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Moulay Hafid Elalamy : L'éveil du prédateur
Publié dans Le temps le 01 - 06 - 2010

Après les assurances, les télécoms et les médias, Mly Hafid Elalamy étend son emprise au secteur de la santé.
On le disait en disgrâce, rasant les murs. La CNIA lui coûterait cher et l'aventure «Les Echos quotidien» un peu trop incertaine et porteuse de risques pour ses affaires. Pourtant, en toute discrétion, le prédateur du business marocain, comme on se plaît à l'appeler dans les milieux d'affaires, continue d'étendre son influence. Moulay Hafid Elalamy vient en effet de réussir en silence un joli coup : il met un pied dans le secteur de la santé en s'offrant la deuxième plus grande usine de production de médicaments du royaume, celle de Glaxosmithkline Beecham (GSK). L'usine qui se situe à Ain Aouda s'étale sur une superficie de 12 000 m2 et réalise un chiffre d'affaires annuel de plus de 530 MDH d'après les données 2009.
Un «accord en or»
L'information qui n'est pas encore rendue officielle, même si le deal a été conclu voilà quelques semaines déjà, a fait l'effet d'une bombe dans le milieu de l'industrie pharmaceutique. Et pour cause, avoir un concurrent de la taille de Moulay Hafid Elalamy n'est pas une nouvelle réjouissante pour le reste des concurrents. Selon les premières indiscrétions, Moulay Hafid Elalamy aurait eu l'usine pour une «bouchée de pain, alors que plusieurs candidats se bousculaient au portillon avec des offres meilleures», selon les termes d'un professionnel du secteur.
Fidèle à sa réputation de fin négociateur au flair aigu, le patron du holding Saham a conclu un «accord en or» avec la firme anglaise. L'usine continuera de fabriquer des médicaments pour son ancien actionnaire devenu du coup son premier client. «Rien qu'en produisant pour GSK, l'usine tournera à 30% de ses capacités», explique un professionnel. Le Groupe Saham compte faire tourner l'usine à plein régime en proposant ses services à d'autres laboratoires nationaux ou internationaux. «Les unités de production des majors internationaux doivent appliquer des normes de qualité on ne peut plus strictes. Il est interdit, par exemple de produire des injectables dans les mêmes chaînes de production que des comprimés», affirme un ancien de Pfizer. Pour GSK, le site de Aïn Aouda n'était plus rentable puisqu'il ne tournait qu'à 30% à 40% au maximum de ses capacités. La crise aidant, la firme a décidé de céder le site. Il faut dire que les coûts de production étaient trop élevés au Maroc. «Importer des médicaments de leur site à Barcelone leur revenait moins cher», soutient ce professionnel.
Une affaire donc en or pour Moulay Hafid Elalamy qui en faisant une incursion dans l'industrie pharmaceutique, entre de plain-pied dans le monde de la santé qu'il lorgne depuis pas mal de temps déjà. Selon des sources bien informées, le patron du Groupe Saham s'intéresse particulièrement aux cliniques privées. Si au Maroc, la législation ne permet pas aux non-professionnels de la santé d'investir ce créneau juteux, ce n'est pas le cas en Afrique subsaharienne. Et c'est justement là où le businessman compte investir en attendant une législation plus clémente dans le royaume. Ce qui ne tardera pas à venir. «En étant dans les assurances, le médicament et les cliniques privées, Elalamy va boucler la boucle du secteur de la santé», estime un intervenant du secteur.
Un parcours atypique
Ce nouveau coup de maître entretiendra encore davantage le mythe du «prédateur flairant les bonnes affaires» qui renaît de ses cendres tel un sphinx au moment et à l'endroit où l'on s'y attend le moins et son parcours plein de soubresauts le confirme. L'histoire de l'ascension de Moulay Hafid Elalamy se raconte comme un roman.
Après un bac à la mission française de Marrakech, il plie bagages direction l'université de Sherbrooke au Canada d'où il sort avec un diplôme d'ingénieur en système d'information. Extrêmement intelligent et surtout sachant fréquenter les bonnes personnes, il réussit à décrocher, tout en étudiant, le poste de conseiller du ministre des Finances du Québec. Son diplôme en poche, il met le cap sur le secteur des assurances à la compagnie Saint-Maurice. En l'espace de trois ans, il est bombardé directeur des systèmes d'information de la compagnie. Par la suite, il sera débauché par le groupe d'assurances «Solidarité unique» pour le poste de vice-président. C'est à ce moment là que l'on commence à s'intéresser à lui. Eté 88, il est approché par Robert Assaraf ( alors directeur général du Groupe ONA). En 1989, ce dernier lui présente son président Fouad Filali. Il lui propose de diriger la compagnie africaine d'assurance (CAA). Il accepte et rentre à Casablanca. Au sein du holding royal, le marrakchi gravit les échelons et cumule entre 1994 et 1996 la direction de la Compagnie Africaine et le secrétariat général du groupe. L'ascension fulgurante de l'enfant terrible des assurances prendra fin quand Fouad Filali décide de nommer un directeur général français à la tête du groupe. Ce qui ne sera pas du goût de Moulay Hafid qui claquera la porte avec en poche un maigre pactole de 700.000 DH en stock options (des actions ONA). Il décide alors de s'offrir la société de courtage en assurances Agma à l'époque dans le giron de l'ONA. Sauf que le prix demandé par Fouad Filali aurait pu en dissuader plus d'un mais pas Moulay Hafid Elalamy : 21 millions de dirhams contre 35% du capital. Abdelhak Bennani, alors PDG de l'ex-Wafabank lui ouvre une ligne de crédit pour l'acquisition d'Agma. Ce qui est loin d'être suffisant. Elalamy se tourne alors vers Othman Benjelloun qui lui apporte son soutien. L'affaire tourne bien. En l'espace de six mois, Agma prend de l'allure et absorbe le cabinet SIA (Service International d'Assurance) et s'ouvre à l'international en attirant Marsh, le leader mondial du courtage en assurance et en réassurance. Trois mois après, Agma est introduite en Bourse à 425 dirhams l'action. Moulay Hafid empoche au passage la jolie cagnotte de 125 millions de dirhams de plus-value. Il n'en fallait pas moins pour que le marché crie à la manipulation de cours et au complot entre Fouad Filali et Elalamy. Une enquête sera même ouverte mais ses conclusions n'aboutiront à rien. Cette affaire laissera un arrière-goût amer en haut lieu. En disgrâce, le magnat des assurances s'éclipse pendant des longues années, le temps de faire fleurir son groupe Saham. Mais ce qui le propulsera au devant de la scène encore une fois, c'est la reprise de la CNIA. Alors que Nourredine Omary, alors patron du groupe Banques Populaires, était sur le point de finaliser le deal avec l'actionnaire principal bahreïni Arig, Elalamy lui souffle la compagnie en un tour de main aidé en cela par Attijariwafa bank. Elalamy est de nouveau accepté dans les bonnes grâces des décideurs de Rabat. Et sa cooptation à la tête de la CGEM en juin 2006 en est la preuve. Après trois années à la tête du patronat, Elalamy ne veut pas rempiler pour un second mandat prétextant le fait que sa mission à la CGEM lui prenait beaucoup de temps au détriment de ses affaires. Dans les salons, ce départ de la CGEM est diversement interprété. Commence alors une traversée de désert pour le patron de la CNIA. Il développe son groupe et décide de se lancer en propre dans les médias, après avoir fait partie des actionnaires historiques de l'Economiste et un moment de la Vie Eco. Il lance « Les Echos Quotidien » et envisage de constituer un grand groupe de presse. Le marché met de côté la dimension business de cet investissement et y voit une stratégie de Mly Hafid Elalamy de construire un « bouclier médiatique » contre de futures attaques provenant de ses adversaires dans les affaires. En étendant aujourd'hui son influence au secteur de la santé, Mly Hafid Elalamy confirme définitivement son statut de prédateur, en quête permanente de nouveaux business.
Ihssan Machkour
Le groupe Saham
En l'espace de 10 ans, Moulay Hafid Elalamy a bâti un empire de bric à brac diront certains, tant les secteurs sont différents et les synergies parfois inexistantes. Mais c'est loin d'être le cas. «Le génie de Elalamy, c'est acheter, restructurer, développer et vendre», explique un businessman. Il se lance d'abord dans les call center avec Phone assistance, il se tourne par la suite du côté de la distribution. Prêt-à-porter, gadgets, accessoires, tout y passe. Il tente même l'aventure des start-up au moment de la bulle Internet et prend des actions dans le capital de Cap Info L'éclatement de la bulle Internet fera capoter son projet. Pour certains observateurs, le génie de Moulay Hafid Elalamy est d'investir des créneaux nouveaux, là où le gain est rapide. Peu importe la synergie, il faut juste maintenir un dosage équilibré entre les pôles. Ce qui explique sa récente incursion dans le monde des médias et maintenant dans la santé.


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