La 17e édition du Forum MEDays s'est ouverte à Tanger dans un climat à la fois solennel et résolument tourné vers l'action. Réunis autour du thème « Fractures et polarisation : réinventer l'équation globale », chefs d'Etat, présidents d'institutions, ministres et dirigeants économiques ont livré, dès l'ouverture, une même conviction : il est temps que le Sud global cesse d'être spectateur et prenne sa part dans la refondation de l'ordre mondial. En ouvrant les travaux, Brahim Fassi Fihri, président de l'Institut Amadeus et maître d'œuvre du forum, a donné le ton d'une édition marquée par la clarté politique et la profondeur géostratégique. Il a souligné que le monde traverse une époque de « fractures politiques, sociales et de confiance » et que, dans ce tumulte, « un autre monde s'élève : celui du Sud global ». Devant les chefs d'Etat et de gouvernement présents, il a rappelé la vision constante de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, fondée sur la souveraineté, la résilience et la solidarité, tout en rappelant que la question du Sahara marocain est désormais « consacrée par la résolution 2797 du Conseil de sécurité comme unique voie sérieuse et réaliste ». Il a également mis en avant l'Initiative Royale pour l'Atlantique et la transformation des régions du Sud en véritables hubs d'intégration africaine. Grand Prix MEDays 2025- Adama Barrow, Président de la République de Gambie. Le premier Grand Prix MEDays 2025 a été décerné à Adama Barrow, Président de la République de Gambie. Le Forum salue son leadership et le soutien constant de son pays à la marocanité du Sahara, notamment via l'ouverture précoce d'un consulat général à Dakhla. Dans son allocution, le Président Barrow a insisté sur le rôle du Maroc comme « leader visionnaire du partenariat Sud–Sud » et affirmé que la distinction reçue « n'est pas un honneur personnel, mais celui de tous les peuples africains engagés pour la paix et la coopération ». Pour lui, la résolution 2797 du Conseil de sécurité, « confirme que la paix se construit par le dialogue, le respect et la stabilité ». Grand Prix MEDays 2025- Joseph NyumaBoakai, Président de la République du Liberia. Honoré par le Grand Prix MEDays 2025, le président du Libéria Joseph Nyuma Boakai a centré son intervention sur quatre priorités pour recomposer le rapport de forces : parler d'une seule voix en matière de géopolitique, renforcer la coopération sécuritaire, transformer localement les ressources naturelles (industrialisation et création de valeur) et accélérer l'intégration régionale par les corridors d'infrastructures et les réseaux énergétiques. « Nos richesses doivent d'abord bénéficier à nos peuples », a-t-il martelé, plaidant pour des partenariats fondés sur l'équité plutôt que sur la charité. Le Liberia, partenaire historique du Maroc, a aussi réaffirmé son soutien clair à l'intégrité territoriale du Royaume, symbolisé par l'ouverture de son consulat à Dakhla. MEDays 2025 Award – République Fédérale de Somalie. Le Prix MEDays 2025 a été attribué à la République Fédérale de Somalie, représentée par Hamza Abdi Barre, Premier ministre. Dans son discours il a rappelé que les dysfonctionnements du système international pénalisent « les nations du Sud, victimes des crises qu'elles n'ont pas créées ». Il a salué le leadership du Maroc et affirmé que « la voix du Sud est aujourd'hui plus forte que jamais ». La Somalie a également réaffirmé son soutien ferme à la résolution 2797, consacrant l'Initiative d'autonomie comme unique base crédible pour résoudre le différend artificiel autour du Sahara marocain. La voix caribéenne était portée par le Premier ministre de la Grenade Dickon Mitchell, qui a rappelé que les petits Etats insulaires paient le prix le plus lourd des crises climatiques : ouragans « superchargés », destruction d'infrastructures entières, déplacements massifs. Alertant sur les dégâts causés par les ouragans récents, il a demandé des mécanismes financiers plus rapides et mieux ciblés pour l'adaptation et a souligné l'importance du dialogue Sud–Sud et de la diaspora comme levier de coopération. Pour Chakib Alj, président de la CGEM, le Forum MEDays est l'occasion de rappeler que l'Afrique est devenue un pôle stratégique incontournable. Il a insisté sur les enjeux majeurs notamment l'industrialisation, la transition énergétique, la souveraineté numérique, la sécurité alimentaire et le financement massif des infrastructures. Il a mis l'accent sur le modèle marocain, fondé sur les infrastructures stratégiques (Tanger Med, LGV, zones industrielles, énergies vertes), qui montrent qu'« une Afrique qui investit dans sa jeunesse et ses capacités devient un acteur mondial majeur». Un arc de propositions concrètes Si les diagnostics étaient convergents — fragilités du multilatéralisme, urgence climatique, nécessité d'industrialisation et d'intégration — les orateurs ont aussi présenté des pistes d'action très concrètes : création de fonds d'investissement dédiés au Sud, observatoires pour maîtriser les technologies émergentes, corridors maritimes et terrestres pour fluidifier le commerce intra-africain, et programmes ciblés pour la formation des jeunes. Le message central est clair : face aux fractures mondiales, le Sud — et particulièrement l'Afrique — entend passer de la parole aux infrastructures, des intentions aux projets. Le forum de Tanger se pose, cette année encore, comme l'espace où se définissent les priorités d'un Sud qui veut peser et construire. MEDays 2025 poursuivra ses travaux pendant trois jours, avec des panels consacrés à la transition énergétique, à la souveraineté numérique, à l'agro-industrie et à la finance verte — autant de chantiers que les intervenants ont placé au centre d'une feuille de route commune pour faire de l'Afrique un acteur de premier plan de l'économie mondiale.