Avec la mise en service de 202 MWc répartis sur trois sites, le groupe OCP franchit une étape majeure dans son virage vers les énergies renouvelables. Cette première phase, portée par la plus grande centrale photovoltaïque en exploitation au Maroc, s'inscrit dans une stratégie visant 1,2 GW d'électricité verte d'ici 2027, la décarbonation totale des opérations et une profonde transformation industrielle du groupe. Sur les hauteurs légèrement vallonnées de Khouribga, les panneaux photovoltaïques s'étendent à perte de vue, alignés en rangs réguliers qui tranchent avec le relief minier alentour. Ici se trouve Oulad Farès, désormais la plus grande centrale solaire en exploitation au Maroc, avec ses 105 MWc installés. Elle forme, avec les sites de Benguérir (67 MWc) et de Foum Tizi (30 MWc), un ensemble de 202 MWc entièrement opérationnel, première pierre d'un vaste chantier énergétique engagé par le groupe OCP. Cette mise en service, pilotée par la filiale OCP Green Energy, intervient après l'achèvement, cet été, des travaux et des essais de montée en charge. Les installations ont atteint leur pleine capacité, y compris durant les périodes de forte demande estivale. Le groupe y voit une étape cruciale pour sécuriser son approvisionnement, réduire ses coûts et engager une décarbonation accélérée de son modèle industriel. Le coût de production, annoncé autour de 368 dirhams/MWh, figure déjà parmi les plus compétitifs du marché. Une étape cruciale Hanane Morchid, responsable du développement durable et de l'innovation à OCP, évoque une étape décisive. Elle rappelle que ces trois fermes constituent la première phase du programme solaire de 200 MW engagé par OCP dans le cadre de sa stratégie de neutralité carbone à l'horizon 2040. Ce cap s'accompagne d'un objectif intermédiaire : atteindre, d'ici 2030, l'autosuffisance électrique en décarbonant l'ensemble des émissions directes et celles liées à l'électricité consommée. Cette trajectoire implique la mise en place de 1,2 GW de capacités renouvelables d'ici 2027, annoncées dans le plan d'investissement vert du groupe. Pour elle, la réussite de cette première étape ne tient pas seulement à la mise en service des fermes, mais aussi à la capacité désormais acquise de transporter l'électricité produite vers les installations industrielles. L'énergie générée alimente notamment les infrastructures de dessalement, dont celle utilisée pour les opérations du groupe et la distribution en eau potable de la région d'El Jadida ainsi qu'une partie de Casablanca. Elle souligne également l'intérêt économique du projet. Avec un coût de l'ordre de 0,356 dirham le kilowattheure, ce qui est fortement compétitif, la transition énergétique devient un levier autant durable qu'industriel, permettant de réduire les coûts d'exploitation tout en verdissant les opérations. Un coup d'avance Parallèlement, OCP Green Energy prépare déjà l'étape suivante. Le groupe vient de lancer à Benguérir la première phase de son projet BESS, un système de stockage doté de batteries LFP, une première au Maroc. D'une capacité de 25 MW pour 125 MWh, il devrait entrer en service en 2026. Capable de restituer l'énergie solaire durant cinq heures d'autonomie, il répond à un enjeu central : lisser l'intermittence du solaire pour garantir une alimentation continue lors des heures de pointe et renforcer la flexibilité du réseau. Ce chantier prépare l'extension du programme, qui prévoit une montée à 600 MW dans une première séquence. Une sous-phase de 130 MW est annoncée comme imminente, accompagnée de nouvelles capacités de stockage destinées à soutenir les périodes de forte demande. Cette progression mènera ensuite au déploiement complet du programme solaire pour atteindre les 1,2 GW attendu. Cette transition repose aussi sur une transformation industrielle plus large. Le groupe prévoit de faire passer sa capacité d'engrais de 12 millions de tonnes en 2024 à 20 millions en 2027. Elle est portée par un écosystème intégré d'environ 600 entreprises, susceptible de générer près de 25.000 emplois directs et indirects. OCP entend également produire trois tonnes d'ammoniac vert d'ici 2032, complétant ainsi l'édifice énergétique destiné à soutenir la croissance de ses activités. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO