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Avicenne Les dessous d'un vol organisé
Publié dans L'observateur du Maroc le 14 - 01 - 2011

Mardi 13 janvier 2010, 10 heures du matin. La porte d'entrée principale du centre hospitalier Avicenne est bondée. Un remue-ménage inhabituel annonce la couleur de ce qui suit. Si les blouses blanches traversent facilement ce «barrage», les patients et les familles subissent les abus des agents de sécurité. «Si tu ne t'éloignes pas de cette porte, je te coupe les oreilles et les cloue au mur de l'hôpital !» s'écrie l'un des agents en direction d'un enfant de cinq ans, sous le regard ahuri de sa mère, incapable de bouger le petit doigt. Pour les parents et les malades qui font face à la cruauté des agents, réussir à passer la porte d'entrée d'Avicenne est une première victoire avant de faire face à une situation pas moins catastrophique à l'intérieur. Si les familles désirant rendre visite à leurs proches supportent à chaque fois l'irrespect et les fouilles des agents de sécurité, cette matinée du 13 janvier 2011 est étrangement différente. Plusieurs familles habituées de l'endroit attestent que l'ambiance est curieusement électrique depuis quelques semaines. D'une démarche rapide, médecins, anesthésistes et infirmiers aux traits tirés sillonnent les quatre coins du centre hospitalier et tentent tant bien que mal d'animer leurs visages inexpressifs en fuyant les regards inquisiteurs, en vain.
Retour sur les faits
En s'approchant du service de chirurgie cardio-vasculaire du centre, de curieuses messes basses du personnel et de quelques familles deviennent plus intenses et arrachent l'attention des nouveaux arrivants. Meublant les couloirs, patients et visiteurs suivent soigneusement l'activité exceptionnelle de cette journée et tentent de récolter le moindre détail pour expliquer cette agitation étrange. «Vous voulez savoir ce qui arrive ? Lisez les journaux !», lance une infirmière d'une voix de crieur public à un patient un peu curieux qui lui demande discrètement des détails. Elle s'engage dans un monologue de reproches et d'injures sous le regard amusé des familles présentes. «Faites votre consultation et barrez-vous !», s'écrie-t-elle, comme pour mettre fin à cette discussion indésirable. Cette scène dévoile particulièrement l'état d'âme du personnel sous pression en attendant la fin de ce que tout le monde appelle désormais «le scandale d'Avicenne». Retour sur les faits : le Professeur Wajih Maâzouzi, chef du service de chirurgie cardiovasculaire du Centre hospitalier Avicenne est aujourd'hui accusé de fraude. A la tête du service depuis des années, il est suspendu de ses fonctions en attendant le verdict de l'enquête menée par les services de la Police judiciaire. Pour couronner le tout, la direction du centre décide de fermer le service et d'expulser les malades hospitalisés jusqu'à nouvel ordre. Depuis environ deux mois, le Professeur Maâzouzi subit les foudres de l'opinion publique et des médias qui l'accusent ouvertement de fraude. Le cardio-chirurgien adopte le silence jusqu'à ce qu'il décide, le 11 janvier 2011, de publier une lettre à Yasmina Baddou, ministre de la Santé, afin de réagir à la fermeture du service et aux accusations dont il fait l'objet, sans pour autant rendre compte de sa version des faits.
Un service mort
Une porte fermée à clé accueille tous ceux qui viennent au service de chirurgie cardio-vasculaire. Le patient, après avoir sonné, fait face à la caméra, annoncé le motif de sa visite et attendu la réponse de l'assistante plantée à l'entrée… a droit au même discours que tous ceux qui auront essayé avant : «Revenez après ! Il n'y a pas de consultations». Si le service de chirurgie cardio-vasculaire était autrefois noyé dans le brouhaha des chirurgiens, des visiteurs et des malades, il n'en reste plus que le son trop élevé d'une misérable télévision et les échos des couloirs vides. Entre une salle d'attente froide, une réception austère et une assistante insouciante déplacée du service de réanimation, les chambres aux lits vides et aux anciens meubles rappellent la mort. L'odeur du moisi prend le dessus sur celle de l'éther. Si tout le personnel du service est redéployé, seule une femme de ménage âgée meuble le décor et casse légèrement la tristesse ambiante en poussant la chansonnette. Au fil des heures, une dizaine de patients venus pour une consultation ou une intervention cardiovasculaire, dossiers médicaux en main, sont renvoyés. Face aux questions incessantes des malades, l'assistante est souvent incapable de donner des réponses convaincantes. Elle essuie souvent des injures mais tente tant bien que mal de garder son sang froid… en regardant la télévision. A chaque fois qu'elle ouvre la porte du service, elle s'attend à recevoir de bonnes nouvelles. C'est souvent un spécialiste ou un infirmier du service déployé ailleurs qui vient tâter le terrain et voir où en est l'affaire. «C'est devenu presque tabou de parler de l'affaire du Professeur Maâzouzi, même si tout le monde est au courant», lance un médecin chirurgien du service à l'assistante. Il se rétracte en apercevant des stagiaires à la salle d'attente du service, rebrousse chemin et se dirige vers la salle de jeux pour enfants.
En attendant les résultats
Après la fin d'une série télévisée, l'assistante entame la discussion avec un patient venu déposer son dossier médical et s'engage dans une plaidoirie étrange pour défendre le présumé coupable. «Les grands responsables du service sont innocents. Ce sont «les fourmis» qui ont tout manigancé», explique-t-elle d'une voix inaudible. Les fourmis ? «C'est un coup monté par les petits du service», ajoute la jeune fille. Pour avoir une autre version des faits, nous avons essayé de joindre des spécialistes du service qui ont travaillé avec le Professeur Maâzouzi. Malheureusement, personne ne veut se prononcer avant le verdict de l'enquête. En attendant, le service de chirurgie cardio-vasculaire reste fermé, les patients devant être opérés d'urgence doivent attendre et les médecins chirurgiens du service subissent une grande pression de part et d'autre. En réalisant près de 10 000 opérations durant les 25 dernières années, le centre hospitalier Avicenne n'est pas à son premier scandale, malgré plusieurs prouesses à son compteur. Les résultats de l'enquête sont devraient être révélés dans un mois.


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