Les premières sorties de certains ministres du cabinet El Othmani donnent l'impression que le gouvernement s'inscrit en rupture par rapport à son prédécesseur. Or, le chef de l'Exécutif avait exprimé dans sa déclaration gouvernementale sa volonté de s'orienter, chose somme toute logique, vers la continuité. Ainsi, sitôt nommé, le ministre de l'Enseignement, Mohamed Hassad, a annulé une décision majeure du cabinet Benkirane, à savoir l'interdiction d'exercer dans le privé pour les enseignants du secteur public. De son côté, Mohamed Ben Abdelkader, ministre délégué pour la Réforme de l'administration publique, a commencé son mandat par l'annulation de l'arrêté instituant l'embauche dans la fonction publique par contrat. Force est de constater qu'il est toujours facile de faire table rase des projets du prédécesseur, mais il n'est jamais garanti que l'on fera mieux. En fait, ce qui a plombé le Maroc durant les quatre dernières décennies, c'est justement cette rupture dans la gestion publique. Si aujourd'hui on note avec satisfaction la reconduction de certains ministres ayant marqué leur «quinquennat», l'on ne comprend pas l'échange opéré entre Rabbah et Amara et encore moins la démarche de Hassad et Ben Abdelkader. Il y a deux semaines, nous avions dénoncé dans ce même espace les insinuations de Benkirane à l'égard de Hassad. Cela ne nous empêche pas de rappeler à ce même Hassad les véritables priorités de l'enseignement, qui sont connues de tous. Le cabinet El Othmani est attendu sur les grands dossiers, nous avons déjà assez perdu de temps dans les futilités.