Lors du Choiseul Africa Business Forum 2025, tenu à Rabat, la souveraineté alimentaire s'est imposée comme un sujet central des discussions entre décideurs et acteurs du développement africain. Pour Charlotte Libog, fondatrice du mouvement Afrique Grenier du Monde, il y a urgence à agir : « Notre présence ici se justifie par l'urgence réelle de la souveraineté alimentaire de nos Etats. L'Afrique représente non seulement une partie de la solution à ses propres défis, mais aussi à ceux du monde entier, appelé à nourrir neuf milliards d'individus d'ici 2050. » Selon elle, l'Afrique détient un potentiel capital pour la sécurité alimentaire mondiale, à condition de mieux valoriser ses ressources, ses savoir-faire et ses partenariats. La fondatrice a insisté sur l'importance du numérique, de l'intelligence artificielle et du digital pour transformer la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire. « Ces outils peuvent optimiser la création de richesse sur l'ensemble de la filière et renforcer la compétitivité du continent », explique-t-elle. Charlotte Libog a également salué le rôle de leader du Maroc en matière d'innovation agricole, notamment à travers les initiatives du groupe OCP et les nombreuses plateformes de coopération. « Le Maroc montre la voie, avec des structures solides, une vision long terme et une capacité à fédérer les acteurs autour d'objectifs communs », souligne-t-elle. Mais la transformation agricole passe aussi par un changement social profond. Pour la présidente d'Afrique Grenier du Monde, les femmes africaines sont la colonne vertébrale de la production agricole : « Elles assurent plus de 80 % de la production dans plusieurs pays, mais restent démunies en matière de financement, de foncier et de formation. » Elle plaide pour une autonomisation effective de ces femmes, condition indispensable à la souveraineté alimentaire et à la prospérité durable du continent. L'entrepreneure camerounaise estime qu'il est temps de bâtir un écosystème africain fort, inclusif et connecté, capable de répondre aux défis du continent en matière d'alimentation, d'emploi et de croissance. « Tout est systémique. Nous devons créer un modèle qui relie la souveraineté alimentaire, l'autonomisation des femmes et l'employabilité des jeunes », insiste-t-elle. Dans cette dynamique, la coopération avec le Maroc joue un rôle décisif. Depuis 2018, Charlotte Libog et son organisation collaborent avec des femmes entrepreneures marocaines et le groupe OCP, autour de programmes de formation, digitalisation et inclusion économique. « Nous travaillons ensemble pour l'emploi des jeunes, la valorisation du numérique et la promotion de l'intelligence artificielle au sein des écosystèmes agricoles. Le Maroc est un partenaire engagé, concret et inspirant », conclut-elle.