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Souveraineté alimentaire : inquiétante dépendance
Publié dans Les ECO le 27 - 10 - 2025

Selon un rapport du Moroccan Institute for Policy Analysis, la souveraineté alimentaire du Maroc reste fragile. L'étude, menée dans les localités agricoles de Doukkala et Abda, montre que le pays importe plus de 40% de ses besoins céréaliers, que la consommation de sucre explose et que les inégalités entre grands exploitants et petites fermes s'accentuent.
Il fut un temps où l'agriculture nourrissait le Maroc. Aujourd'hui, elle l'expose à des vulnérabilités multiples. Derrière l'abondance apparente des rayons et la stabilité des prix, le pays vit une dépendance silencieuse. Le récent rapport du Moroccan Institute for Policy Analysis (MIPA) dresse un constat sans détour.
En un demi-siècle, la part d'aliments importés s'est envolée, les apports caloriques se sont multipliés et la facture budgétaire s'est alourdie. Ce que le Maroc gagne en exportant ses tomates ou ses agrumes, il le perd en important son pain, son sucre et son maïs.
Une souveraineté en trompe-l'œil
Le document rappelle que la production céréalière, pilier historique du système alimentaire, ne dépasse plus les 5 millions de tonnes par an depuis 2019, soit la moitié du volume atteint lors des bonnes saisons agricoles. Le pays dépend désormais des marchés extérieurs pour plus de 70% de ses besoins en blé tendre et en maïs.
En 2022, les importations de céréales ont franchi le seuil des 5,2 millions de tonnes, pour un coût supérieur à deux milliards d'euros. La sécheresse persistante, combinée à la flambée des prix mondiaux, a pesé lourdement sur les finances publiques.
Le rapport rappelle que la Caisse de compensation a déboursé 1,34 milliard de dirhams en 2023 pour stabiliser le prix du blé tendre et 4,38 milliards de dirhams en 2024 pour le sucre raffiné. Ces chiffres illustrent l'envers du modèle de stabilité alimentaire. En cherchant à maintenir les prix, le pays entretient une dépendance coûteuse et structurelle.
L'autre prix de la modernisation
Au-delà des chiffres, le rapport pointe la dérive d'un modèle agricole centré sur l'exportation. Les stratégies successives, du Plan Maroc Vert à la Génération Verte, ont favorisé les cultures à forte valeur ajoutée tournées vers l'étranger.
L'irrigation s'est étendue, mais au prix d'un épuisement accéléré des nappes phréatiques. Les exportations de fruits et légumes drainent chaque année près de 1,5 milliard de mètres cubes d'«eau virtuelle», prélevés dans des bassins déjà surexploités. Le rapport souligne que cette orientation profite avant tout aux grandes exploitations dotées en capital et en technologie.
Les petites fermes familiales, pourtant essentielles à la sécurité alimentaire, continuent d'être marginalisées. Elles représentent encore la majorité des unités agricoles, mais accèdent difficilement aux financements, à la mécanisation ou à l'irrigation. En quatre ans, près de 200.000 emplois agricoles ont disparu, conséquence directe de la sécheresse et du manque de rentabilité du travail de la terre.
De la malnutrition à la surconsommation
L'étude met également en lumière un paradoxe inquiétant. Alors que le pays importe toujours plus pour nourrir sa population, les indicateurs de santé se dégradent. Les apports caloriques moyens sont passés de 2.400 à 3.100 kilocalories par jour et par habitant depuis les années 1970. Plus de 60% de la population est désormais en surpoids et 21% est obèse. Le sucre en est l'illustration la plus parlante. Sa consommation atteint aujourd'hui 48 kilos par an et par habitant, soit quatre fois la recommandation nutritionnelle.
Dans le même temps, la consommation de légumineuses, autrefois au cœur de la cuisine marocaine, a chuté de 10,7 à 3,6 kilos par habitant. Ces évolutions traduisent le recul de l'alimentation traditionnelle et la montée en puissance des calories vides issues du pain blanc, des produits transformés et des boissons sucrées.
Un modèle sous perfusion d'importations
Derrière la dépendance alimentaire, le rapport met en évidence celle, plus discrète, aux intrants importés. Fertilisants, machines agricoles, semences hybrides, races bovines, tourteaux de soja ou maïs destinés à l'alimentation animale, tout ou presque provient de l'étranger. Même la modernisation énergétique du secteur, via le pompage solaire, repose sur des équipements entièrement importés.
Cette dépendance ne se limite pas à la technologie. Elle touche au fondement même de la souveraineté, souligne le rapport. Produire localement à partir d'intrants étrangers, c'est s'exposer aux chocs des marchés mondiaux et perdre la maîtrise des ressources. Les auteurs alertent sur un risque systémique, celui d'une souveraineté illusoire.
Pour sortir de cette impasse, le rapport plaide pour une réorientation profonde des politiques agricoles. Il appelle à mieux valoriser les circuits courts, à renforcer les filières locales de protéines végétales et à inscrire la souveraineté alimentaire dans les programmes scolaires. L'enjeu ne se limite pas à nourrir la population, il s'agit de redonner sens au lien entre agriculture, santé et environnement.
La souveraineté alimentaire, concluent les auteurs, ne se décrète pas. Elle se construit sur la reconnaissance du travail des petits agriculteurs, sur la protection des ressources naturelles et sur un modèle de consommation plus sobre. Le Maroc a les moyens d'y parvenir, à condition de transformer la dépendance en choix collectif.
Une facture alimentaire qui explose
Le rapport du MIPA révèle que le déficit de la balance agroalimentaire a atteint 3,8 milliards de dollars en 2023. Les importations totalisent 8,9 milliards de dollars, contre 5,1 milliards d'exportations. Trois produits concentrent la dépendance, à savoir le blé, le sucre et les huiles végétales, qui couvrent 80% des calories consommées. Le coût de ces importations pèse sur la balance des paiements autant que sur les finances publiques.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO


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