Les marbriers sont toujours dans un attentisme déconcertant, avec une évolution qui semble au point mort. Un business des carrières qui marche certes, mais dont la croissance, surtout en termes de nouveaux investissements, est au ralenti depuis plusieurs mois déjà. L'arrivée de la nouvelle tutelle de l'Equipement et du transport a-t-elle changé quelque chose à cette situation? «Nos premiers contacts avec le ministre ont été concluants. Ce dernier s'est en effet engagé à faire avancer les discussions autour de la nouvelle loi sur les carrières. C'est effectivement le seul dossier sur lequel nous relevons des avancements depuis l'avènement du nouveau gouvernement», nous explique Ayoub Kahlaoui, le président de l'Association marocaine du marbre (AMM). Promulgué depuis 2009, le fameux texte 08-01 censé régir l'exploitation des carrières, attend sagement son décret d'application. L'importance du secteur et la diversité des filières couvertes - allant du marbre au sable et granulats en passant par le sel de neige – ont pesé sur les discussions autour de l'application de cette loi. Elle est évidemment impatiemment attendue par tout le secteur, en l'occurrence la filière du marbre. «Elle devrait nous permettre de travailler dans de meilleures conditions via l'ouverture de nouveaux sites d'exploitation, pour améliorer l'accès à la matière première qui est une vraie problématique dans notre filière», commente le responsable. Selon ce dernier, «le potentiel exploitable, pour la filière du marbre, est très important». Bémol, «l'absence de nouvelles autorisations et l'accès difficile à la matière première, surtout dans les domaines forestiers de l'Etat, nous empêchent de faire de nouveaux investissements», déclare Kahlaoui. Ce gel des investissements a favorisé l'amplification d'une autre problématique, celle de l'importation de pierres naturelles. «Cette activité n'est plus l'apanage exclusif des commerçants et des autres revendeurs de marbre. Même les industriels exploitant des carrières, se sont greffés au filon de l'import pour compléter leur offre», nous confie ce distributeur-revendeur. Il faut savoir, en effet, qu'entre 60 à 70% de la consommation locale en marbre est importée. Dommages collatéraux Du côté des ambitions, il faut dire que la filière du marbre en a pourtant de bien grandes, mais peu de moyens pour les concrétiser. Quatre milliards de dirhams de chiffre d'affaires à l'export sur une période de cinq ans, c'est en effet ce que pourraient réaliser les marbriers avec un meilleur accès à la matière première. Par ailleurs, au-delà même de l'attentisme suscité par l'absence persistante de l'application de la loi, s'ajoutent aussi les dommages collatéraux de la dernière circulaire en vigueur, concernant le secteur des carrières, rendue publique par la primature du gouvernement précédent en fin 2010, afin de pallier au vide législatif et mettre un peu d'ordre dans ce secteur. «Ce texte a été promulgué dans un contexte marqué par une grande polémique autour de l'exploitation du sable», explique Kahlaoui. Indirectement, ces dommages se traduisent en une exacerbation des difficultés d'accès à la matière première, le blocage de toute nouvelle autorisation d'exploitation et plusieurs irrégularités d'application. L'une d'elle porte, par exemple, sur le principe de l'étude de l'impact environnemental obligatoire, imposé par la loi 12-03 pour tous les secteurs d'activités, dont les industries extractives, et repris par la circulaire de la primature.