À Tanger, la clôture de la 17e édition du Forum MEDays a réuni une constellation inédite de chefs d'Etat, de Premiers ministres et de décideurs africains et caribéens, tous portés par une conviction commune : le Sud global n'est plus spectateur — il devient acteur de l'équation mondiale. Dès l'ouverture de la séance finale, le président de l'Union des Comores, Azali Assoumani, a donné le ton : gratitude envers le Maroc, hommage à la vision du Roi Mohammed VI, mais surtout appel à rompre avec les "fractures" qui affaiblissent le monde. Il a salué « un forum devenu un véritable laboratoire d'idées stratégiques » et s'est réjoui de l'adoption de la résolution 2797 du Conseil de sécurité, qualifiée de tournant historique pour la stabilité régionale. Même soutien affirmé du côté caribéen : Sylvanie Burton, présidente de la Dominique, a réitéré « le soutien indéfectible » de son pays à la souveraineté du Maroc sur le Sahara, soulignant que la résolution 2797 « consacre la solution d'autonomie comme base durable et réaliste ». Elle a également salué « un Maroc stable, visionnaire, et pilier de coopération sud-sud ». MEDays devient "un sommet" Le président de l'Institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri, a qualifié cette 17e édition d'« exceptionnelle » : 8 500 participants, 100 nationalités, 300 intervenants, 200 médias accrédités. « Ce n'est plus un forum, c'est un sommet », a-t-il lancé, en insistant sur le rôle central du Maroc dans la transformation du continent et dans la refonte du multilatéralisme. Il a confirmé que la résolution 2797 a été le point d'ancrage politique majeur de cette édition : « Une nouvelle page s'ouvre après cinquante ans de blocage. » Le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, a livré l'un des discours les plus marquants. Tout en félicitant le Maroc pour sa victoire diplomatique, il a décrit un système international « fracturé », où s'accumulent crises géopolitiques, endettement, inégalités financières et dérèglement climatique. Il a posé une question lourde de sens :« Allons-nous laisser l'instabilité définir le destin de l'humanité, ou lutter pour un nouvel ordre mondial fondé sur l'unité et l'amour ? » Il a appelé à une réforme profonde du système financier international et à un multilatéralisme plus équitable. De son côté, le Premier ministre somalien a souligné que l'Afrique et le Sud global ne sont plus demandeurs mais "porteurs de solutions". Pour lui, MEDays démontre que « le Sud doit croire en sa propre puissance » et « parler d'une seule voix » pour peser dans les décisions mondiales. « L'unité est notre force originelle », a-t-il insisté. Souveraineté et modernisation La ministre d'Etat Ilza Maria dos Santos Amado Vaz a rappelé l'urgence pour l'Afrique d'affirmer sa souveraineté — politique, énergétique, numérique, alimentaire — et d'investir dans l'éducation, l'innovation et la transformation digitale. Elle a salué la vision marocaine, « un modèle inspirant pour le continent ». Le ministre de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, Younes Sekkouri a mis en garde contre les dérives des gouvernances modernes. Il a résumé ainsi ce que le Sud doit éviter : punir aveuglément, se contenter de symboles et rester immobile. Pour sa part, le ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, a insisté sur l'importance de replacer l'humain au cœur des décisions publiques : « Les données mesurent des impacts, jamais l'expérience vécue. » Il a appelé le Sud à regarder la réalité en face et à construire un leadership lucide, rigoureux et ambitieux. Un Forum, une seule voix Au-delà des discours, un message central s'est imposé dans cette clôture : Le Maroc est désormais reconnu comme un pilier de stabilité et de coopération Sud-Sud. Comme l'a résumé Brahim Fassi Fihri : « Le Sud global prend désormais son destin en main. Il n'a de leçons à recevoir de personne. » La 17e édition des MEDays s'achève ainsi sur un message rare : la conviction que le monde peut encore réinventer ses équations — et que le Sud n'attend plus, il agit.