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«L'opinion publique et les décideurs, ne sont pas engagés à la hauteur des enjeux»
Publié dans Le Soir Echos le 25 - 08 - 2010


Interview avec Pascale Burger, Directeur du CARI
Quelles sont les causes de la désertification au Maroc ?
La désertification est le processus à travers lequel les terres arides perdent leurs capacités à entretenir la vie, qu'elle soit animale, végétale ou humaine. L'aridité favorise la transformation des sols et accroît la difficulté pour le peu d'eau disponible d'y circuler. Il en résulte une baisse de la vie biologique, de la biodiversité et de tout le processus du vivant qui permet in fine à l'homme et à l'animal d'y vivre. Les causes naturelles comme la faible pluviométrie, la chaleur, la sécheresse, sont la plupart du temps aggravées par les causes humaines comme les mauvaises pratiques agricoles (retournements excessifs des sols, déboisements massifs, utilisation de produits chimiques de synthèse pour fertiliser ou désherber) qui détruisent peu à peu les structures vivantes des sols qui se trouvent ainsi livrés au vent et aux pluies. Pour vous donner des exemples concrets, le déboisement massif de l'Atlas a fortement contribué à la raréfaction des ressources en eau et aux crues qui dévalent des pentes en provoquant l'érosion des sols en aval. Le Souss également voit les impacts de la désertification s'accroître sous l'effet des pompages d'eau excessif et des rabattements des nappes qu'elle engendre. Les changements climatiques, par les pluies torrentielles et les épisodes de sécheresse de plus en plus longs aggravent la désertification. Mais les oasis peuvent constituer des îlots de résistance et de fixation des populations pour peu que les politiques publiques s'y intéressent, comme c'est le cas au Maroc avec la Stratégie nationale de sauvegarde et de développement des oasis, à laquelle le CARI contribue.
Comment peut-on lutter contre l'avancée de la désertification au Maroc?
La désertification intègre des facteurs non seulement biophysiques, mais aussi socio-économiques. Ainsi, pour mesurer les évolutions de la désertification, le couvert végétal directement visible est un indicateur puissant et l'observation par satellite, qui a fait des bonds spectaculaires, devient un outil indispensable. Mais il est nécessaire de constater la présence de vie biologique dans les sols ainsi, bien sûr, que la capacité de ces milieux à supporter des activités humaines. Agir contre la désertification n'est pas d'abord une question de technique même si la technique est indispensable. Il ne s'agit pas que de planter des arbres ou de créer une barrière mécanique mais de renforcer la vie dans les terres et les zones arides. Et cela passe par sensibiliser les habitants et favoriser leur accès à l'information pour rompre leur isolement et les aider à constituer un revenu. Tout cela est aussi important que de planter des arbres que ces populations entretiendront si elles considèrent qu'elles peuvent et veulent vivre ici. Les semences utilisées pour la production en milieu aride doivent, bien entendu, être les plus adaptées localement possible. Il se trouve que ces plantes existent déjà. Regardez ces plantes miraculeuses que sont l'arganier, le dattier, l'acacia qui produit la gomme arabique recherchée dans le monde entier! Les oasis par exemple sont d'une grande diversité de produits de qualité qu'il suffirait de soutenir et de développer avec des labels de qualité à base écologique et sociale.
Les actions individuelles des ONG ou des opérateurs privés ne peuvent pas durablement inverser les tendances si des politiques publiques volontaristes ne sont pas mises en place.
Quelles sont les actions que vous entreprenez au Maroc dans le cadre de votre association ?
Nous sommes impliqués de différentes manières au Maroc et à des niveaux très différents. En matière de lutte contre la désertification, il s'agit avant tout de l'action dans les oasis du sud du pays. Nous travaillons dans la province de Tata avec l'Agence de développement des provinces du Sud. Nous avons, entre autres, introduit les techniques de production de compost à base de palmes broyées, dans la région, afin d'améliorer la fertilité des sols autant à Akka-Foum Zguid et Foum Lahcen. Nous avons également appuyé la multiplication de semences beldi et la commercialisation d'oignons beldi à Foum Lahcen. Nous avons transmis notre savoir-faire en matière de production de plants maraîchers sur couches chaudes à un groupe de femmes à Aglaguel. Dans la province du Tafilalet, le CARI est partenaire de la Direction de l'aménagement du territoire et ses actions portent sur l'introduction du compostage de broyat de palmes pour améliorer la fertilité des sols dans les oasis de Jorf avec «l'Association de lutte contre la désertification», à Goulmima avec l'association «Wifak», à Tinjedad avec l'association «Afdaf». Ces organisations ont des moyens dérisoires mais une volonté formidable. Toutes ces actions ont été soutenues par le co-financement du Maroc et de plusieurs bailleurs de fonds dont le Fonds français pour l'environnement mondial.
Que pensez-vous de la politique de lutte contre la désertification mise en place par le gouvernement marocain ?
Les actions individuelles des ONG ou des opérateurs privés ne peuvent pas durablement inverser les tendances si des politiques publiques volontaristes ne sont pas mises en place. Le Maroc me semble très intéressant dans son approche de la lutte contre la désertification car il a toujours cherché à lier les aspects environnementaux et les aspects de développement, en articulant ses différents plans d'action. Toutefois dans les régions oasiennes où le CARI est impliqué, je suis obligé de constater que la dynamique est encore faible et que l'opinion publique comme les décideurs ne sont pas engagés à la hauteur des enjeux. Pour vous donner un exemple, dans la plupart des hôtels en zone oasienne, les produits frais et les fruits viennent de plusieurs centaines de kilomètres, alors que les touristes sont venus parce qu'il y à des oasis. Les ressources du tourisme sont avant tout les paysages, les hommes et les produits du milieu. Comment se fait-il que l'on ne restitue pas au territoire local la richesse qu'il vous procure? Autre exemple, lorsque des emplois sont proposés dans les projets de développement de ces zones, il est quasi- impossible de trouver de jeunes Marocains prêts à s'investir. Il me semble nécessaire de réaliser des campagnes de sensibilisation de l'opinion publique ou autres actions de communication qui feraient changer les a priori négatifs sur les terres arides et les oasis.
Le CARI, une ONG
Le Centre d'actions et de réalisations internationales (CARI) est une association française investie dans la lutte contre la désertification. Il est accréditée à la Convention des Nations unies de lutte contre la désertification. Depuis peu le CARI est le coordinateur du réseau RADDO (Réseau associatif de développement durable des oasis) qu'il a initié en 2001 pour attirer l'attention des décideurs nationaux sur les risques qui pesaient sur les oasis et sur leur indispensable sauvegarde. Le CARI considère en effet que les oasis sont un bon indicateur de la capacité des zones arides à fixer des populations et à y créer des richesses.


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