Président du Cluster MTI Le rail marocain change d'échelle. Portée par l'extension du réseau grande vitesse, la modernisation du matériel roulant et l'implantation progressive de sites industriels nationaux, la dynamique enclenchée trouve son point d'orgue au Rail Industry Summit 2025. Une édition charnière qui marque le passage d'une ambition à une véritable politique industrielle du rail. Pourquoi cette 4e édition du sommet de l'industrie ferroviaire marque-t-elle un tournant pour le Maroc ? Cette édition s'impose comme la plus ambitieuse organisée jusqu'ici. Elle réunit 185 exposants, 300 entreprises venues du monde entier et près de 1.400 participants. Une affluence qui traduit un engouement particulier né du lancement, en avril dernier, du programme national de développement ferroviaire, doté de 96 milliards de dirhams. Ce plan, qui s'inscrit dans la dynamique enclenchée depuis l'inauguration de la ligne à grande vitesse en 2018, prévoit l'extension du réseau LGV sur 430 kilomètres, la création de 250 kilomètres de lignes RER autour de Casablanca, Rabat et Marrakech, ainsi que de nouvelles lignes conventionnelles. Il offre une visibilité inédite aux industriels et ouvre la voie à une véritable souveraineté ferroviaire. De plus, le tissu industriel, encore embryonnaire il y a quelques années, se transforme rapidement. Le cluster MTI compte désormais une centaine d'adhérents, contre une cinquantaine auparavant. Le rôle du cluster est d'attirer les équipementiers afin de constituer un écosystème complet autour des grands constructeurs internationaux, qui ne produisent pas l'intégralité des systèmes ferroviaires et ont besoin d'un réseau dense de sous-traitants. Quelles sont les prochaines étapes pour structurer une véritable filière ferroviaire nationale ? Plusieurs implantations industrielles majeures sont déjà actées. Le constructeur Rotem installera une usine à Benslimane, tandis qu'Alstom prévoit d'étendre son site de Fès pour produire pupitres de conduite et transformateurs ferroviaires. D'autres acteurs, tels que Knorr ou Apartek, renforcent leur présence. Parallèlement, une dynamique se développe dans l'ingénierie ferroviaire, avec l'installation de centres dédiés aux études et aux systèmes de transport, notamment ceux d'Alstom et de CSEE. La prochaine étape consiste à honorer le plan de développement dont l'échéance se situe entre 2029 et 2030. Malgré un calendrier serré, les objectifs sont atteignables. Les fondations d'une véritable filière ferroviaire nationale sont désormais posées. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO