C'est sous un torrent d'applaudissements et de youyous que Milouda Chaqiq, alias Tata Milouda, est arrivée sur le perron de la mairie d'Epinay-sur-Seine. Suivie par des caméras françaises, marocaines et belges, la slameuse d'Epinay-sur-Seine entrait mercredi soir dans la salle des mariages pour y recevoir, à 62 ans, l'insigne de Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres et ce, des mains du slameur Grand Corps Malade, son ami, qui a raconté son histoire à la centaine d'invités présents, dont la sous-préfète de Saint-Denis et l'attaché culturel de l'ambassade du Maroc. Cette «histoire dure, mais belle, ce destin de roman». Ses trois filles, Fouzia, Nadia et Hind, étaient présentes lorsque Milouda a reçu des mains de Grand Corps Malade lui-même, l'insigne de Chevalier des Arts et des Lettres, la précieuse médaille. «La première fois qu'elle est montée sur scène pour slamer, c'était lors d'une soirée au Théâtre Gérard-Philipe. Elle qui est arrivée sans papiers, sans savoir ni lire ni écrire le français. C'est une bête de scène, que je présente souvent comme la rock star du slam. Et je suis très fier qu'elle ait gardé le nom que je lui ai donné un jour, Tata Milouda», affirme le slameur. Depuis, la sexagénaire a fait de nombreuses scènes, en France, en Belgique et au Maroc où elle a même fait un spot télévisé pour l'alphabétisation. Rappelant que Milouda Chaqiq a appris le français grâce aux ateliers socio-linguistiques d'Epinay. Le maire, Hervé Chevreau, a salué «une figure» de sa ville et «un modèle d'intégration qui a réussi à construire un pont entre le Maroc et la France».