Comment êtes-vous venue à la chanson ? Naturellement. Mon histoire est le fruit d'un cheminement. Depuis ma prime enfance, j'écoutais de la musique, de tous les genres. Ma famille est profondément marquée par la culture musicale. Je retenais sans difficultés les titres que j'entendais et la mélodie. Chanter est véritablement mon âme. Dès qu'une fête était célébrée, en famille ou entre amis, je ne ratais jamais l'occasion d'y chanter. Par la suite, nous avons formé un groupe de jazz avec des musiciens que j'ai rencontrés car j'étais particulièrement passionnée de jazz. J'ai été, de plus, vivement encouragée par mon mari, qui m'a dit qu'il fallait que je me consacre sérieusement à la musique. J'ai alors choisi d'interpréter un répertoire authentique, proche de ce que j'étais : le catalan alguérois. Celui qui représente la région dont je suis originaire, Alguer, en Sardaigne, et auquel j'ai amené une tonalité jazzy.` Que dit votre répertoire ? Il chante le quotidien. Les chansons populaires de ma ville. Les histoires liées à notre île, à la mer, à l'amour, à la nostalgie. Des choses belles et simples, qui peuvent parfois nous sembler sans importance mais qui rythment notre existence. Vous chantez également en catalan espagnol et en portugais. D'où vient votre goût pour ces langues ? C'est mon parcours musical qui me l'a peu à peu imposé. Je ne connaissais pas non plus le catalan de ma région et pourtant, j'ai tout mis en œuvre pour l'apprendre et finalement pouvoir me l'approprier pour le chanter. J'ai appris cette langue en m'inspirant des poètes catalans. Pour ce qui a trait au fado, c'est une musique que j'aime éperdument mais je pense que les artistes portugaises l'interprètent mieux que moi. Même si la musique est universelle et qu'elle n'a pas de frontières. Que représente pour vous de chanter à Manresa, et de plus, en catalan ? C'est un moment chargé d'une grande émotion. Il s'agit d'ailleurs de ma première scène à la Fira Mediterranea de Manresa, qui est un rendez-vous incontournable pour les artistes issus de la Méditerranée. J'ai le sentiment d'avoir proposé quelque chose de nouveau : en mélangeant les sons folks, jazzy autour du catalan, plus souvent associé à une musique plus traditionnelle. Cela est aussi risqué, car c'est une démarche plutôt audacieuse mais le public m'a semblé particulièrement réceptif. C'est là, le plus beau cadeau. Votre voix porte aussi des vocalises arabisantes… Je ne sais pas d'où cela me vient, c'est en moi, cette façon de chanter comme les Arabes et les Africains. J'ai une fascination pour l'Orient. La découverte d'Oum Kalthoum a toujours été un choc sensoriel pour moi. Je rêve de venir chanter au Maroc, je sens que je serai capable de ne plus quitter le pays ! Je pense qu'il y a quelque chose d'oriental en moi.