SLOGAN est devenu le centre d'intérêt de tout le monde. C'est désormais une marque déposée. Le soldat Ryan (SLOGAN au Maroc et dans les pays arabes) était un soldat animé de bonne foi, fidèle à des idéaux, convaincu, ayant une abnégation sans faille et un désir profond de défendre la cause de son pays. Mais, chemin faisant, il s'aperçut que la conjoncture, la réalité du terrain étaient loin de ce pourquoi il avait été envoyé en mission. Il fut fait prisonnier et ne pu seul s'en sortir… Ses «mentors» ont décidé d'aller le chercher et de le sauver… SLOGAN est ce que les jeunes du 20 février ont comme capital et comme soldat. SLOGAN c'est «dégage», c'est «monarchie parlementaire», c'est «article 19», c'est «El Fassi dehors», c'est «ONA-SNI out». SLOGAN est devenu le centre d'intérêt de tout le monde, des médias nationaux et internationaux et est devenu une marque déposée et parfois un fond de commerce. Très vite ses «mentors» ont été dépassés par sa célébrité de telle sorte qu'eux-mêmes sont devenus sans trop le vouloir des stars. Nous avons tout d'abord été curieux de découvrir qui étaient ces jeunes et moins jeunes, ces personnes aux allures classiques et non classiques, au verbe basique, à l'intelligence émotionnelle et aux idées simples. On découvre qu'à part le béret et l'écharpe ils ne sont pas des Che Guevara au sens politique du terme, que, à part SLOGAN, ils n'avaient rien de particulier. Candeur et occupation de terrain Au cours de cette semaine, j'ai eu l'occasion de rencontrer des personnes du 20 février et je fus surpris par leur candeur, leur peu de connaissances des tenants et aboutissants de leurs revendications et surtout l'absence de propositions concrètes. J'ai vu des femmes et des hommes maîtrisant très peu leur sujet, sur la défensive, peu enclins au dialogue et parfois à la limite du doute. J'ai eu l'impression que leur fougue était rattrapée par la fatigue, que leurs convictions vacillaient et que leurs armes s'enraillaient et de toutes les façons allaient manquer de munitions. Autant on avait besoin de SLOGAN pour lancer l'offensive, autant arrivés au milieu du champ de bataille les renforts ne sont pas venus. Les partis radicaux avaient besoin d'un soldat téméraire nommé SLOGAN pour lancer une offensive impensable il y a quelques mois. Aujourd'hui ils n'ont plus besoin de lui car par la force des choses ils ont occupé un terrain trop longtemps déserté. SLOGAN s'est retrouvé seul car ses mentors sont aujourd'hui en train de moins l'idolâtrer, de moins lui trouver de vertus et de moins le défendre bec et ongles. Les discours ont changé «Nous n'avons jamais remis en cause le roi, ce que nous voulons c'est l'application de la Constitution actuelle !» «Nous estimons que l'entourage du roi doit rendre de comptes. Nous estimons que les phosphates font partie de la richesse du pays et nous voulons savoir à qui profite cette richesse !!!». On en perd notre latin. Ne disaient-ils pas qu'il fallait une nouvelle constitution ? Savent-ils que l'OCP est une société à majorité étatique, qu'elle emploie des milliers de Marocains et est la principale rentrée en devises du pays au même titre que les transferts des MRE ? La mobilisation n'est plus la même… Seulement dans deux à trois grandes villes. Parce qu'ils n'ont pas su proposer des alternatives concrètes réalistes et réalisables. Parce que les Marocains, jeunes et moins jeunes, se sont mobilisés au travers d'autres mouvements et d'autres initiatives. Parce que la commission en charge de la révision travaille et reçoit les propositions de ceux qui proposent et ne font pas que marcher. Parce que les Marocains pensent qu'il faut donner une chance au processus actuel et décider ensuite. Mais surtout parce que la population qui avait été «surprise» par SLOGAN s'est organisée, l'a encerclé et surtout s'est aperçue qu'il était bien seul avec des principes, des revendications mais sans arguments et sans force de proposition. Baroud d'honneur Dimanche dernier la faible mobilisation était-elle un baroud d'honneur, un dernier soubresaut, une reconnaissance d'un nécessaire repli ? Je ne sais pas mais si c'est le cas je dirais «TOUT CA ET MAINTENANT !?» Avant que le soldat SLOGAN prisonnier ne passe aux aveux ou se fasse condamné, il est temps d'aller le sauver. Non pas parce que nous sommes des vingt fébréristes convaincus et qu'il est leur porte flambeau mais simplement parce que la mission de SLOGAN est salvatrice en elle-même pour tout le monde au Maroc. Nous avons eu besoin de SLOGAN pour aussi constater que nous pouvons être pris au dépourvu à n'importe quel moment. Nous avons eu besoin de SLOGAN parce que nous avons pu constater notre capacité de défense, de contre-attaque et surtout nos points de faiblesse. Enfin nous avons eu besoin de SLOGAN pour que nous puissions nous réorganiser, nous protéger et nous unir pour éviter de telles attaques. C'est à ce titre que nous devons le sauver et lui permettre de vivre décemment parmi les siens. Ces jeunes du 20 février doivent être encadrés, coachés pour comprendre les insuffisances et non pas le diagnostic que nous connaissons tous déjà. Ces jeunes doivent être encadrés pour que leurs idées soient concrétisées en propositions opérationnelles et non pas exprimés par SLOGAN. Ces jeunes doivent être encadrés pour ne pas être un instrument et une arme entre les mains d'extrémistes de tout bord. Qui doit assumer ce coaching ? Les extrémistes dont l'objectif est d'utiliser SLOGAN dans un positionnement politique qu'ils n'ont jamais pu atteindre ? Les partis politiques classiques qui ont cette prérogative dans l'article 3 de la Constitution actuelle et qui devrait être renforcée ? Oui et mille fois oui mais pas n'importe comment et avec n'importe qui. Le «commando» qui doit récupérer SLOGAN doit être expérimenté, compétent, correctement armé et surtout être une équipe ayant une capacité d'écoute et une force de persuasion constructrice. Je souhaite que les partis politiques saisissent cette occasion de montrer une nouvelle fois qu'ils sont légitimes, qu'ils sont essentiels, qu'ils sont nationalistes et qu'ils peuvent être des réceptacles à des jeunes, des cadres et d'autres franges de la population qui n'ont eu de choix que d'envoyer SLOGAN exprimer leur ressenti. Vous avez compris que SLOGAN n'est qu'un mot, une expression transcrite sur des panneaux, des bouts de papiers et des banderoles… Sauvons-le pour que son esprit et la portée de son message soient plus réalistes, plus compréhensibles, plus sereins, moins agressifs, moins revanchards, plus efficients et surtout plus structurant. On ne gagne pas des combats avec des mots ni avec des SLOGANS mais avec une unité, un chef, une tactique, une stratégie. Les responsables gouvernementaux et les partis politiques devraient le comprendre, l'intégrer et agir à cet effet en urgence. Jaâfar HEIKEL Génération Inter-niet ! «Notre refus de participer au dialogue est légitime» Alors que les partis politiques, société civile et syndicats participent aux concertations autour de la nouvelle constitution, les jeunes du 20 février réitèrent leur nenni face à l'appel lancé par la commission de Abdellatif Menouni de contribuer à l'élaboration de la nouvelle constitution. Dans une déclaration au Temps, Mohamed Boudaoua, membre du mouvement du 20 février, estime que le refus de rencontrer la commission nommée par le roi a été décidé suite à des vices de forme mais aussi à cause des lacunes sur le fond. Boudaoua estime qu'il aurait fallu créer une assemblée constituante pour débattre de la nouvelle constitution. Aussi, ajoute t-il, la manière adoptée pour convoquer des jeunes du 20 février consacre le principe de hautes instructions. Pour ce qui est de l'implication des partis politiques au dialogue avec ladite commission, le membre du mouvement estime que les formations politiques jouent le rôle qui est le leur mais que le mouvement des jeunes a le droit d'accepter ou de refuser de participer à un tel dialogue. D'un autre côté, certains commentateurs estiment qu'en adoptant une telle attitude, les 20 fébréristes sèment le doute quant à la leur volonté de contribuer au débat. propos recueillis par M.L