Une fois le Bac en poche, la poursuite des études pour les bacheliers issus des établissements de protection sociale n'est pas une évidence. Et pour cause, le coût ainsi que le manque d'information sur les filières constituent des obstacles de taille pour ces jeunes issus d'un milieu précaire, qui bien que méritants, se retrouvent économiquement exclus de l'enseignement supérieur. « L'association est née en 2001 pour répondre à cet état de fait. Pour relancer l'ascenseur social, actuellement en panne, notre idée était d'ouvrir gratuitement aux étudiants brillants la porte des établissements d'enseignements supérieurs privés », explique au Soir échos Mehdi Bouziane, directeur de la Fondation Marocaine de l'Etudiant. Sélection au mérite En partenariat avec l'Entraide nationale, la Fondation permet aux bacheliers les plus brillants issus des établissements de protection sociale (orphelinats, complexes sociaux, Dar talib, Dar taliba ou encore des établissements comme SOS Villages d'enfants) de poursuivre des études, correspondant à leur potentiel et leur envie. « En partenariat avec l'Entraide nationale, organisme de tutelle des établissements de protection sociale, nous sélectionnons les candidats sur des critères de mérite, mais aussi économiques, avec un peu de discrimination positive à l'égard des personnes plus vulnérables à la précarité, comme les orphelins ou les jeunes filles », détaille Mehdi Bouziane. Les bacheliers avec mention ainsi sélectionnés par la Fondation bénéficient d'une inscription gratuite dans un établissement, d'une bourse de vie, ainsi que d'un accompagnement par un tuteur, cadre supérieur ou chef d'entreprise. « Ce mentor permet au jeune d'être accompagné par quelqu'un qui le pousse intellectuellement, et lui donne du temps pour l'orienter et le conseiller », précise le directeur de la Fondation. D'autres besoins, tels que le soutien en langue, le matériel informatique, ou encore les frais de santé, sont également pris en charge par la Fondation, pour accompagner au mieux le boursier. L'objectif final est de créer un milieu favorable à la réussite scolaire de ces étudiants brillants. 346 boursiers En dix ans d'existence, la Fondation a lancé sur les rails de l'enseignement supérieur 346 bacheliers méritants, majoritairement dans les filières d'ingénierie et gestion. 133 ont déjà obtenu leurs diplômes, suivis d'un taux d'insertion en milieu professionnel de 80 %. Quant aux autres, ils sont encore sur les bancs de l'école, en train de préparer peu à peu leur avenir, le plus souvent avec brio. « Il faut souligner que les boursiers méritant constituent les locomotives de leur promo, en se plaçant bien souvent dans les 5 premiers de la classe », nous confie avec fierté Mehdi Bouziane. En 2012, une centaine de nouvelles bourses s'apprête à être attribuée par la Fondation. Mais cette prise en charge de l'association ne répond qu'à une partie des besoins des jeunes issus de la précarité. « Sur notre population cible (les bacheliers issus des établissements de protection sociale sous la tutelle de l'Entraide nationale), en 2011, il y avait 2 600 candidats au Bac, que 1 700 ont obtenu, avec 400 mentions assez bien. Et nous n'avons pu en retenir que 74. C'est-à-dire que nous ne captons que 26 % de la demande », souligne Mehdi Bouziane. Si pour certains, l'ascenseur social se réactive grâce à la Fondation, d'autres restent en revanche encore en attente d'un avenir, porté par l'idée d'égalité des chances.