A voir la «foule», on s'y serait presque cru. On aurait même presque pu sentir le vent des Alizées souffler entre les murs de cette salle de conférence située en plein centre de Casablanca, sur bruit de fond des crotales et Guembri des fameux Maâlem Gnaoua. Pourtant ce n'était encore que la conférence de présentation de la quatorzième édition du festival Gnaoua et Musiques du monde d'Essaouira. La première en quatorze ans ! Si le festival le plus «populaire» du royaume avait jusqu'ici habitué l'opinion publique à une communication plus ciblée, il apparaît que la «conjoncture actuelle» telle que le souligne Neila Tazi, organisatrice de l'événement, incite les producteurs de festivals à changer d'approche : Place désormais à la transparence. Organisation, relations avec les autorités ainsi que la ville d'Essaouira, budget et sponsoring, les nombreux journalistes venus à cette rencontre ont eu droit à tout une présentation on ne peut plus détailler de ce que sera la quatorzième édition du «Woodstock» marocain. La ville enfin partenaire ! Il aura fallu que l'événement atteigne son «âge ingrat» pour que la ville d'Essaouira daigne s'impliquer dans l'organisation du festival Gnaoui. Une implication qui garde tout de même ses distances avec l'événement en soit, puisqu'il s'agit concrètement d'organiser des activités sportives, artistiques et sociales, dans la ville «en marge» des festivités prévues par les organisateurs. L'objectif étant, «d'impliquer les souiris au festival et de leur donner également l'occasion de mettre en avant leur talent et leur savoir faire», explique Tazi. Dommage toutefois que l'initiative n'ait pas été pensée de manière plus pérenne, pour ainsi animer la ville en dehors des périodes estivales. Autre contribution, et non des moindres, la restauration du Bastion de Bab Marrakech. Ce grand Fort qui trônait autrefois aux abords de la cité des Alizées a depuis longtemps perdu de son aplomb pour laisser place à une salle d'exposition pauvrement garnie d'objets sensés être «historiques». Cette année, la ville d'Essaouira, avec le département de sauvegarde du patrimoine du ministère de la culture ont décidé de se retrousser les manches afin de réhabiliter les lieux. D'ici le 23 juin prochain, le Bastion de Bab Marrakech sera donc en mesure d'accueillir sur sa terrasse près de 650 personnes pour des concerts sous les étoiles. C'est d'ailleurs là que les habitués de la scène Bab Marrakech devront se rabattre entre le 23 et 26 juin prochain, étant donné que l'habituelle grande scène ne sera pas «de la partie». Celle-ci étant en chantier en raison des travaux d'aménagements des eaux usés de la ville. Un de perdu, Méditel de retrouvé 10,6 millions de DH. C'est à cette hauteur que s'élève le budget de l'édition 2011 du festival Gnaoua et Musiques du monde. Un budget qui aurait été amputé de quelques 9,7 millions de DH par rapport à l'édition précédente. La raison, «nous avons perdu l'un de nos sponsors» explique Neila Tazi. En l'occurrence Pepsico Maroc qui, à la suite de sa cession à l'indien RJ Corp, «a gelé ses budgets sponsoring». Et de rassurer, «toutefois, Meriem Bensaleh, des Eaux Minérales d'Oulmès, qui est une partenaire fidèle du festival a renforcé son soutien cette année». Et il n'y a pas que Les eaux d'Oulmès qui semble avoir renforcé son partenariat dans l'événement puisque l'une des principales nouveautés de cette quatorzième édition est la montée en puissance de Méditel. La scène dédiée à l'opérateur télécom, habituellement classée parmi la programmation «off» du festival, s'affiche cette année comme la deuxième grande scène du festival après celle de la place Moulay Hassan. C'est donc d'un bout à l'autre de la ville qu'Essouira s'emplira, le temps d'un weekend, des sonorités world et gnaoui qui se donneront rendez-vous au bord de l'Atlantique.Des têtes d'affiches ? Les habitués le savent, ce n'est pas cela qui fait la magie d'Essaouira, mais les rencontres musicales. Et des rencontres, il y en aura de prometteuses cette année, avec trois «résidences d'artistes» notamment entre le Maâlem Kbiber de Marrakech, et celui que l'on désigne comme étant «le maître incontesté du tama», Baba Sissoko et son groupe Mali Tamani Revolution qui, après une semaine de répétitions, ouvriront le bal. Côté fusion, le festival –fidèle à son habitude- «transe-formera» la musique Gnaoua, entre les mains du Maâlem Mustapha Bakbou, avec le Jazz arménien de Tigran Hamasyan. D'autres grands noms de la scène musicale se prêteront au jeu de la fusion, tels que Jacques Schwarz-Bart et son groupe, les Jazz Racines Haïti ou encore, le duo Afgano-iranien, Between Worlds. Et ce n'est pas tout. Avant de clôturer sous une fusion gnaoui inédite qui réuni quatre grands noms de la Gnaoua Music, à savoir Mohamoud Guinea, Abdelkebir Merchane, Mohamed Kouyou et Hassan Boussou, les festivaliers auront le plaisir de découvrir pour la première sur les scènes souiries, le célèbre chanteur-compositeur malien, Salif Keita ainsi que le fameux «voyageur», K'naan.