Depuis des générations, élèves et étudiants casablancais ont pu poursuivre, et réussir leurs études, grâce aux manuels scolaires de leurs aînés et… un bon rouleau de scotch mais grâce aussi aux livres d'occasion. Tour d'horizon du marché des livres scolaires de seconde main qui s'est déplacé de Derb Ghallef à Derb Sultan. h. hachimi A Derb Sultan, le Bd Beni Mguild regorge de bouquinistes. Ici, on revend des livres scolaires qui ont déjà servi, à bas prix et, si on cherche bien, on peut en trouver très bon état. On trouve des manuels de toutes les matières, de la littéraire aux sciences, en passant par l'orthographe, l'économie ou les langues étrangères, de tous niveaux, du primaire aux études supérieures. Zahra, mère de cinq enfants, vit à Derb Chorfa, tout près de la ruelle où se tient un petit marché de revente des livres scolaires. Pour elle, c'est la meilleure solution car pratique et économique. Depuis dix ans cette mère de famille modeste n'achète à ses enfants que des livres d'occasion qui “n'ont jamais eu aucun impact négatif sur leur scolarité”, affirme-t-elle. “Ces livres que je récupère à bas prix m'aident dans l'organisation de mon budget”, ajoute Zahra, “surtout cette année, où la rentré coïncide avec le Ramadan et l'Aïd ”. Sa fille aînée entre justement en deuxième année scientifique au Lycée Moulay Abdallah, une filière pour laquelle les dépenses en fournitures et manuels sont particulièrement élevées. En cette période de fêtes, Zahra, armée de patience et d'un rouleau de scotch, assure aussi bien la rentrée de ses enfants que les dépenses inhérentes au Ramadan et à l'Aïd. “Je recherche des livres en bon état, pas déchirés, sans pages manquantes et pas trop raturés” explique Zahra. Un livre d'occasion coûte parfois moins de la moitié de son prix neuf, mais il ne faut pas hésiter à faire la tournée des bouquinistes pour trouver le bon exemplaire. Saïd Jerari,19 ans, vient d'être reçu au bac, au Lycée de l'Hermitage de Casablanca. Dénicher et revendre les livres scolaires est son métier. Toute la journée, il fait du porte à porte pour acheter les livres des écoliers et des élèves qui passent en classe supérieure. Depuis quatre ans, son gagne-pain commence toutes les fins d'années, ce qui lui laisse le temps de bien préparer la rentrée. Lui-même en situation financière précaire, le métier qu'il a personnellement exercé durant toute sa scolarité lui permet, aujourd'hui, de continuer ses propres études supérieures, dans des conditions honorables. “Parfois, je double la mise ” avoue-t-il “et certaines familles me donnent carrément les livres car ils connaissent ma situation et savent que c'est un métier utile pour beaucoup de familles”. Quant à la gêne d'arriver à la rentrée avec de vieux manuels, Saïd répond : “Quand on veut, on peut. Moi, ça ne m'a jamais embêté de travailler avec des livres recyclés mais ça ennuie parfois les plus jeunes, les écoliers du primaire, qui préfèrent les livres neufs pour faire du chiqué”, plaisante le jeune homme.