«La chute a les bras qui se balancent. S'ennuient le long du corps. S'usent de ne pas arriver». C'est en ces mots que Afaf Zourgani, journaliste au magazine d'arts plastiques Diptik, conclut le premier chapitre de son ouvrage «Les douze saisons d'al beida». Récemment publié par les éditions Al Manar, le livre est disponible en librairie depuis quelques jours. «Les douze saisons d'al beida», est le premier livre de Zourgani, depuis qu'elle a «perdu mes mots». Après une longue expérience en tant que secrétaire de rédaction au magazine «Femmes du Maroc», Afaf Zourgani déclare, aujourd'hui, fièrement avoir retrouvé «ses mots». Ces mots qu'elle pensait avoir perdu pour toujours. Et pourtant, celle qui corrigeait, complétait, et parfois même reprenait les textes des autres, n'arrivait plus à tracer ses propres lignes. «C'était un bon exercice, mais je me suis installée dans le lisse. Et avec le temps, je me suis séquestrée moi-même dans les écrits des autres». Une séquestration intellectuelle qui la mènera à ce qu'elle nommera une «chute». Une expérience dont la journaliste a finalement réussi à tirer profit. «Cette chute m'a permis de retrouver mes mots, maintenant je compte bien m'y accrocher». Des mots que ses lecteurs retrouveront après quelques années de silence. Dans ce magnifique livre d'art qu'elle partage avec les encres du grand peintre Mohamed Abouelouakar, Zourgani témoigne de son vécu. D'août 2007 à août 2009, les douze saisons de l'auteur nous feront découvrir la ville d'Al Beida. Cette métropole aux mille facettes qu'elle habite et qui l'habite. «Je ressentais ce besoin d'écrire, mais j'avais du mal. J'ai donc commencé par décrire ma ville. Et c'est à travers elle que j'ai réussi à me retrouver » confie-t-elle. «Un jour, j'ai fait la rencontre de Casablanca, comme je ne l'avais jamais vu jusqu'alors. Cette rencontre a changé ma vie... Elle m'a permis de reprendre l'écriture». «Les douze saisons d'al beida, n'est pas un roman mais une résurrection», explique l'auteur. Aujourd'hui, totalement consacrée à l'écriture, elle redécouvre ce plaisir de manipuler les mots au grès de ses rencontres. «Le journalisme me permet de partager des expériences». Mais, entre la journaliste et l'auteur, Afaf n'a pas l'intention de choisir ; elle semble apprécier l'idée de «transmettre les émotions des artistes aux lecteurs». L'écriture reste ainsi son champ de liberté.