L'opération « Marteau de minuit » contre les installations nucléaires iraniennes de Natanz, Ispahan et Fordow, confirmée par le président Donald Trump le 21 juin 2025, marque un tournant dans la lutte contre la menace nucléaire posée par un régime qui, depuis 46 ans, est le principal commanditaire, financier, promoteur et exécutant direct du terrorisme mondial. L'évaluation par l'administration Trump des capacités nucléaires réelles du régime iranien est soutenue par certaines des voix les plus autorisées, comme le physicien nucléaire David Albright, président de l'Institut pour la science et la sécurité internationale, qui met en garde contre la gravité de la situation et les erreurs historiques qui ont permis à l'Iran de se rapprocher dangereusement de l'arme nucléaire. L'évaluation de David Albright : un avertissement urgent David Albright, l'un des plus grands experts du programme nucléaire iranien, prévient qu'avant les attaques israéliennes du 13 juin, l'Iran pouvait produire de l'uranium de qualité militaire pour 11 armes nucléaires en un mois et 22 en cinq mois. Les attaques ont considérablement affaibli Natanz et Ispahan, mais Fordow, fortifiée sous une montagne, restait une menace. Albright souligne que si l'Iran conserve son uranium enrichi à 60 %, il pourrait fabriquer du matériel pour neuf armes en Albright critique les graves défaillances des services de renseignement occidentaux, qui, depuis 2007, affirment à tort que l'Iran a stoppé son programme nucléaire en 2003. Cette complaisance, aggravée par le désastreux accord JCPOA de 2015 (sous les auspices d'Obama et de l'UE), a permis à l'Iran de se rapprocher d'un « seuil nucléaire » tout en négociant avec l'Occident. Cet accord, qui accordait un allègement des sanctions sans aborder les violations mineures, a galvanisé Israël, qui, incapable de distinguer si l'Iran préparait ou construisait des armes, a opté pour une action militaire. L'Iran : l'épicentre du terrorisme mondial Depuis 46 ans, l'Iran est le principal sponsor du terrorisme, armant et finançant des groupes tels que le Hamas, le Hezbollah, les Houthis et les milices chiites irakiennes (aujourd'hui l'une des principales menaces pour les intérêts occidentaux dans ce pays instable), en plus de perpétrer des attaques directes. Un exemple paradigmatique est le cas du diplomate iranien arrêté en Allemagne alors qu'il se rendait à Paris en 2018 avec une bombe destinée à assassiner des opposants lors d'un rassemblement de masse. Ce n'est qu'un exemple parmi des centaines d'attaques extrêmement graves et des milliers de meurtres. Ce passé de violence, combiné à ses ambitions nucléaires, justifiait l'urgence de neutraliser son programme. Attaque anticipée ou « préventive », et non préventive : légalité et moralité La déclaration du président Trump hier soir à la Maison Blanche et le briefing du secrétaire à la Défense Hegseth et du chef d'état-major interarmées, le général Caine, ont expliqué l'opération Midnight Hammer en détail. Les attaques contre Natanz, Ispahan (30 missiles Tomahawk et deux bombes GBU lancées par un B2) et Fordow (sept B2 et 12 bombes GBU-57) étaient préventives, et non préemptives. Au total, 125 avions de tous types, 75 missiles et bombes de précision, ainsi que le soutien tout au long de l'opération de chasseurs de quatrième et cinquième générations et de sous-marins lance-missiles, protégés par leurs flottes respectives, ont été déployés. Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a expliqué que cette opération confirmait que les Etats-Unis rétablissaient la dissuasion comme élément central de leur stratégie de défense et qu'elle envoyait un message clair aux ennemis et adversaires des Etats-Unis : ils « recherchent la paix » mais n'hésiteront pas à se défendre de toutes leurs forces, en protégeant leur peuple, leurs forces armées, leurs intérêts et leurs alliés. Une attaque « préventive » répond à une menace imminente et vérifiable, comme la capacité de l'Iran à produire des armes nucléaires en quelques semaines, selon Albright et de nombreux autres experts, ou l'AIEA elle-même (rapport du 31 mai 2025), et est donc légale en vertu du droit international. La précision des attaques, utilisant des bombes GBU-57 et des missiles Tomahawk, reflète la volonté de minimiser les dommages collatéraux et de laisser la porte ouverte à la diplomatie. C'est d'ailleurs un point souligné par Hegseth : non seulement la population civile a été épargnée, mais elle n'a même pas attaqué les troupes iraniennes. Conférence de presse du ministre iranien des Affaires étrangères à Istanbul Le jour même de l'opération « Marteau de minuit », le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a tenu une conférence de presse à Istanbul à l'issue d'une réunion de l'Organisation de la coopération islamique. Son ton, bien que provocateur, était plus prudent que prévu, déclarant que l'Iran « répondra » aux Etats-Unis « mais restera ouvert à une solution négociée ». Reste à voir quelle sera la réponse de l'Iran, qui pourrait être sérieusement contestée, comme l'ont déjà prévenu Trump et Hegseth. L'importance de la précision chirurgicale L'efficacité chirurgicale des frappes est cruciale pour éviter les pertes civiles et les fuites nucléaires. Les bombes GBU-57 et les missiles Tomahawk ont minimisé les dommages collatéraux. Selon l'AIEA, aucune fuite radiologique n'a été détectée. Cette précision empêche le régime de capitaliser sur les souffrances civiles pour galvaniser le soutien national et renforce l'idée selon laquelle l'action était dirigée contre le régime, et non contre la population. La voie diplomatique est toujours possible Les attaques se sont révélées le moyen le plus efficace de faire pression sur l'Iran. La faiblesse de Téhéran, suite à la décapitation du Hezbollah, à l'implosion du régime d'Assad et aux coups portés aux Houthis, devrait le contraindre à abandonner ses positions maximalistes, ce qui reste à voir. Un règlement diplomatique exigerait de l'Iran qu'il abandonne l'enrichissement à 60 %, avec pour objectif d'atteindre 90 %, qu'il autorise des inspections exhaustives de l'AIEA et cesse de soutenir les intermédiaires terroristes, en échange d'un allègement progressif des sanctions basé sur des progrès réels et vérifiables. Scénarios opérationnels et risque terroriste Le plus grand risque réel réside dans les représailles terroristes de ce qui reste de l'infâme « axe de résistance ». Bien que le Hamas soit décimé, le Hezbollah décapité et les Houthis affaiblis, ces groupes conservent leur capacité d'attaque. La chute d'Assad, principal instrument de harcèlement iranien contre Israël, a affaibli le réseau terroriste. Cependant, le réseau de milices terroristes pro-iraniennes en Irak est particulièrement préoccupant. Elles ont démontré leur barbarie et leur mobilité par le passé, en agissant contre les intérêts américains et occidentaux en Irak et en Syrie. De plus, l'Iran pourrait recourir à des attaques terroristes directes, comme il l'a fait par le passé. Certains craignent même l'utilisation de bombes sales contre les Etats-Unis, Israël ou tout autre allié occidental. L'Iran vient d'annoncer la fermeture du détroit d'Ormuz, ce qui entraînera une réponse retentissante, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Non seulement les Etats-Unis, mais aussi l'Arabie saoudite, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Qatar ne peuvent tolérer une telle situation. Mais la Chine est encore moins concernée, avec 45 % de son approvisionnement en pétrole transitant par le détroit (ce chiffre atteindra 50 % en 2022). Vingt millions de barils transitent chaque jour par le détroit, dont 84 % sont destinés aux marchés asiatiques. Il semblerait qu'ils aient choisi les mauvaises victimes. Conclusion Les frappes préventives contre le programme nucléaire iranien, menées par Israël et soutenues par les Etats-Unis, constituent une réponse nécessaire à un régime qui conjugue ambition nucléaire et 46 ans de terrorisme. La précision chirurgicale, l'urgence stratégique et la pression exercée sur Téhéran ouvrent la voie à la diplomatie, mais elles requièrent une position ferme de l'Occident. L'Europe doit exprimer publiquement ou en coulisses ses opinions, et la communauté internationale doit soutenir une stratégie combinant pression militaire et négociations pour empêcher un Iran nucléaire et son recours au terrorisme. L'histoire ne pardonnera ni la tiédeur, ni la complaisance, ni l'inaction. *Gustavo de Arístegui est diplomate et a été ambassadeur en Inde, au Bhoutan, aux Maldives, au Népal et au Sri Lanka (2012-2016).