L'économie marocaine a créé 167.000 emplois au troisième trimestre 2025, portée par les services et le BTP. Si le chômage recule à 13,1%, la montée du sous-emploi et les écarts régionaux rappellent que la reprise reste fragile et inégalement répartie sur le territoire. Le marché du travail poursuit sa lente reprise. Au troisième trimestre 2025, l'économie nationale a créé 167.000 postes d'emploi nets, dont 164.000 en milieu urbain et seulement 3.000 en milieu rural, selon la dernière note du Haut-commissariat au plan (HCP). Cette progression, essentiellement tirée par l'emploi rémunéré, s'accompagne d'une baisse du chômage mais aussi d'une montée du sous-emploi, révélant un marché encore en transition. Les services et le BTP tirent la création d'emplois L'analyse du HCP montre que cette amélioration résulte avant tout de l'essor de l'emploi salarié, en hausse de 220.000 postes sur un an, alors que l'emploi non rémunéré a reculé de 54.000. Le secteur des services demeure le principal moteur de cette évolution avec 94.000 créations nettes, suivi par celui du bâtiment et travaux publics, qui enregistre 90.000 emplois supplémentaires, soit une progression de 7%. L'industrie, y compris l'artisanat, a pour sa part contribué à hauteur de 29.000 nouveaux postes, tandis que l'agriculture, la forêt et la pêche en ont perdu 47.000, confirmant le repli continu de l'activité agricole face aux aléas climatiques et à la transformation du tissu productif rural. Globalement, la population active occupée atteint 10,83 millions de personnes, contre 10,66 millions un an plus tôt. Le taux d'emploi, stable à 37,6%, traduit une reprise contenue, notamment en milieu rural où il s'établit à 42,1% contre 42,3% auparavant. En milieu urbain, il se maintient à 35,4%, confirmant la relative inertie du marché. La situation demeure marquée par une forte disparité entre les sexes, avec un taux d'emploi de 60,9% pour les hommes contre seulement 15% pour les femmes, un écart qui peine à se réduire malgré les progrès enregistrés dans certains secteurs formels. Une légère décrue du chômage Le chômage, de son côté, recule légèrement, passant de 13,6% à 13,1% au niveau national. Le nombre de chômeurs s'établit à 1,629 million, soit 55.000 de moins qu'au troisième trimestre 2024. Cette baisse profite surtout au milieu urbain, où le taux de chômage diminue de 0,7 point pour atteindre 16,3%, tandis qu'en milieu rural, il s'allège de 0,5 point, à 6,9%. Malgré cette évolution favorable, le chômage reste élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, à 38,4%, ainsi que parmi les femmes (21,6%, en hausse de 0,8 point sur un an). Chez les hommes, il recule d'un point, à 10,6%, illustrant une amélioration modérée mais réelle de leur insertion professionnelle. Les diplômés demeurent également vulnérables sur le marché du travail, avec un taux de chômage de 19%, en baisse de 0,8 point. L'évolution diffère selon le niveau d'instruction : le chômage des techniciens et cadres moyens recule de 2,3 points pour s'établir à 27,6%, tandis qu'il augmente légèrement parmi les diplômés du secondaire qualifiant et de l'enseignement supérieur. Ces tendances traduisent une recomposition du marché de l'emploi, où les qualifications intermédiaires trouvent davantage d'opportunités dans les services, la construction et certaines industries. Une montée du sous-emploi qui interroge Si la situation du chômage s'améliore, celle du sous-emploi s'aggrave sensiblement. Le HCP dénombre 1,199 million de personnes en situation de sous-emploi, soit 133.000 de plus qu'un an auparavant. Le taux correspondant atteint 11,1% au niveau national, contre 10% au troisième trimestre 2024. Cette hausse est plus marquée en milieu rural, où il passe de 12% à 13,8%, qu'en milieu urbain (9,5%). Le phénomène touche en particulier les hommes, les jeunes et les actifs des zones rurales, souvent employés de manière précaire ou sur des périodes réduites. Le sous-emploi lié à la durée de travail concerne désormais 5,7% des actifs, tandis que celui lié à l'insuffisance du revenu ou à l'inadéquation entre formation et emploi atteint 5,3%. Les secteurs les plus touchés sont le BTP (22,2%) et l'agriculture (13,1%), deux domaines fortement exposés à la saisonnalité et aux fluctuations de la demande. Une forte concentration géographique de l'activité Sur le plan régional, la concentration des actifs demeure prononcée. Cinq régions abritent 72,5% de l'ensemble des personnes âgées de 15 ans et plus en activité. Casablanca-Settat arrive largement en tête avec 22,9% des actifs, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (13,4%), Marrakech-Safi (12,7%), Fès-Meknès (12,1%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (11,4%). Ces mêmes territoires concentrent également 73,2% des chômeurs du pays, preuve d'un déséquilibre structurel entre dynamisme économique et offre d'emplois. Casablanca-Settat concentre à elle seule 26,4% des demandeurs d'emploi, devant Fès-Meknès (14,2%), Rabat-Salé-Kénitra (13,7%), l'Oriental (10,4%) et Marrakech-Safi (8,5%). Les taux de chômage les plus élevés sont relevés dans les régions du Sud (21,4%) et de l'Oriental (21,2%), tandis que les plus bas se situent à Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (8,6%), Marrakech-Safi (8,7%) et Souss-Massa (9,9%). Un marché encore en quête d'équilibre Le taux d'activité recule légèrement, à 43,3%, contre 43,6% un an auparavant. Les hommes affichent un taux de 68,1% et les femmes 19,1%, un niveau particulièrement faible qui illustre la persistance des freins à la participation féminine au marché du travail. Les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et de Casablanca-Settat présentent les taux d'activité les plus élevés (46,6%), suivies de celles du Sud (45,9%) et de Fès-Meknès (43,5%). À l'inverse, Drâa-Tafilalet reste à la traîne avec 36,8%, devant Béni Mellal-Khénifra et l'Oriental, toutes deux à 39,7%.