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Chantiers navals, c'est le moment de jeter l'ancre
Publié dans Les ECO le 17 - 07 - 2013

Les chantiers navals sont un créneau qui pourrait rapporter beaucoup au Maroc, mais qui demeure encore largement sous-exploité. Par chantiers navals, il faut comprendre l'ensemble des plateformes de construction ou de réparation des navires au niveau des ports. «À ce propos, une des meilleures choses que nous puissions réaliser, c'est de faire du Maroc un point d'appui pour certains pays asiatiques comme la Chine et la Corée du Sud», expose le spécialiste des «choses de la mer», le professeur Najib Cherfaoui. Autrement dit, le royaume doit miser sur l'édification de chantiers permettant d'attirer les navires construits par ces spécialistes asiatiques afin que la réparation navale puisse s'effectuer sur ses côtes, au lieu que ces bâtiments ne parcourent des milliers de kilomètres pour être réparés en Asie, d'autant plus que 75% du transport maritime mondial passe à proximité des côtes marocaines. Cette position stratégique est très loin d'être rentabilisée (www.leseco.ma). «Les constructeurs de ces pays demandent à délocaliser au Maroc. Il nous suffit juste de répondre positivement à leur demande, et de savoir exploiter cette opportunité», recommande Najib Cherfaoui. Celui-ci s'indigne d'ailleurs de «l'attentisme» dont semblent faire preuve les services en charge des affaires maritimes dans la mise en valeur du potentiel du royaume dans ce domaine. La future plateforme portuaire méditerranéenne, Nador West MED, apparaît ainsi comme «le meilleur endroit» pour offrir un refuge aux bateaux en difficulté. Actuellement, les ports d'Agadir et de Tan-Tan sont les rares à disposer de chantiers navals en plus du port centenaire de Casablanca. On fait savoir, auprès du ministère de l'Equipement et du transport, que «l'ANP (Agence nationale des ports) procède actuellement à l'attribution de l'exploitation des infrastructures des chantiers navals au niveau des ports d'Agadir, Laayoune, et de Kénitra». Ces attributions se font «à travers des appels d'offres», poursuit-on au département d'Abdelaziz Rabbah.
Transfert de technologie
Pour ce qui est du port casablancais, les services sont assurés par les Chantiers et ateliers du Maroc (CAM), et permettent de réparer annuellement une cinquantaine de bateaux. À ce niveau, il faut souligner que la réparation navale à sec constitue le segment le plus demandé, en comparaison avec la réparation à flot. Les ateliers de réparations sont occupés 330 jours par an. «Nous pouvons pourtant faire le double si les efforts sont concentrés sur la constructions d'autres chantiers», lance Cherfaoui. À cet effet, il serait question de déplacer l'actuel emplacement du chantier naval du port de Casablanca. Cette option ne fait pas l'unanimité chez les spécialistes du monde maritime, certains penchant plutôt pour l'ouverture d'un deuxième chantier. Cela s'explique, à leurs yeux, par l'importante demande et la forte pression que subit l'unique chantier existant. Qui dit chantiers navals dit construction de navires. Contrairement à ce que l'on serait tenté de croire, «le Maroc fait de la construction navale», renseigne le professeur Cherfaoui. Seulement, ce savoir-faire se limite toujours à la création de petits navires de pêche, notamment à El Jadida ou encore Larache. Ce n'est pas encore le cas des navires plus puissants servant au transport de marchandises. Toutefois, «le Maroc peut se lancer dans la construction», affirme Najib Cherfaoui. «Le pays dispose de ressources [humaines] de valeur», ajoute-t-il. Avec la venue de constructeurs internationaux, le transfert de technologie pourrait s'opérer très rapidement. En tout cas, cela ne peut être que bénéfique, aussi bien pour la main-d'œuvre locale que pour l'ensemble de l'industrie nationale. Cette dernière dispose en effet de sociétés capables de répondre aux besoins des constructeurs. Il reste donc juste à jeter l'ancre.
Un bombardement américain au départ
C'est suite à un bombardement américain sur le port de Casablanca en 1942 que le Maroc s'est initié aux chantiers navals. À l'époque, nous sommes encore sous le protectorat français lorsque les forces américaines lancent «L'opération Torch» qui s'est matérialisée par des frappes aériennes et maritimes sur la future capitale économique du royaume. Au niveau du port, les dégâts sont considérables. Au moins 19 navires militaires français sont détruits. Après cette tempête de feu, il fallait tout réparer, et c'est de là qu'est née l'aventure de la réparation navale au Maroc. Ainsi, le port de Casablanca est doté d'un bassin d'armement. Les travaux démarrent en 1952 pour prendre fin deux ans plus tard. Par la suite, et après la proclamation de l'indépendance du royaume, plusieurs études ont été lancées sur la faisabilité de la construction de chantiers navals. Cela a été notamment le cas en 1978, 1983, ainsi qu'en 1987. Toutefois, force est de constater que le côté théorique de ces études a toujours dominé l'aspect pratique. En tout cas, c'est la conclusion qui s'impose au vu du retard accusé aujourd'hui par le Maroc dans le domaine des chantiers navals.
Najib Cherfaoui,
Professeur, spécialiste des choses de la mer.
«Nous n'avons pas de politique nationale dans le domaine des chantiers navals»
Les ECO : Quels sont les atouts du Maroc dans le domaine des chantiers navals?
Najib Cherfaoui : Le grand avantage de la réparation navale dans notre pays réside dans la présence d'une ressource humaine qualifiée qui couvre une centaine de professions fondamentales. Son coût de main-d'œuvre est cinq fois moins élevé que dans les régions concurrentes, situées à environ une semaine de navigation du Maroc.
Je rappelle que ce secteur s'articule autour de trois nécessités : la maintenance, les visites techniques obligatoires et les grosses réparations. Les métiers de base englobent la coque, le bord et les interventions transverses.
Comment jugez-vous la politique nationale dans le domaine des chantiers navals?
Vous êtes loin de vous imaginer combien ils [ndlr, les services en charges de la politique maritime] sont ignorants. Pour masquer leur handicap, ils passent leur temps à lancer des études et à attendre les livrables afin de justifier le non-travail. Pour prolonger leur inactivité, ils procèdent à la réactualisation des études livrées. Au final, ils plongent dans un sommeil profond pendant plus de 60 ans. Par exemple, l'unique cale sèche (forme de radoub) est inaugurée en 1954, puis plus rien ne sera construit jusqu'à aujourd'hui, à l'exception de quelques portiques à sangles pour sauver les apparences.
Pouvez-vous revenir sur les études qui ont été lancées?
En 1976, ils déclenchent une étude au titre pompeux qui reste sans suite, «Etude préliminaire pour l'aménagement des chantiers navals et la détermination des moyens de hissage adaptés aux besoins du port de Casablanca». En 1978, ils organisent une étude intitulée «Construction et réparation navales dans les pays du Maghreb - situation et perspectives»; en 1983, ils se mettent en situation d'attente en programmant une «Etude de faisabilité pour la réparation navale au Maroc». En 1990, ils s'activent autour d'une «Etude sur l'implantation d'un dock de 4.500 tonnes pour le port de Casablanca». En 1994, ils s'offrent un répit de deux ans en lançant «l'Etude de réaménagement de la cale de halage du port de Casablanca» puis, de 1997 à 2000, ils passent leur temps à réactualiser ces études pour les noyer à partir de 2001 dans les différentes variantes de ce qu'ils appellent le «Plan directeur portuaire national». C'est évidemment une énorme erreur. Enfin, en 2007, comme par enchantement, ils se réveillent pour délocaliser (c'est-à-dire démolir) le «chantier naval du port de Casablanca» réalisé en 1954, avec en arrière-plan une étude de circonstance pour justifier et légitimer cette opération. Il est maintenant clair qu'il n'y a pas de politique à juger car, comme je viens de le démontrer, il n'y a pas de politique nationale dans le domaine des chantiers navals.
On imagine que les autres pays, notamment ceux du pourtour méditerranéen, sont actifs. Pouvez-vous nous faire une cartographie des chantiers navals sur le plan mondial?
Pour s'en tenir à la réparation navale des navires de commerce, disons qu'il y a au niveau de la planète exactement 995 chantiers. Dans la sphère d'influence du Maroc on compte 154 chantiers navals. Il y en a 69 en Méditerranée occidentale (France, Italie, Malte), 64 au niveau de la péninsule ibérique (Espagne, Portugal, Gibraltar), 7 au Maghreb hors Maroc (Algérie, Tunisie) et 14 dans l'ouest de l'Afrique (Canaries, Cap Vert, Sénégal, Côte d'Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun, Libéria, Congo).


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