Lors de la deuxième journée du Rail industry summit Morocco, Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du Commerce, a livré une vision sans détour du chemin ferroviaire que le Maroc entend emprunter. Localisation accrue, montée en technologie, souveraineté industrielle, le Royaume assume l'ambition de devenir un exportateur de solutions ferroviaires. La quatrième édition du Rail industry summit Morocco s'est achevée dans une atmosphère de mobilisation collective. Plus de 1.000 participants représentant quelque 250 entreprises issues de 20 pays se sont retrouvés au parc d'expositions Mohammed VI d'El Jadida pour mesurer l'évolution d'un secteur qui s'impose progressivement comme l'un des piliers industriels du pays. Dès l'ouverture de la deuxième journée, Ryad Mezzour, ministre du Commerce et de l'Industrie, a donné le ton en affirmant que «le Maroc a fait de l'industrialisation une locomotive stratégique» et que cette locomotive avançait désormais «à grande vitesse, portée par une vision royale claire». Ce ton volontaire a caractérisé l'ensemble des échanges. Il a trouvé un prolongement direct dans la prise de parole du directeur général de l'ONCF, Mohamed Rabie Khlie, venu exposer les contours d'un programme d'investissement qui transforme le réseau ferroviaire et place le Royaume dans une dynamique de longue portée. Une montée en technologie qui devient un choix stratégique Ryad Mezzour a rappelé que la stratégie du Maroc ne repose plus uniquement sur la consommation de technologies importées, mais sur leur maîtrise progressive. Le ministre a insisté sur l'ambition de bâtir une industrie capable de créer davantage de valeur et d'exporter son savoir-faire. Il a expliqué que «le Maroc ne se contente plus de recevoir la technologie, il la maîtrise et l'exporte», une affirmation qui résume la volonté de consolidation industrielle exprimée à El Jadida. Cette trajectoire passe par la localisation et par une meilleure intégration industrielle. Mezzour a évoqué la nécessité de produire au plus près des besoins nationaux afin de renforcer la souveraineté technologique du pays. Il a souligné que la dynamique est engagée et que les premiers résultats apparaissent déjà, même si le chemin reste long. Il a précisé que «maintenant on y est», tout en appelant l'écosystème à poursuivre l'effort en vue d'atteindre une autonomie technique suffisante pour adresser des marchés extérieurs. Un programme d'investissement de dix milliards d'euros porté par l'ONCF Le discours du directeur général de l'ONCF a donné une profondeur chiffrée à cette vision. Khlie a rappelé que le programme ferroviaire structurant lancé en avril 2025 mobilise une enveloppe globale avoisinant les dix milliards d'euros. Cette somme est répartie entre plusieurs volets décisifs qui redessinent l'architecture ferroviaire du pays. Une part importante, proche de cinq milliards d'euros, est consacrée à l'infrastructure et prolonge l'effort engagé avec la première ligne à grande vitesse. Une autre enveloppe, estimée à trois milliards d'euros, est dédiée à l'acquisition de nouveaux trains capables de répondre à l'augmentation prévue de la demande. Le reste, représentant environ 1,4 milliard d'euros, vise la performance du réseau existant ainsi que la maintenance lourde destinée à moderniser les portions les plus sollicitées. Le directeur général a rappelé que la mise en service de la première ligne à grande vitesse avait déjà constitué un tournant. L'expérience accumulée a permis d'élaborer un modèle d'exploitation équilibré. Il a expliqué que cette première étape avait permis «de dégager le droit à payer le matériel roulant et de participer au financement de l'infrastructure». Cette performance renforce la crédibilité du Maroc dans la mise en œuvre de grands projets ferroviaires. Le programme en cours prévoit une extension du réseau à grande vitesse qui passera de 200 à 630 kilomètres. Le trajet entre Tanger et Marrakech devrait être réduit à 2 heures et 40 minutes, une évolution majeure pour la mobilité, le tourisme et l'intégration économique des territoires. Un écosystème industriel qui gagne en cohérence La volonté de créer un écosystème ferroviaire complet a caractérisé l'ensemble des interventions. Mezzour a salué l'émergence du Cluster Moroccan Traindustry qui, en quatre années d'existence, a su réunir un nombre croissant d'acteurs industriels et technologiques. Le ministre a encouragé cet élan, rappelant que les expériences internationales démontrent l'importance de la prise de risque. Il a affirmé que «l'on n'a pas d'autre choix que de risquer si l'on veut rejoindre le groupe des pays industrialisés», une déclaration qui résonne comme un appel à l'engagement. De son côté, le directeur général de l'ONCF a mis en avant la portée structurante de cette mobilisation. Il a expliqué que l'industrie ferroviaire doit désormais s'appuyer sur la formation, l'innovation, la transition énergétique et la résilience des chaînes de valeur. Il a souligné que l'objectif est d'installer une industrie ferroviaire compétitive, capable de créer plus de productivité et de s'inscrire dans une dynamique d'ouverture vers les marchés internationaux. L'ensemble des interventions a confirmé la convergence entre la vision industrielle portée par l'Etat et la feuille de route opérationnelle de l'ONCF. Cette convergence repose sur un socle d'investissements lourds et une volonté affirmée de montée en technologie ainsi que sur une mobilisation croissante des industriels réunis au sein du cluster. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO