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Lutte contre les nuisibles : Comme Israël, le Maroc recourt aux rapaces
Publié dans L'opinion le 21 - 10 - 2021

Utiliser des chouettes pour lutter contre les rongeurs tout en diminuant l'utilisation de pesticides. Une expérience menée au Moyen-Orient qui sera bientôt répliquée au Maroc.
Le Maroc adoptera la méthode israélienne d'extermination biologique à l'aide de chouettes. Ainsi titre le journal « The Jerusalem Post » dans un article publié la semaine dernière. Le média israélien explique que le Royaume rejoint ainsi une initiative qui a fait ses preuves dans plusieurs pays de la région.
Cité par la même source, le Pr Yossi Leshem, ornithologue, membre de la Société pour la protection de la nature en Israël et professeur de zoologie à l'Université de Tel Aviv, explique que l'adhésion du Maroc à ce projet s'est faite suite à sa rencontre, il y a quelques années, avec Pr Imad Cherkaoui, ornithologue et enseignant chercheur à l'Université Ibn Tofail. Le scientifique israélien qui est à l'origine de cette nouvelle méthode de lutte biologique contre les ravageurs précise par ailleurs que ce partenariat a été favorisé après le rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.
Limiter l'utilisation des pesticides
Contacté par nos soins, Pr Imad Cherkaoui confirme les informations du Jerusalem Post : « L'intérêt d'expérimenter cette méthode a débuté en 2018 quand j'avais été invité à participer à un atelier sur la chouette effraie organisé en Jordanie. Des résultats très intéressants ont été mis en avant démontrant qu'il était possible d'utiliser des méthodes basées sur la Nature pour lutter contre les rongeurs qui ravagent les cultures. Cette méthode a également l'avantage de diminuer drastiquement l'utilisation de pesticides et de raticides qui, en plus d'être coûteux, s'avèrent également dangereux pour l'environnement, pour la biodiversité et pour la santé humaine ».
L'ornithologue marocain, qui est également président de l'association Nature Solutions, explique que les agriculteurs israéliens, jordaniens et palestiniens ont été rapidement séduits par la méthode. « L'efficacité de la méthode a fait que de plus en plus d'agriculteurs des trois pays se sont approprié l'initiative et sont actuellement en train d'installer de nouveaux nichoirs par leurs propres moyens », explique Imad Cherkaoui.
Un prédateur nocturne efficace
Les résultats qui ont motivé le scientifique marocain ont été cumulés pendant près d'une décennie. The Jerusalem Post précise que l'expérience avait débuté en 2008, à l'initiative de la Société pour la protection de la nature en Israël, l'Université de Tel Aviv et les ministères de l'Agriculture, de la Coopération régionale et de la Protection de l'environnement.
À ce jour, près de 5000 nichoirs ont été placés dans plusieurs territoires israéliens, palestiniens et jordaniens. « Pour comprendre l'engouement des agriculteurs, il est nécessaire de mentionner que la chouette effraie, qui est le rapace nocturne ciblée par l'installation des nichoirs, est un prédateur qui se nourrit quasi-exclusivement de petits rongeurs. C'est un chasseur nocturne remarquable et efficace : un couple de chouettes effraies et sa nichée peuvent éliminer jusqu'à 6000 rongeurs en 12 mois. Vous imaginez donc l'impact qu'auraient par exemple plusieurs couples installés dans une zone agricole ? », interpelle Pr Imad Cherkaoui.

Entre colombe et chouette
En plus de l'impact positif sur l'environnement et sur le quotidien des agriculteurs, le projet semble également avoir des impacts sociétaux. « Grâce au projet, des scientifiques, des agriculteurs et des associations des trois pays se réunissent régulièrement pour discuter à propos des moyens d'étendre encore plus le projet dans les autres régions et pays avoisinants. C'est ce qui a également mis en évidence le rôle que peut jouer la chouette dans la promotion de la paix », fait remarquer le scientifique marocain.
Pour l'initiateur israélien du projet, ce rôle de symbole de la paix pourrait même bousculer les iconographies préexistantes. « Nous voyons que la chouette remplace la colombe en tant que signe avant-coureur de la paix et prouve une fois de plus que les oiseaux n'ont pas de frontières géographiques », a confié Yossi Leshem au Jerusalem Post. « Une des composantes culturelles du projet s'articule autour de la lutte contre la superstition liée à la chouette. Contrairement aux idées infondées qui en font une annonciatrice de malheur, la chouette est un véritable porte-bonheur. Les agriculteurs qui l'ont côtoyée peuvent en témoigner », conclut pour sa part Imad Cherkaoui.
Oussama ABAOUSS


Participation de la Suisse
La Suisse a rejoint le projet israélien qui vise à favoriser l'utilisation de la chouette effraie pour la lutte biologique contre les rongeurs ravageurs. Connue pour sa neutralité, la Suisse participe à établir une plateforme commune de travail entre les parties prenantes des pays qui participent à l'initiative. Le pays est également impliqué à travers la participation au projet de l'ornithologue Alexandre Roulin affilié à l'Université de Lausanne et considéré comme l'expert mondial de la chouette effraie.

Le vol le plus silencieux
La chouette effraie est un redoutable prédateur nocturne car la nature l'a dotée d'atouts surprenants. Elle est considérée comme l'oiseau qui a le vol le plus silencieux dans le règne animal. Il y a quelques années, des chercheurs allemands sont parvenus à identifier les caractéristiques des ailes de la chouette effraie qui lui permettent de se déplacer sans bruit. Selon eux, la forme et la taille de celles-ci ainsi que la capacité du rapace à les battre très lentement, seraient les secrets de ce singulier atout.
L'info...Graphie
La lutte biologique au Maroc, un chantier ancien et continu

Au vu des impacts potentiellement néfastes sur l'environnement et la santé des produits chimiques et phytosanitaires, les autorités et scientifiques marocains ont depuis longtemps prospecté les possibilités d'utiliser des espèces naturelles pour contrer et contenir les dégâts que peuvent engendrer certains ravageurs ou espèces nuisibles.
Les premières expériences et applications pratiques ont été menées dans les années 60 dans le domaine de l'agriculture et de l'arboriculture. Une des dernières expériences en date dans ce domaine a été menée par l'INRA afin d'étudier la possibilité d'utiliser une espèce de coccinelle pour contrer le ravageur du cactus.
Ce genre de méthode se retrouve également dans la lutte antiacridienne puisque la FAO et les autorités marocaines travaillent en tandem pour favoriser l'utilisation d'un champignon (Metarhizium acridum) dont une souche virulente a démontré son efficacité à contrer les criquets sans représenter d'autres dangers pour l'Homme et la biodiversité.

Contrer les moustiques marocains grâce à un poisson américain

La lutte biologique contre les ravageurs se décline sous différentes formes selon les espèces concernées. Une autre expérience de ce genre a été menée dans la lutte contre la prolifération des moustiques.
Originaire d'Amérique, la gambusie est un petit poisson qui a été introduit au Maroc puisqu'il arrive à décimer les larves de moustiques dans les plans d'eau. Cette expérience a notamment été menée à Casablanca en 2020 quand la société de développement local « Casablanca Baia » avait introduit ces poissons à l'étang d'El Oulfa qui était à l'époque devenu un vivier de prolifération de moustiques.
« Quand il s'agit d'utiliser une espèce introduite d'une autre région du monde, il est important de faire les études d'impact nécessaires pour éviter de favoriser une espèce exotique qui peut potentiellement devenir invasive. Or, au-delà de l'indiscutable efficacité de la gambusie pour décimer les moustiques, le problème, c'est l'absence d'études suffisantes pour évaluer l'impact qu'elle pourrait avoir si elle se retrouvait dans des écosystèmes naturels marocains », explique Pr Oumnia Himmi de l'Institut Scientifique de Rabat.
« La gambusie peut être installée dans des bassins ou dans des fontaines pour décimer les larves de moustique. Il est en revanche fortement déconseillé de l'introduire dans des zones humides naturelles parce qu'elle peut se reproduire rapidement et commencer à décimer les larves d'autres insectes autochtones qui sont importants pour l'équilibre des écosystèmes », prévient la scientifique.

3 questions à Imad Cherkaoui, ornithologue
« L'expérience a prouvé que des couples de chouettes finissent rapidement par s'installer dans les nichoirs »

Ornithologue, enseignant chercheur à l'Université Ibn Tofail et président de l'association Nature Solutions, Imad Cherkaoui répond à nos questions.
- Quelles sont les parties marocaines qui ont manifesté leur intérêt pour expérimenter le projet israélien ?
- Pour l'instant, j'ai rejoint personnellement cette initiative en tant que scientifique marocain. J'agis en tant qu'enseignant chercheur affilié à l'Université Ibn Tofail mais également en tant que président de l'association Nature Solutions qui se spécialise dans la promotion et la mise en oeuvre de solutions fondées sur la Nature. La conjoncture mondiale liée à la pandémie a malheureusement retardé la mise en oeuvre du projet, mais je pense que l'amélioration de la situation sanitaire nous permet actuellement d'envisager de rattraper le retard.
- Est-ce que ce projet implique de faire des élevages de chouettes pour des relâcher dans la nature ?
- Non. Tel qu'il a été mené jusqu'à présent, le projet se limite uniquement à installer des nichoirs dans des zones de présence de la chouette effraie. L'expérience a prouvé que des couples finissent rapidement par s'installer dans les nichoirs puis commencent à chasser dans leur environnement immédiat. Cela dit, un volet du projet se focalise sur l'étude de cette espèce.
Des effraies seront baguées et équipées avec des émetteurs satellites pour nous permettre de mieux comprendre leur dispersion. Nous ferons également des analyses génétiques afin d'étudier les différences et similitudes qui peuvent exister entre les populations de chouettes qui sont au Maroc et celles qui sont dans les pays du Moyen-Orient.
- Où en est la mise en oeuvre du projet au Maroc en ce moment ?
- Nous sommes actuellement en phase de préparation. Nous essayons de déterminer le site pilote dans lequel nous débuterons l'expérience avant de pouvoir l'étendre à d'autres zones agricoles. Le montage de projet qui est actuellement en cours tente également de définir les moyens et possibilités de financements ainsi que les partenariats nationaux et internationaux qu'il sera pertinent d'établir.

Recueillis par O. A.


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