« En 2025, trois pays africains, le Maroc (+100), l'île Maurice (+100) et les Seychelles (+50), figurent dans le classement des destinations accueillant le plus de millionnaires ». C'est ce que souligne le "Henley Private Wealth Migration Report 2025", révélant une reconfiguration silencieuse mais stratégique de la mobilité mondiale des grandes fortunes. Le Maroc, bien que marginal dans les flux mondiaux, se distingue ainsi parmi les rares pays africains en position de capter de la richesse mobile. D'après ce document, en 2025, près de 142.000 millionnaires (personnes disposant d'un patrimoine net supérieur à un million de dollars) auront changé de pays. Cette migration mondiale, documentée par le cabinet Henley & Partners, révèle des tendances profondes dans la manière dont les élites économiques choisissent leur base de vie, d'investissement et de protection patrimoniale. Alors que des destinations comme l'Australie, les Emirats arabes unis, Singapour ou les Etats-Unis renforcent leur attractivité, d'autres (Chine, Royaume-Uni, Inde, Brésil, et Afrique du Sud) enregistrent des sorties nettes de fortunes. Les atouts du Maroc Le Maroc, lui, affiche un solde positif de +100 millionnaires entrants en 2025. Avec environ 7.500 millionnaires répertoriés, le pays se classe troisième en Afrique derrière l'Afrique du Sud et l'Egypte, mais devant le Nigeria. Cette progression s'inscrit dans une croissance de 40% sur la dernière décennie, selon les chiffres relayés par plusieurs sources spécialisées. Cette dynamique tient à plusieurs facteurs. Cela concerne la stabilité politique, une ouverture croissante vers l'Afrique subsaharienne, une volonté de positionnement en tant que hub régional, mais aussi des niches attractives comme l'immobilier de luxe, les résidences secondaires, et la relocalisation de certains patrimoines familiaux. Des villes comme Casablanca, Marrakech ou Tanger deviennent ainsi des plateformes pour des fortunes marocaines de retour, ou de résidents étrangers fortunés en quête d'un ancrage discret et stratégique. Toutefois, cette tendance naissante cache aussi de nombreux défis. Le cadre fiscal marocain, bien que stable, n'est pas encore compétitif face aux juridictions « low tax » qui dominent les flux de richesse mobile, estime-t-on. De plus, les infrastructures financières et réglementaires restent perfectibles pour accueillir des clients fortunés internationaux exigeants. Il faut aussi interroger la capacité du pays à retenir ses propres HNWI (High Net Worth Individuals). Les dernières années ont vu plusieurs entrepreneurs, artistes ou sportifs marocains transférer leur résidence fiscale en Europe ou au Moyen-Orient, attirés par des régimes plus souples et une plus grande mobilité financière. Le phénomène ne se limite donc pas à l'entrée ou sortie de fortunes, mais touche à la compétitivité même du pays en tant que place de résidence pour les classes aisées.