Le ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville revoit les fondations de la formation des architectes marocains. La tutelle vient de ce fait d'annoncer la mise à l'étude de la création d'un nouveau pôle de compétences en architecture, urbanisme et aménagement. «L'enseignement de l'architecture, de l'urbanisme et de l'aménagement doit chercher un réajustement structurel vis-vis du nouvel environnement économique, social et culturel de notre société», explique t-on auprès du ministère de tutelle. Dans le fond, cette initiative intervient pour lutter contre un nouveau phénomène «d'éclatement» de l'identité professionnelle des architectes, qui serait selon les professionnels, de plus en plus centrée sur la maîtrise d'oeuvre et la naissance de nouveaux profils professionnels à l'intersection de l'architecture, de l'urbanisme et de l'aménagement. Ces dysfonctionnements de la profession se traduisent par des changements intervenus sur les contenus des formations, les profils à former et les missions scientifiques et culturelles des écoles et instituts en charge de l'enseignement de l'architecture, de l'urbanisme et de l'aménagement. Pour y remédier la direction générale de l'Habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement propose par le biais d'une étude de faisabilité «de nouveaux réajustements relatifs à ces institutions qui réagissent par l'élargissement de leur champ de compétence, notamment dans le domaine de l'expertise et de la recherche». Ces nouvelles dispositions pourraient dès lors permettre aux instituts de formation et de recherche en architecture, urbanisme et aménagement, d'assurer une meilleure adaptation au contexte, tout en garantissant une meilleure insertion face à la demande sociale et à la diversité des missions et profils de formations. Sur le terrain, les praticiens, les enseignants- chercheurs, les professionnels ainsi que les spécialistes des disciplines architecturales et urbanistiques pourront renforcer leur compétitivité, leurs performances tout en étant en phase avec les chantiers de réforme engagés dans le pays. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'initiative du ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, de se doter d'un pôle de compétences en matière de formation, de recherche et de conseil dans les domaines de l'architecture, de l'habitat, de l'urbanisme, du paysage, de l'aménagement et des métiers de la politique de la ville. L'objectif principal vise à mieux articuler, d'une part, les actions stratégiques du ministère aux programmes de formation et de recherche de l'ENA et de l'INAU et de soutenir, voire de «renforcer et maximiser davantage les effets de collaboration et de partenariat de ces deux institutions, pour qu'elles puissent monter des projets de formation communs et réorganiser le secteur de la recherche et du développement», en renforçant ses performances et sa compétitivité, d'autre part. Dimension stratégique L'enseignement et la recherche en architecture et urbanisme jouent un rôle prépondérant au regard des enjeux majeurs de développement du secteur qui doit actuellement relever de tout nouveaux défis et problématiques. «Les nouvelles demandes sociales en matière de qualité architecturale, urbaine et paysagère, les questions sociales liées à la politique de la ville, au renouvellement urbain, à l'attractivité des villes, au développement et au marketing territorial, à la question de l'énergie, à la mobilité et transports urbains,à l'environnement et au développement urbain durable sont autant de questions auxquelles font face aussi bien les instituts de formation et de recherche, que les départements chargés de la promotion des politiques sectorielles du ministère», note t-on au sein du département de Nabil Benabdellah. En tout état de cause, les ressources humaines pour relever ce genre de défis semblent être assurées au regard du nombre d'équipes et de chercheurs travaillant de façon individuelle ou sectorielle sur le sujet. Il reste alors à améliorer leurs conditions de travail pour leur assurer un meilleur accès aux ressources ou documents organisés en rubriques disciplinaires ou thématiques et remédier à l'absence d'un dispositif de recherche fort et de moyens adéquats, permettant in fine de mener une véritable politique de recherche au service du développement. Parallèlement à cela, l'exigence de professionnalisme sur le terrain de la recherche et la demande de nouvelles expertises et approches pluridisciplinaires pour la réalisation des études opérationnelles marquées de surcroît, est aujourd'hui évidente. Les questions et préoccupations nouvelles d'ordre stratégique, technique et scientifique, demanderaient selon les professionnels de nouvelles méthodes heuristiques et d'organisation de travail qui font défaut dans la quasi majorité des bureaux d'études privés ou publics nationaux.