Désormais dans les rangs de l'opposition, le PPS nourrit l'espoir de rebondir aux élections législatives de 2021. Réussira-t-il dans sa nouvelle mission et saura-t-il améliorer son positionnement électoral ? Le doute plane même chez les progressistes. Le divorce a été acté, sans surprise, vendredi soir, par le comité central du PPS qui s'est déroulé non sans heurts entre les partisans du retrait du gouvernement qui étaient nombreux et les détracteurs de la décision du bureau politique, dont le ministre de la Santé, Anass Doukkali. Les héritiers de Ali Yata tournent la page de 21 ans de participation gouvernementale. À moins de deux ans des élections législatives, ils aspirent à redorer leur blason en misant sur une «opposition constructive». En sont-ils capables ? Certains progressistes en doutent : difficile de se convertir en une opposition redoutable en quelques mois seulement. La mission est d'autant plus compliquée après deux décennies aux commandes gouvernementales. Va-t-on s'opposer aux programmes gouvernementaux stratégiques qui ont été chapeautés par des ministres du parti ou approuvés par eux au Conseil de gouvernement ? Une question que se posent avec insistance quelques camardes qui ont manifestement la vision brouillée. Le parti est appelé aujourd'hui, par plusieurs de ses militants, à se livrer à une véritable autocritique pour pouvoir se restructurer et gagner le pari électoral. Mais il faut dire que le défi n'est pas facile à gagner d'autant plus que l'image du PPS s'est dépréciée depuis qu'il s'est allié avec le PJD il y a huit ans. Une alliance qui lui a porté l'estocade fatale, comme le souligne bon nombre de membres du comité central qui étaient contre l'entrée de leur parti au gouvernement en 2011 pour ne pas semer la confusion dans les esprits et sauvegarder son identité. Le doute plane, en interne, sur les chances du PPS de rebondir aux prochaines échéances électorales. La décision de quitter le gouvernement va-t-elle permettre au parti de gagner des points en 2021 ? Rien n'est moins sûr. Rappelons à cet égard que le parti du livre a toujours eu du mal à percer aux élections. Son plus grand score a été obtenu en 2011 (18 sièges). Aujourd'hui, avec 13 parlementaires à la Chambre basse et deux uniquement à la Chambre haute, le PPS saura-t-il exercer une opposition féroce et se démarquer de ses adversaires ? Il est clair que ce faible poids numérique au sein de l'institution législative ne va pas lui permettre d'exercer une pression sur le gouvernement lors de la phase cruciale de l'adoption des projets de loi. Même quand il était au gouvernement, le PPS peinait à faire passer ses propositions. Pour faire entendre sa voix, les alliances s'avèrent nécessaires. Le parti du livre pourrait se rapprocher, de nouveau, de son allié classique de la Koutla, l'Istiqlal. Les deux formations pourraient accorder leurs violons pour jouer la même partition au sein du Parlement et dynamiser, ainsi, l'action de l'opposition. Des voix en interne s'élèvent, par ailleurs, pour resserrer les rangs de la gauche qui «doit constituer le cadre d'alliance du PPS». Néanmoins, l'USFP de Driss Lachguer est à exclure des futures coalitions des progressistes qui nourrissent l'espoir de redorer l'image de la gauche. Celle-ci, précisons-le, demeure toujours laminée et n'arrive pas à séduire les électeurs. Même la Fédération de la gauche démocratique, qui a été très médiatisée au cours des dernières élections et a été très soutenue sur les réseaux sociaux, n'avait pas pu créer la surprise bien qu'elle ait couvert 98% des circonscriptions électorales. La faiblesse des scores électoraux interpelle les partis politiques de la gauche à revoir leur stratégie et leur discours et à repenser sérieusement leur union pour conquérir les électeurs.q