Le Parisien de Casablanca, dernier roman de Bernard Van Bever, raconte l'amour sans clichés. Lecture. «Et si je pouvais vivre une belle histoire d'amour avec cette fille que je n'ai croisée que le temps d'un regard ?». Il aura suffi d'un regard, d'un instant pour que Bernard Van Bever se lance dans une histoire qu'il imagine telle une idylle qui durera plus de quatre ans. Son décor ? Une Casablanca bien actuelle, ayant pris conscience que les solutions à son mal-être ne sont pas ailleurs. Son personnage ? Un parisien BCBG, imbu de sa personne et très porté sur les préjugés et les stéréotypes. Van Bever nous raconte son histoire, ou plutôt celle d'un autre Bernard, qui aurait pris un chemin différent dans la vie, en débarquant dans le Royaume chérifien. En fin observateur et publiciste qu'il est, Van Bever nous dresse un portrait exacerbé mais tellement vrai de la New York marocaine, il en décortique les clichés, prenant le temps de pointer ces petits détails qui font du Maroc ce qu'il est aujourd'hui : un pays qui a réalisé que le bonheur ne résidait pas dans la fuite, mais dans la recherche des solutions au fond de soi. Au fur et à mesure qu'il plante ce décor, Van Bever pousse son alter égo à apprivoiser son Maroc d'accueil, à découvrir des autochtones aimables et éloignés des systématiques portraits en djellaba, tarbouch et sourire de VRP. Difficile de découvrir ce qui importe le plus dans Le Parisien de Casablanca. Serait-ce l'histoire d'un homme qui apprend à se détacher de ses préjugés, celle d'un amour naissant dans la mixité culturelle, l'acceptation des différences de l'autre ou l'analyse des événements qui meublent l'amour naissant entre un Parisien expatrié et une Marocaine originellement en quête d'exotisme européen ? Car pour le fin observateur et analyste qu'est Van Bever, tout compte. Le bonheur dans le vrai Le Maroc est mis à nu dans ses détails les plus profonds. Les personnages, principaux ou secondaires, sont décortiqués, analysés afin d'être mieux acceptés pour ce qu'ils sont. L'idylle est faite de piques, de pièges, de gain de confiance avant de devenir le processus de transformation qui fera du héros un Français ouvert sur le monde, ou plutôt un citoyen du monde devenu casablancais. Ici, les chapitres sont les pages d'un journal intime qui date chaque événement, depuis la mort du roi Hassan II à l'ascension et l'évolution du règne de Mohammed VI, en passant par les événements du 11 septembre, l'Irak et les attentats de Casablanca. Les choses se mêlent et se compliquent pour être mieux réfléchies et l'histoire d'amour devient l'histoire d'une vie. L'auteur ne nous bassine pas de dialogues mielleux et de «je t'aime» à tout bout de champs. Il préfère lancer un appel au réalisme, car ce qui importe le plus n'est pas le «happy end», tout le monde sait comment les choses finissent dans les romans d'amour. Bernard Van Bever nous fait une fleur et nous offre une lecture plus amusante et plus touchante, faite d'amour, d'analyse et de bonne morale, le tout dans un écrin casablancais revisité, mais tellement vrai. Yassine Ahrar