En l'espace de deux journées, (14 et 15 mars) l'hôtel Sofitel Jardin des roses de Rabat s'est métamorphosé en véritable petite Asie, à l'occasion du forum Maroc-Asie des affaires, mis sur pied par la Fondation diplomatique. Vietnam, Chine, Bangladesh, Corée, Brunei… Des dizaines de stands, ouverts au public, ont exposé les richesses culturelles et gastronomiques de pays asiatiques ayant une ambassade au Maroc. Quelle est l'utilité d'un tel forum ? L'Asie, continent en plein bond en avant, est un rouleau compresseur économique et technologique, et apparaît ainsi comme une niche d'opportunités dans laquelle le Maroc n'a pas encore trouvé sa place. Le manque de connaissances du marché asiatique, et de l'Asie dans son ensemble, en est le principal frein. Inversement, les investisseurs asiatiques ne possèdent pas les clés qui pourraient faciliter leur implantation dans le Royaume. A côté de cela, « il devient indispensable de multiplier les contacts et les opportunités d'investissements entre l'Asie et le Maroc », a lancé Nizar Baraka, ministre de l'économie et des finances. « Le Maroc souhaite se diriger vers une coopération tripartite avec l'Asie, mais aussi l'Afrique subsaharienne ». Un rapprochement timide Aujourd'hui, même si le rapprochement est timide, le Maroc a entamé une opération séduction vis-à-vis de l'Asie. « Plusieurs compagnies asiatiques ont choisi le Maroc pour s'y implanter. Il y a une décennie, les trois quarts des échanges se faisaient avec l'Europe. Aujourd'hui, cette part diminue en faveur de pays asiatiques, en particulier la Chine, la Corée, le Japon et l'Inde », a déclaré Abdellatif Maazouz, toujours attaché à sa casquette d'ancien ministre du commerce extérieur. La Chine, attirée par le Maroc L'objectif, à long terme, est d‘attirer des investisseurs asiatiques au Maroc. Pas de petits containers remplis d'objets en plastique made in China ou made in Korea, mais plutôt de la haute technologie. Approché par Le Soir échos, Chris C.Y Chung, président de Samsung Electronics Maroc, a confirmé ce souhait. « La société Samsung est une compagnie fortement orientée vers les nouvelles technologies, et nous pouvons faire bénéficier le Maroc de notre expertise en la matière, et les sociétés partenaires des meilleures pratiques que nous maîtrisons. Nous pouvons apporter énormément ! » A l'inverse, des sociétés marocaines pourront réussir à trouver une place dans le marché asiatique. Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui. « De plus en plus d'entrepreneurs chinois souhaitent s'installer et investir au Maroc. Nous avons une bonne base de coopération économique et commerciale, mais il reste beaucoup à faire », nuance Xu Jinghu, ambassadrice de Chine au Maroc. Ainsi, « même si nous encourageons les investisseurs chinois à venir au Maroc, il existe une différence de fonds culturels entre nous. Il faut connaître davantage l'environnement où l'on s'installe ». Le Maroc doit donc apprendre à se vendre, et à engager une promotion en sa faveur pour que les investisseurs asiatiques soient attirés par le marché marocain. « L'envie est là. C'est uniquement une question de connaissance du marché », conclut l'ambassadrice de la Chine. Trois questions à Jean-Christophe Bertrand, secrétaire général de la Fondation diplomatique, organisatrice du forum. D'où est venue l'idée d'organiser un tel forum ? L'idée est venue directement des ambassadeurs asiatiques. Au niveau international, la partie politique est maîtrisée, puisque les chefs d'Etat se voient souvent. Seulement, on demande aux ambassadeurs d'avoir une nouvelle mission, qui est plutôt économique. Souvent, des investisseurs asiatiques souhaitent venir au Maroc, sans connaître exactement les chemins et les procédures à suivre. En arrivant au Maroc, ils sont dans un monde différent et sont perdus. Ils ont besoin d'être guidés dans leurs démarches. Que va-t-il résulter de ces deux journées ? A l'issue des deux jours, on souhaite donner des clés supplémentaires pour mieux se comprendre l'un l'autre dans le contexte des affaires, pour essayer d'avancer rapidement vers cet objectif commun. Le dernier jour, une table ronde visera d'ailleurs à imaginer un partenariat d'un nouveau genre entre le Maroc et l'Asie. Ce forum n'est que la première étape d'un long parcours. Le Maroc possède-t-il les atouts pour jouer un rôle de trait d'union entre Asie et Afrique ? Il existe tout un potentiel qui s'ajoute aux accords de libre-échange pour valoriser la plate-forme Maroc. Infrastructures aériennes, portuaires, routières, et une main-d'œuvre qualifiée. Le Maroc est donc bien placé pour devenir à la fois un trait d'union entre l'Asie et l'Afrique, mais aussi l'Europe et l'Amérique du Nord.