La session extraordinaire du Conseil national du PJD, tenue les 2 et 3 avril, a accouché d'une série de victoires pour Abdelilah Benkirane. Tirant profit de la conjoncture actuelle, le secrétaire général du PJD a réussi à convaincre les trois démissionnaires du secrétariat générale, Choubani, Ramid et Hammieddine, de revenir sur leur décision et de rentrer dans les rangs. Autre victoire pour Benkirane, la pétition dont les signataires demandaient son éviction a été mise en sourdine. Une fois encore, il doit son salut à la conjoncture. Ce week-end, le PJD a renvoyé de lui l'image d'un parti plutôt uni. Il semble même que la décision du parti de boycotter les marches du 20 février ait été détournée. Le parti de la Lampe aborde, en effet, la prochaine étape avec plus de sérénité, malgré les divergences de vues entre les ténors de cette formation. Seules les écarts de langue de Abdelilah Benkirane sur des sujets sensibles pourraient alors altérer cet ordre qui se profile. La manifestation amazighe Petit bémol dans cette partition synchronisée, la langue amazighe. Le Conseil national a en effet demandé à la direction du PJD de revoir sa position sur cette question. Cette remise en question serait à l'origine du grincement de dents affiché par le Mouvement unicité et réformes (MUR) de Mohamed El Hamdaoui et dont les membres sont considérés comme les gardiens du temple du PJD. La semaine dernière, sous l'impulsion de sa matrice, la direction du PJD a proposé à la commission de Abdellatif Mennouni de doter la langue amazighe du titre de «langue nationale», assorti toutefois de la condition suivante : qu'elle soit écrite en caractère arabe et non plus en Tifinagh. Le Conseil national du parti a toute de suite balayé d'un revers de la main cette position en faveur d'une constitutionalisation de la langue amazighe au même titre que l'arabe. Si cette modification est introduite de manière effective dans la mouture finale des réformes constitutionnelles proposées par le PJD, elle signerait alors la première manifestation des amazighs PJDistes.
