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Industrie pharmaceutique : dangereuse concentration
Publié dans Les ECO le 28 - 06 - 2011

Après le rapport de la commission parlementaire sur le médicament, le secteur de l'industrie pharmaceutique a encore une fois de plus été épinglé. Cette fois, c'est une étude sur sa concurrentiabilité qui le met à mal. En effet, selon cette étude commanditée par le Conseil de la concurrence, le secteur marocain de l'industrie pharmaceutique peut être qualifié d'oligopole ouvert. «Le marché est composé d'un noyau comprenant un nombre réduit d'opérateurs qui dominent fortement le marché et qui coexiste avec une périphérie comportant un nombre important d'opérateurs ne disposant que d'un faible poids sur ce même marché», note l'étude. Pour arriver à cette conclusion, les initiateurs de l'étude ont utilisé les ratios de concentration CRi (ces ratios permettent de mesurer le pourcentage des parts de marché des premières entreprises du secteur pharmaceutique par rapport au total) et la courbe de Lorenz laquelle permet d'apprécier la concentration du marché et l'inégalité des opérateurs.
D'après le premier indice (ratio de concentration CRi) en 2009, les quatre premiers opérateurs du secteur détenaient 44% des parts de marché, les huit premiers 64% et les 20 premiers 95%. À cela, «la tendance à la baisse de cette concentration reste non significative», ajoute l'étude. Pour sa part, le recours à la courbe de Lorenz a montré «des inégalités élevées entre les opérateurs pharmaceutiques». Selon cette courbe, «les parts de marché en valeur sont concentrées sur un petit nombre d'unités statistiques (laboratoires industriels)». Autrement dit, le pourcentage cumulé des industriels progresse moins vite que les parts de marché cumulées. «Le point d'inflexion est atteint entre 90 et 100% des parts de marché, et entre 50 et 60% pour les opérateurs», précise l'étude.
Segmentation thérapeutique du marché
À ce niveau, l'analyse des concentrations des parts de marché, dans les sept segments thérapeutiques les plus importants, montre qu'en 2009 ces segments représentaient 81% du marché pharmaceutique en valeur. S'agissant du segment médicaments de l'appareil digestif (34 opérateurs) et du métabolisme, 51% des parts de marché sont détenues par les quatre premiers opérateurs, 72% par les huit premiers opérateurs et 98% reviennent aux 20 premiers opérateurs. Pour le segment des anti-infectieux utilisés par voie générale qui compte 26 opérateurs, il est détenu à hauteur de 56% de parts de marché pour les quatre premiers industriels, à hauteur de 77% des parts de marché pour les huit premières entreprises et à près de 98% pour les 20 premières.
S'agissant des médicaments du système nerveux, ce segment qui compte 29 opérateurs est dominé à près de 62% en termes de parts de marché pour les quatre premières entreprises, 82% sont aux mains des huit premiers laboratoires, alors que les 20 premiers détiennent 99% du marché. Pour sa part, le marché relatif au segment des médicaments de l'appareil cardiovasculaire (28 opérateurs) revient à hauteur de 58% de parts de marché pour les quatre premières entreprises et à près de 81% pour les huit premières entreprises. Concernant le marché des médicaments de l'appareil respiratoire, qui comporte 30 opérateurs, il revient à hauteur de 45% de parts de marché pour les quatre premières entreprises et 80% pour les huit premières. Plus de 57% des parts de marché du médicament de l'appareil locomoteur (27 opérateurs) sont détenues par les quatre premières entreprises. Enfin, le marché du segment des médicaments de l'appareil génito-urinaire et les hormones sexuelles (21 entreprises) est dominé par les quatre premiers opérateurs (65% de parts de marché). À noter que la concentration constatée au niveau de ces sept segments est plus manifeste dans ceux relatifs aux médicaments de l'appareil génito-urinaire et les hormones sexuelles, du système nerveux, et de l'appareil cardiovasculaire. Selon l'étude, «ces concentrations s'expliquent par l'expérience, le savoir-faire marketing et surtout par la détention de médicaments très utilisés, ou relativement onéreux, par certains opérateurs sur les segments considérés».
Qui fait le business ?
L'étude confirme également le constat selon lequel le secteur de l'industrie pharmaceutique est dominé par les leaders internationaux. Il s'agit de Sanofi-Aventis premier, avec 10,5% des parts de marché, suivi de sa filiale Maphar, avec 9,3% (le groupe représente 19,8% du marché). En 3e position, on trouve l'industriel local «Laprophan» avec 8,6%, suivi de Cooper Pharma avec 7,9%.
Par ailleurs, l'étude affirme qu'en termes de répartition des ventes en valeur, par segment thérapeutique, ce sont les médicaments de l'appareil digestif et du métabolisme (18% en valeur) qui dominent. Ce marché est détenu à hauteur de 18% par Sanofi-Aventis et sa filiale Maphar, suivis de Laprophan (41%) et Galenica (10%).
Ces médicaments sont suivis par les anti-infectieux utilisés par voie générale (17% en valeur) et des médicaments du système nerveux (11% en valeur). Le marché revient à près de 24% à GSK, avec 24% de parts de marché. Sanofi-Aventis détient 12% de parts de marché, talonné par Pharma 5, avec 11%. Les médicaments du système nerveux occupent la 3e place en termes de répartition des ventes en valeur. C'est Sanofi-Aventis et sa filiale Mapahar qui dominent ce segment avec 27% de parts de marché. Bottu SA arrive en deuxième position avec 16% de parts de marché, suivie de Sothema (9%). À noter à ce niveau que Sanofi-Aventis et sa filiale Maphar sont leaders dans cinq segments thérapeutiques. «Ce groupe domine donc, d'une manière ou d'une autre, dans six segments thérapeutiques parmi les plus importants et occupe, de plus, le 2e rang dans le 7e segment», précise l'étude. Laprophan, qui occupe la 3e position sur le marché national, n'est que 2e en termes de part de marché des segments des médicaments de l'appareil digestif et du métabolisme. «Sa position au niveau national s'explique par sa bonne présence au niveau de la majorité des segments de marché», souligne l'étude. Celle-ci note également que «l'analyse des positions des différents opérateurs dans les principales classes thérapeutiques reste malheureusement incomplète du fait de l'indisponibilité de données statistiques fiables sur les ventes des médicaments onéreux des pathologies lourdes (cancers, hépatite, etc.)». En effet, ces médicaments sont vendus essentiellement suite à des appels d'offres hospitaliers ou directement aux patients. «Cependant, l'analyse de l'arsenal thérapeutique médicamenteux montre que les médicaments les plus utilisés dans ces pathologies sont principalement détenus par quelques rares laboratoires», précise l'étude. Il s'agit, dans la cancérologie, de Roche, Novartis et Pfizer, de Roche et de GSK dans l'hépatite et de Sanofi-Aventis, Novartis et Roche dans le traitement du Sida.
Anomalies financières
À ce niveau, l'étude a analysé un échantillon des 14 opérateurs qui détiennent plus de 80% des parts de marché. Laprophan ayant été exclue à cause de la non disponibilité de ses états de synthèse auprès de l'OMPIC. Ainsi, Sothema se classe première en termes de résultats et 2e en termes de capital et d'endettement. En 2008, l'opérateur a investi 42 millions de DH. L'étude relève que les dettes de financement de l'opérateur qui finance ses investissements en fonds propres n'ont pas évolué entre 2007 et 2008. «Cette marge de manœuvre est rendue possible par une importante capacité d'autofinancement», souligne l'étude. Le taux de rentabilité de l'opérateur en 2008 a été de 20% et le financement de son activité était à hauteur de 68%.
De son côté, Cooper Pharma jouit du plus important capital social de l'industrie pharmaceutique. «Cette entreprise a bénéficié, à cet effet, d'une augmentation de son capital social en 2008. Elle a fait un effort d'investissement moyen de 14 millions de DH et s'est également acquittée de ses dettes de financement», rappelle l'étude du Conseil de la concurrence. Ces démarches sont traduites par un financement de ses investissements en fonds propres alors que son fonds couvre ses besoins en fonds de roulement à hauteur de 165% en 2008. Promopharm a, selon l'étude, investi beaucoup moins, d'où l'absence de dettes de financement. En revanche, l'entreprise a dégagé une rentabilité de 18%. Elle dispose aussi d'un niveau d'intégration important de la valeur ajoutée (44% par rapport au CA). «Sur le plan de la rentabilité, Bayer Maroc a enregistré des valeurs négatives et s'est heurté à une insuffisance de financement. Mais cette situation a semblé s'améliorer en 2008», souligne l'étude. L'entreprise ayant bénéficié du plus important effort d'investissement dans le secteur (59 millions de DH). Elle a connu également une évolution de 250% de son capital social et une annulation de ses dettes. «En termes de valeur ajoutée, Pfizer Maroc a enregistré le taux d'intégration le plus élevé du secteur (83%), en 2008. Or, son taux de rentabilité ne dépassait pas 1%», relève l'étude.
En somme, les laboratoires pharmaceutiques (sauf Bayer) ont enregistré des rentabilités positives qui oscillaient entre 1 et 29% par rapport au financement permanent et un taux d'intégration se situant entre 15 à 83% du CA des entreprises. Cela étant, l'étude a relevé certaines anomalies financières au niveau du secteur. Les résultats des exercices 2007-2008 ont montré que trois filiales de multinationales présentaient des résultats anormalement bas ; 1,7 million de DH pour Pfizer , 5,5 millions pour Novartis et 5,6 millions pour Sanofi-Aventis. Quant au taux de rentabilité financière de ces trois entreprises, ils sont également très faibles (1% pour Pfizer, 3% pour Sanofi-Aventis et 7% pour Novartis). De son côté, Bayer Pharma présentait des résultats négatifs (-39,1 millions de DH en 2007 et -13,3 millions en 2008) avec des taux de rentabilité également négatifs (-200% en 2007 et -5% en 2008). Ces résultats ont poussé les initiateurs de l'étude à se poser la question de savoir «si les résultats des bilans de ces opérateurs ne montrent pas une face cachée des relations entre filiales locales des multinationales et leurs maisons mères ou s'il ne s'agit que d'une forme de rapatriement des bénéfices des filiales vers les maisons mères». En revanche, les bilans de deux autres filiales de multinationales (GSK et Maphar) présentaient des résultats importants, soit respectivement 46,7 et 20,4 millions de DH et des taux de rentabilité allant de 5 à 17%. «S'agissant des sept opérateurs nationaux (Cooper Pharma, Sothema, Bottu S.A., Galenica, Pharma 5, Promopharm, Afric Phar ), ils présentaient des bilans avec des résultats importants, allant de 12,5 à 94,5 millions de DH et des taux de rentabilité variant entre 12 et 29%». (Dans l'édition de demain mercredi 29 juin, les barrières d'accès au marché).


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