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La politisation de la religion: obstacle à la sécularisation en Terre musulmane?
Publié dans Le Soir Echos le 18 - 03 - 2013

Une part importante de la controverse qui anime aujourd'hui le débat politique dans les pays touchés par le printemps arabe a pour origine les incertitudes qui entourent le processus de sécularisation et de démocratisation des régimes politiques. En effet, l'arrivée des islamistes au pouvoir a actualisé le débat sur le rapport politique /religion et a en même temps donné lieu à des interrogations sur la nature de la relation que les partis islamistes entretiennent vis-à-vis des valeurs dites de «modernité». La polémique autour de la sécularisation des sociétés arabo-musulmanes oppose aujourd'hui deux courants distincts: les laïcs qui pensent que le dogme islamique est fondamentalement un obstacle à la sécularisation comme à la laïcisation et, les islamistes qui se posent en défenseurs de la communauté musulmane. Le clivage Laïc/Islamiste est particulièrement vivace et contribue à accentuer la conflictualité et la violence politiques. Compte tenu de la place occupée par la religion dans la vie politique arabe, un détour par l'histoire est nécessaire pour comprendre les origines de la politisation de la religion. Depuis la mort du prophète Mohamed et les quatre ‘‘Califes bien guidés'' (al-Khoulafa' a-Rachidoun), les rapports entre les régimes politiques arabes et l'Islam, ont toujours été marqués par une volonté d'instrumentaliser la religion, voire la subordonner à la logique étatique à travers ce que Raymond Aron a qualifié de primat du politique. Leur objectif est d'exercer soit un véritable contrôle sur elle, soit en faire un réservoir de légitimité au service de leurs actions politiques. Le crédit dont la grande partie des dirigeants politiques arabo-musulmans disposent ne pourrait s'expliquer par la seule légitimité constitutionnelle ou élective. Leur autorité repose essentiellement sur des éléments beaucoup plus intangibles liés à la manipulation de symboles religieux et à la monopolisation de l'interprétation du discours religieux qui, ce faisant, devient source de consolidation de leur régime politique. Il en résulte que la logique de la séparation de l'Etat et la religion n'a pas de raison d'être. L'Islam est placé au niveau des mécanismes de légitimation. L'interaction entre religion et politique constitue de ce fait une régularité importante à laquelle
n'échapperaient pas les sociétés arabo-musulmanes. Parce que l'islam déborde le domaine des rapports entre l'homme et la puissance céleste pour accorder une même importance au domaine des rapports sociaux et politiques. En islam, toutes les institutions sociales et politiques sont censées être fondées sur les dogmes religieux et être cimentées par ceux-ci. Cette interprétation de l'Islam a imposé des arrangements pratiques entre l'Etat et la société pour éviter l'éclatement de la société musulmane ou sa dissolution dans une anarchie généralisée. Le processus de formation de l'Etat islamique ne correspond pas à la différenciation de la sphère politique et religieuse. Bien au contraire, les princes arabo-islamiques ont tenté de préserver l'ordre politico-religieux qui désigne ici l'ensemble des relations de pouvoir qui s'exercent dans une configuration institutionnelle particulière. Contrairement aux pays laïques où l'Etat est neutre par rapport au religieux, les Etats autoritaires en terre musulmane s'approprient la religion selon une logique qui confond politique et religion. Cette situation est favorisée par l'interprétation faite par les Oulémas du droit public musulman, en vue de légitimer tel ou tel ordre califal, voire tel ou tel pouvoir, par une nécessité d'obéissance au Calife ou aux rois et présidents. Ce qui explique en grande partie pourquoi la religion n'avait pas joué un rôle dans la sortie de l'autoritarisme. Sur le plan strictement politico- juridique, les règles religieuses ont une fonction de localisation du Pouvoir. Elles détachent le Prince par rapport aux autres organes de l'Etat. Elles l'isolent, pour bien montrer qu'il est le site du Pouvoir, qu'il est le siège de tous les pouvoirs. Parce que le prince musulman est aussi bien le lieu géométrique du ‘‘Pouvoir agissant'', qu'il est aussi partout présent, en tant qu'il partage ou accapare les pouvoirs des autres organes de l'Etat. En effet, le cas des régimes autocratiques arabo-islamiques (Iran, Arabie Saoudite, ...) est, à cet égard, illustratif. Il montre comment l'imbrication du religieux et du politique est telle qu'il n'y a pas lieu de poser la question de leur séparation. Ces régimes politiques n'autorisent que ce qui leur semble conforme à leur définition de la religion et de la politique, et dans la mesure où telle ou telle interprétation ne remet pas en cause les conceptions qu'ils se font de l'exercice du pouvoir. Cela signifie également que, la logique autocratique ne se produit que dans la dépossession des opposants de toute conscience politique et de toute volonté propre, de telle sorte que le tout-puissant centre politique soit le seul point possible d'ancrage politico-social de la vie en société.L'obligation islamique d'obéir à ceux qui sont au pouvoir a encouragé une conception passive de la politique, puis découragé la notion de la politique en tant que participation. Cette tradition a été, selon P.J. Vatikiotis, maintenue également par les autocrates modernisateurs du XIXème siècle. L'idée de la politique et de l'Etat n'a jamais été dynamique. Le politique légitimé dans ses abus par le religieux se fige, et le religieux subordonné au politique se vide de sa substance spirituelle. Or, les mouvements islamistes, comme les régimes autocratiques, mettent également le spirituel au service de visées d'ordre politique. Les deux continuent à vouloir pratiquer la politique dans la religion, cela semble être la raison directe de l'impossibilité de pratiquer la politique sur son propre terrain, c'est à dire dans un domaine qui lui est propre et selon des procédures séculières. Leur identification de la politique légitime au seul périmètre religieux les installe dans des attitudes de conservatisme. Quant aux islamistes modérés, leur mutation idéologique est tributaire d'une stratégie politique prônant la sécularisation formelle de leur discours politique afin de rallier à eux le maximum de suffrages et de se maintenir au pouvoir. L'exercice de pouvoir les contraint à épouser le pragmatisme politique. Il en résulte que la flexibilité de leur identité politique islamique se résume à ce pragmatisme politique qui, bien réel, ne saurait être sous-estimé ni dans son principe ni dans son ampleur. Mais sa prise en compte ne saurait masquer les enjeux de leur projet d'islamisation de la société. On comprend alors que si le programme des islamistes au gouvernement est imprécis, c'est parce qu'il est le fruit de ce pragmatisme politique qui les a pris au piège de la direction des affaires publiques. On le voit aujourd'hui dans le tâtonnement des gouvernements à tendance islamiste au Maroc, en Tunisie et en Egypte. Leur souci de montrer que l'islam politique est compatible avec la démocratie les a enfermés dans une logique défensive et rendant instrumental leur rapport à l'idée de démocratie. Il convient d'ajouter aussi que le jeu contradictoire de ces gouvernements sur les registres de démocratie et de modernité a fait planer le doute sur leur crédibilité. En témoigne la promulgation d'une déclaration constitutionnelle par le président égyptien Morsy en novembre 2012. Cette décision présidentielle a suscité un torrent d'accusations du président et des Frères musulman. On les a soupçonnés de vouloir instaurer une théocratie et d'imposer une dictature islamiste. On ne peut pas envisager la démocratisation ‘'sans une sortie de la société religieuse''. Cette formule est empruntée à Marcel Gauchet qui l'utilise de préférence dans le sens de laïcisation et de sécularisation. Comme l'a bien souligné Ali Kazancýgil, l'analyse de la sortie des sociétés arabo-musulmanes de la religion doit prendre en compte l'individualisation et la démocratisation qui sont “indissociablement associées avec la sécularisation". Ensemble, elles constituent le noyau de la modernité. De ce point de vue, le débat sur la démocratisation des régimes autoritaires arabo-islamiques ne peut être dissocié de sa sécularisation. La sécularité renvoie ici à une perte progressive de la capacité de la religion à travailler le politique. Elle est une condition nécessaire pour favoriser l'accès de la société musulmane à la modernité parce que celle-ci est historiquement fille de la sécularisation. Autrement dit, on plaide pour une dissociation des ordres politique et religieux pour garantir l'autonomie du politique et faire progresser le débat sur la sécularisation en terre d'Islam.

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