «Le respect de la loi [française] est en soi une obligation religieuse».
L'Etat français avait donc besoin d'interlocuteurs crédibles et représentatifs afin d'aboutir à une institutionnalisation de cette religion, à l'image des autres religions. Ce fut alors le processus de création du CFCM, qui avait démarré en 1992 avec Pierre Joxe, puis Jean-Pierre Chevènement (création de la Consultation des musulmans de France en octobre 1999)… Le point d'orgue de ce processus furent les élections organisées en avril 2003 et la première assemblée générale du CFCM tenue en mai 2003, sous le mandat de M. Sarkozy. L'organisation de l'Islam de France venait de naître.
Mais que peut signifier pour la République française la garantie du libre exercice du culte musulman dans le cadre de la laïcité, encadrée par la loi de 1905 ? C'est là que réside tout l'intérêt du livre d'entretiens de Nicolas Sarkozy. La conception qu'il se fait de la laïcité surprend par son caractère «ouvert, apaisé et accueillant». Ainsi, pour lui, la «laïcité respecte et même défend le droit inaliénable de chacun à pratiquer sa religion. (…)». Plus loin, il précise sa pensée : «La laïcité est une composante de notre démocratie. L'acceptation de ses règles est une condition de la reconnaissance d'un Islam de France. (…) Reconnaître des droits aux musulmans croyants, c'est leur demander dans le même temps de respecter des devoirs : ceux-là mêmes qu'observent tous les autres citoyens». M. Sarkozy ne craint pas d'affirmer que «le temps de la laïcité de combat est révolu».
Une réelle organisation de l'Islam de France, dans le cadre de la laïcité, exige des solutions novatrices et audacieuses en matière de financement public (construction et gestion des mosquées) et de formation (des imams). Et c'est valable aussi pour toutes les «grandes religions de France» (catholicisme, protestantisme, judaïsme et islam), selon les termes de M. Sarkozy. Des solutions qui doivent respecter l'interdiction faite par l'article 1er de la loi de 1905 de tout financement public direct des religions. Du coup, cette question du financement devient, pour l'ex-ministre de l'Intérieur, une équation à quatre inconnues : «Il y a une contradiction entre la volonté de reconnaître les religions comme un facteur positif dans la société [un leitmotiv dans tout l'ouvrage de M. Sarkozy, ndlr] et celle de les extraire des influences étrangères tout en leur interdisant toute forme de financement public et en prétendant les traiter à égalité». C'est dans cette perspective que Nicolas Sarkozy propose de poser la question du «financement national des grandes religions et celle de la formation» nationale républicaine «des ministres du culte (imams, pasteurs, prêtres ou rabbins)».
La création du CFCM et, plus généralement, l'organisation de l'Islam de France oscille entre deux interprétations. La première est celle de certains leaders d'associations musulmanes de France, relayée par des intellectuels comme Abdellali Hajjat et Yamin Makri (voir le site www.oumma.com), selon laquelle le CFCM est analysé comme «une instrumentalisation néocoloniale de l'islam en vue de servir les objectifs de contrôle du gouvernement». La seconde est celle exprimée par M. Sarkozy : «Si nos compatriotes se montrent capables d'inventer un Islam de France, un islam intégré à la culture européenne, (…) un islam qui renonce à toute velléité d'Etat islamique, un islam qui abandonne certaines pratiques et certains archaïsmes (…), cet islam constituera un exemple précieux pour l'ensemble du monde musulman». Un ouvrage à lire.


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