Saâd Dine El Otmani, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, s'est envolé à Tunis pour prendre part à la première réunion des « amis du peuple syrien ». Avant son déplacement, le chef de la diplomatie avait fait part au Soir échos que « l'objectif de cette réunion était d'appuyer une solution politique et non militaire, en convainquant le régime syrien de laisser les ONG humanitaires entrer dans les villes les plus atteintes par la répression ». Passée la réunion de vendredi, El Otmani a confirmé que « la question d'un éventuel armement de l'opposition n'a pas été abordée », encore moins celle d'une intervention militaire. Toutefois, le chef de la diplomatie qatari, Hamed Ben Jassem Al-Thani, a proposé l'envoi d'« une force arabe et internationale » de maintien de la paix. Lors de la même réunion, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a promis un don de 10 millions de dollars pour soutenir l'aide humanitaire en Syrie, tout en appelant au « départ immédiat » de Bachar El-Assad. Le président tunisien Moncef Marzouki, a quant à lui proposé une solution de sortie de crise similaire à celle ayant eu lieu au Yémen. La Russie et la Chine ont préféré boycotter la réunion. Scission de l'opposition syrienne Au final, vu les divergences dans les propositions, les « amis du peuple syrien » ont publié un communiqué évasif, privilégiant « une solution politique ». D'autre part, les « amis du peuple syrien » se sont mis d'accord sur l'augmentation des sanctions contre le régime baasiste. L'autre fait marquant de la réunion : les frictions entre les différents organes de l'opposition syrienne. Si le Conseil national de transition syrien (CNS), soutenu par l'Arabie saoudite et les pays occidentaux, a tenté de rassurer la communauté internationale, par la voix de son président Burhan Ghalioun, en déclarant que son mouvement « représentait et respectait toutes les composantes de la société syrienne ; l'Instance de coordination de la révolution syrienne (ICRS : mouvement dont le noyau est composé d'opposants provenant de l'intérieur du pays) a elle, préféré se retirer de la réunion de Tunis. Ses membres ont justifié leur retrait par le fait que la réunion des « amis du peuple syrien » « n'excluait ni la militarisation de la révolution ni l'ingérence étrangère ». Les membres de l'ICRS ont condamné, dans un communiqué, ceux qui « désignent qui doit représenter le peuple syrien à la place du peuple syrien lui-même », allusion faite à l'influence qu'exercerait l'axe occidento-saoudien sur le CNS de Burhan Ghalioun. Ce, malgré les messages d' « assurances du président tunisien », qui, ajoute le communiqué, « a assuré vouloir traiter avec toutes les parties de l'opposition, sans discrimination ni favoritisme, en promettant qu'une intervention militaire est une ligne rouge à ne pas dépasser, car elle représenterait une menace réelle pour la paix civile et le succès de la révolution pacifique ». Intérêts croisés Le président Marzouki n'a pas tort lorsqu'il dit ne pas vouloir d'intervention militaire. Celle-ci pourrait être d'une conséquence terrible pour toute la région. La crise syrienne est bien différente des révolutions ayant eu lieu dans le monde arabe. Les intérêts croisés des puissances régionales et étrangères y sont stratégiques. Par conséquent, les pays occidentaux (Etats-Unis, France), poussés par l'Arabie saoudite, semblent définitivement rêver d'une intervention militaire ; alors que l'Iran et le Hezbollah, qui voient en le régime de Damas un allié indéfectible, craignent pour leur survie. Les Chinois et les Russes, quant à eux, ne cessent de vouloir affirmer leurs ego sur la scène internationale. L'opposition reçue par Benkirane Mardi, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane avait reçu les deux principales factions de l'opposition syrienne, le CNS et l'Instance de coordination de la révolution syrienne. Reçus au siège du PJD à Rabat, les deux mouvementsont été accueillis séparément par le chef de l'exécutif, accompagné de son bras droit Abdellah Baha. Contacté par Le Soir échos, le ministre de la Communication déclarait que « la rencontre entre dans le cadre de la politique de rapprochement entre l'opposition syrienne et le Maroc ».