À compter de décembre 2025, les enfants orphelins ou abandonnés pris en charge par les établissements de protection sociale bénéficieront d'une allocation mensuelle de 500 dirhams. Une décision actée lors du Conseil de gouvernement du mardi 23 décembre, qui s'inscrit dans le chantier Royal de généralisation du soutien social et marque un tournant pour une catégorie longtemps en marge des politiques publiques. Concrètement, cette aide sera versée chaque mois sur un compte individuel ouvert au nom de l'enfant auprès de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG). Les fonds resteront bloqués jusqu'à la majorité, offrant à chaque bénéficiaire un capital de départ au moment de quitter les structures d'accueil. À raison de 500 dirhams mensuels, le montant minimal garanti atteindra 10.000 dirhams, et pourrait dépasser 100.000 dirhams pour un enfant suivi sur une période de 15 ans, selon les estimations officielles. Jusqu'ici, la sortie des foyers constituait une rupture brutale pour de nombreux jeunes, confrontés à l'absence de ressources, de soutien familial et de repères sociaux dès l'âge de 18 ans. Cette allocation vise précisément à combler ce vide et à sécuriser une transition souvent synonyme de précarité. Cadre juridique clair Le dispositif a été formalisé à travers l'adoption du projet de décret n° 2.25.1064, relatif à l'accès à l'aide exceptionnelle dans le cadre du régime des aides sociales directes. Présenté par le ministre délégué chargé du Budget, le texte s'appuie sur l'article 16 de la loi 58-23 et consacre le droit des enfants orphelins ou abandonnés à une aide autonome. Une avancée majeure qui place ces enfants au rang de bénéficiaires à part entière du système d'aide directe, au même titre que ceux vivant dans un cadre familial, tout en tenant compte de leur vulnérabilité spécifique. Le décret définit précisément les conditions d'éligibilité, les critères d'attribution et les modalités de gestion de cette allocation, tout en précisant qu'elle n'est pas cumulable avec d'autres aides destinées à l'enfance vulnérable, notamment celles liées aux risques de l'enfance ou aux tuteurs d'orphelins de père. Un dispositif numérisé La mise en œuvre de cette mesure sera assurée par l'Agence nationale du soutien social (ANSS), en coordination avec les ministères de l'Intérieur, des Finances et de la Solidarité. Deux plateformes numériques dédiées ont été mises en place : l'une relevant de l'ANSS, l'autre du ministère de la Solidarité, en partenariat avec le Croissant-Rouge marocain. Ces plateformes centraliseront les données transmises par les directions régionales de l'Entraide nationale, permettant un suivi individualisé de chaque enfant bénéficiaire. Objectif ? Garantir transparence, traçabilité et équité dans l'attribution des aides, en rupture avec les pratiques antérieures souvent jugées fragmentées ou peu lisibles. Une reconnaissance institutionnelle d'une jeunesse longtemps invisible et désormais intégrée au cœur des politiques de solidarité nationales.