Le gouvernement impose désormais une autorisation préalable pour l'importation des huiles d'olive et des dattes. Cette mesure, qui vise à protéger la production nationale face à la concurrence étrangère, intervient dans un contexte de renforcement de la souveraineté alimentaire et de régulation des marchés agroalimentaires. Le Maroc impose des licences à l'importation pour les huiles d'olive et les dattes : une protection assumée des filières locales. Le ministère de l'Industrie et du Commerce vient d'officialiser une mesure réglementaire qui pourrait modifier la donne sur plusieurs segments du commerce agroalimentaire. Trois produits emblématiques, en l'occurrence l'huile d'olive, les mélanges d'huiles d'olive et les dattes, sont désormais soumis à une autorisation préalable pour pouvoir être importés sur le territoire marocain. La décision, signée par le ministre Ryad Mezzour et publiée au Bulletin officiel, constitue un amendement au décret ministériel n°1308.94 du 19 avril 1994 fixant la liste des produits soumis à des restrictions quantitatives à l'import ou à l'export. Cette décision introduit une restriction non tarifaire sur des produits alimentaires très prisés, en particulier lors des saisons de forte consommation comme le Ramadan. Concrètement, le décret n°2756.25, daté du 20 novembre 2025, vient compléter la liste des produits nécessitant une autorisation d'importation préalable en y ajoutant l'huile d'olive et ses fractions, même raffinées, mais non modifiées chimiquement ; d'autres huiles issues exclusivement d'olives, y compris les mélanges avec d'autres huiles; ainsi que les dattes. Depuis la publication du texte ( 11 décembre 2025), donc, tout importateur désireux d'introduire ces produits au Maroc devra obtenir une autorisation du ministère compétent, après instruction du dossier. Ces mesures visent explicitement à mettre en place des restrictions quantitatives à l'importation. Quels impacts pour les opérateurs économiques ? Le choix de ces produits n'est pas anodin. L'huile d'olive constitue l'un des produits agricoles phares du Maroc, avec une production annuelle moyenne oscillant entre 160.000 et 200.000 tonnes. Ce secteur, principalement concentré dans les régions de Fès-Meknès, Marrakech-Safi et l'Oriental, a bénéficié de plusieurs programmes de modernisation à travers les plans «Maroc Vert» puis «Génération Green». Cependant, la concurrence étrangère, en provenance d'Espagne, de Tunisie, d'Italie ou de Turquie, fragilise les marges des producteurs marocains, confrontés à des prix souvent en deçà des coûts de production. Même logique pour les dattes, produit emblématique du Sud marocain. Le pays, malgré une production nationale dépassant les 130.000 tonnes, fait face à des vagues d'importation, notamment de variétés tunisiennes très prisées, qui inondent le marché pendant les périodes de pic, comme le mois de Ramadan. Cette surabondance peut perturber l'écoulement de la production locale. La décision de soumettre ces produits à un régime d'autorisation vise donc à soutenir les producteurs marocains, en limitant la pression concurrentielle, et à valoriser les produits du terroir. Elle permet également une meilleure régulation des flux commerciaux, dans un souci de sécurité alimentaire et de traçabilité. Pour les importateurs, cette nouvelle réglementation signifie qu'ils devront désormais déposer des demandes d'autorisation auprès du ministère, attendre un feu vert administratif, et composer avec une éventuelle modulation des volumes autorisés en fonction de la conjoncture. Cette démarche pourrait générer des retards, des surcoûts logistiques, et exiger une réorganisation de leurs chaînes d'approvisionnement. Du côté des distributeurs, une anticipation plus fine des besoins en stock et un recours accru à la filière locale seront nécessaires. Par cette décision, l'Etat affiche clairement une volonté de réguler l'offre sur le marché national et de rétablir un certain équilibre entre ouverture commerciale et soutien aux filières nationales. Cette politique s'inscrit dans une logique plus globale de renforcement de la souveraineté alimentaire, observée dans plusieurs pays à la suite des crises récentes. Sur le plan international, la mise en œuvre de cette mesure devra toutefois être calibrée avec soin, afin d'éviter tout conflit avec les engagements du Maroc dans ses accords de libre-échange.