Les 2e et 3e années de l'Ecole Nationale Supérieure d'Electricité et de Mécanique (ENSEM) de Casablanca boycottent les inscriptions depuis le 28 septembre. La modification du règlement intérieur serait à l'origine de ce conflit. Le siège de l'ENSEM sur la route d'El Jadida à Casablanca. «Nous, élèves ingénieurs de 2e et 3e année à l'ENSEM, avons décidé de boycotter la rentrée universitaire, car au mois de juillet notre bureau a envoyé une lettre au ministre de l'enseignement supérieur, Lahcen Daoudi, afin d'exposer les difficultés auxquelles nous sommes en proie, notamment celles liées à la formation continue et aux masters que l'école propose. L'administration n'a pas apprécié notre geste et a fait édicter un nouveau règlement pour se venger» peut-on lire dans le communiqué que le BDE de l'ENSEM a envoyé au Soir échos. Les étudiants évoquent un favoritisme au niveau de certaines matières et refusent le nouveau règlement devenu plus stricte. Fixette sur les 33% Il n'est pas question de s'inscrire, du moment que ce règlement intérieur n'a pas été décidé à l'unanimité. « L'administration nous demande de nous inscrire et de le signer avant de négocier avec nous. C'est inadmissible, nous ne pouvons pas accepter un règlement liberticide » déclare Youssef Outchaibat, Président du bureau des étudiants. Les modifications apportées au nouveau règlement de l'établissement sont relatives aux absences et aux retards, qui ne seront apparemment plus tolérés. « Avant, nous avions une marge de 33% d'absence à exploiter dans le cadre de l'autoformation et des activités parascolaires. Maintenant, nous n'y avons plus droit » se plaint un étudiant boycotteur. Et un professeur de rétorquer : « Je me demande pourquoi ils s'attardent sur ce ridicule droit d'absence. Ils habitent tous à l'internat. Ces absences et ces retards sont tout simplement inadmissibles ». L'administration gardera le nouveau règlement « Cette histoire de règlement est un problème purement pédagogique. D'ailleurs, l'ENSEM ne favorise aucune filière » nous révèle le directeur de l'établissement, Hicham Medromi. Depuis 2007, l'administration et le corps professoral ont remarqué que la marge d'absence réduisait la formation de 3 ans à 2 ans. « Depuis 2007, les professeurs se plaignent des absences. Le problème a d'abord été constaté à l'internat, où les dérapages et la débauche étaient devenus très fréquents. Nous avons changé le règlement pour remettre de l'ordre et du bon sens » poursuit-il. Les étudiants ont évidement rouspété contre cette mesure. « La direction avait l'intention de modifier le règlement bien avant la rentrée, parce qu'elle le jugeait trop laxiste » précise un responsable. « Le conseil d'établissement s'est tenu en présence des professeurs, de la direction et des représentants d'étudiants. Le règlement a été voté à l'unanimité. Outchaibat était le seul à s'y opposer » nous dit le directeur. Ce dernier, également président du conseil de l'établissement, a proposé une commission spéciale pour revoir cette opposition et reconsidérer les propositions du BDE. « Les étudiants préfèrent signer l'ancien règlement alors que la commission leur propose de discuter le nouveau article par article» énonce Medromi. Les enseignants pour leur part demeurent catégoriques : il y a trop d'absences, le nouveau règlement est sans appel. « Le Bureau des étudiants ne comporte qu'une dizaine de membres. S'ils veulent vraiment parler de Démocratie, essayons de voir si tous les étudiants sont d'accord sur l'actuelle présidence... » nous glisse un enseignant ayant requis l'anonymat. Hier à 10h00, une réunion urgente avec les parents d'élèves a été tenue à l'ENSEM. L'après midi, un énième conseil d'établissement a été tenu pour rediscuter de ce boycotte. « Le président de l'université Hassan II a été clair avec eux. Il leur a conseillé d'oublier les 33% de marge d'absence et de négocier des revendications plus intéressantes» affirme le directeur. « Malheureusement, poursuit un professeur, ces étudiants sont de mauvaise foi. Qu'on leur accorde les 33% ou pas, ils ne reprendront les cours qu'après Aïd El Adha. Normal, ils finissent leur programme en février... ». * Tweet * *