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Reportage : L'insondable détresse des sans-abri face à la vague de froid
Publié dans L'opinion le 31 - 01 - 2023

Chaque année, la vague de froid interpelle sur le sort des sans-abri. Un problème qui nécessite des solutions structurelles et non seulement des campagnes périodiques. Reportage.
Il est 8 heures, les gens s'entassent dans leurs voitures ou se ruent vers les transports communs. Le froid est si glacial que nul ne peut s'efforcer de marcher plus de quelques minutes sans tressaillir. Si les uns ont le luxe de se mettre à l'abri, d'autres sont obligés de vivre avec la morsure du froid. Loin des regards, dans l'avenue de France au quartier d'Agdal à Rabat, Rachid, 66 ans, est allongé à l'entrée d'un immeuble sur une nappe éculée, deux couvertures usées sur le dos. Il grelotte et peine à cacher la souffrance que trahit son visage frêle. Depuis des années, la rue est son seul refuge, comme c'est le cas des autres Sans Domicile Fixe (SDF) qui remplissent les rues, dans l'incapacité de trouver abri contre cette vague de froid qui frappe le pays depuis quelques semaines. En début de matinée, la température peut descendre parfois jusqu'à 4°c, tandis que la nuit est encore plus glaciale. "Le froid est tellement dur que je me réveille à 5h", nous confie Rachid, qui craint que cette vague dure plus longtemps.

Cela fait des années qu'il vit dans "l'espace public", devant les yeux souvent indifférents des passants, dont quelques rares esprits magnanimes lui apportent des vêtements et de quoi manger de temps à autre. "Il y a des bienfaiteurs, que Dieu les bénisse, qui tournent leur regard vers nous, mais la plupart du temps, nous sommes laissés-pour-compte", continue Rachid sur un ton lugubre qui reflète une mélancolie profonde. Son seul réconfort est la chaleur que lui apportent ses compagnons qui forment avec lui une sorte de camaraderie. Pendant la journée, Mourad et Abdelkrim viennent lui rendre visite. Eux, qui gagnent leur vie grâce à la collecte des déchets, parviennent à ramener en fin de journée de quoi manger à leur faim et ne manquent pas, parfois, de partager leur nourriture avec lui, quand ils en ont assez. Sans la solidarité des autres, Rachid ne peut survivre. Il se sent trop faible pour pouvoir travailler et supporter la dureté de la besogne. La vague de froid rend les choses encore plus compliquées puisqu'il lutte juste pour se trouver un endroit assez chaud pour se cacher.

Ces scènes, on peut en voir fréquemment en se baladant dans les boulevards. Partout, au pied des immeubles, devant les boutiques fermées, dans les stations de tram, des miséreux sont allongés par terre et enveloppés d'une couverture qui à peine les réchauffe. Quand la vague de froid bat son plein, chaque année ce problème se pose et on en parle régulièrement... ensuite règne l'indifférence générale. Une solution structurelle semble loin de portée.

Après le durcissement de l'hiver, les autorités ont commencé à bouger. Les autorités locales multiplient les opérations de transfert des SDF vers les centres d'accueil. "C'est une procédure normale et quasi routinière qu'on fait chaque année pendant la vague de froid", nous explique une source au sein de la préfecture de Rabat. " Ce genre d'initiatives est pris dans différentes préfectures partout dans le Royaume", poursuit notre interlocuteur, rappelant que cela se fait avec le concours de la société civile.

En effet, les autorités locales, secondées par les agents auxiliaires, partent à la recherche des SDF dans les rues dans l'objectif d'en ramener le maximum possible, tous ceux qu'ils croisent dans les rues. Comme leurs efforts ne sont pas suffisants, les associations interviennent. Toutefois, cette mission n'est pas aussi facile qu'on peut le croire, nous confie Rachid Lachgar, acteur associatif et président de l'Association "AIDE", qui organise chaque année l'opération "Hiver Chaud" pour les SDF. Notre interlocuteur nous relate les défis que les associations rencontrent sur le terrain.

En effet, il arrive souvent, selon lui, que les sans-abri refusent toute aide et opposent parfois une résistance farouche aux patrouilles. "Parfois, nous rencontrons des hommes violents qui refusent tout dialogue", affirme M. Lachgar, ajoutant que le concours des autorités locales est indispensable dans ce cas. "Les autorités nous fournissent un soutien précieux", a-t-il reconnu, faisant allusion au soutien logistique fourni par les autorités des préfectures. Un effort auquel se joignent aussi les communes qui soutiennent parfois les associations qui en font la demande.

En réalité, ce sont souvent les éléments de la Protection Civile qui sont déployés dans ce type d'opérations qui sont tellement difficiles qu'elles permettent de collecter seulement quatre ou cinq personnes par jour après des heures de patrouille. "Il arrive des fois où les éléments de la Protection Civile se montrent peu réactifs avec nous surtout pendant la nuit, peut-être par fatigue", confie notre interlocuteur.

Rachid Lachgar estime que ce phénomène est d'autant plus poignant quand les femmes se font de plus en plus nombreuses dans les rangs des SDF. On retrouve souvent des femmes alcooliques, des femmes abandonnées par leurs familles, et d'autres qui souffrent de troubles psychiatriques.

Par ailleurs, les SDF pris en charge sont souvent transférés aux hôpitaux avant d'aller vers les centres d'accueil, tellement ils souffrent de problèmes de santé et de manque d'hygiène.

Certains SDF refusent les centres d'accueil !

Cependant, nombreux sont ceux qui refusent d'aller vers les centres d'accueil. Dans ce cas, les équipes déployées leur donnent de la nourriture et des vêtements. Pourquoi une si grande répugnance pour ces centres ? Beaucoup de SFD que nous avons interrogés avouent qu'ils redoutent d'être enfermés dans ces endroits et préfèrent rester libres, quitte à rester exposés au froid. "De toutes les manières, nous mangeons à notre faim", dit avec aplomb Saïd, 56 ans, qui vit près d'un terrain de proximité au quartier Yacoub El Mansour à Rabat. Ce dernier gagne sa vie en faisant la collecte des produits plastiques qu'il vend aux sociétés de recyclage. Ce dernier confie qu'il ne se sent pas à l'aise dans un centre d'accueil et préfère plutôt jouir de sa pleine liberté. "Certes, je manque de nourriture et de vêtements par moments et j'implore l'aide des gens, dont quelques-uns m'en donnent, surtout le vendredi", a-t-il confié.

En effet, il y a plusieurs types de centres voués à l'accueil des SFD. Il y en a ceux de l'Entraide nationale, les centres sociaux d'hébergement des sans-abri, entre autres établissements sociaux. Jusqu'à 2021, 160 centres ont été mis en place pour abriter spécialement les sans-abri à travers le Royaume, selon les données du ministère de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille. 6000 personnes sans-abri y sont accueillies et bénéficient des services et des soins fournis.

Dans certaines villes comme Casablanca, les centres, qui ne dépassent pas une vingtaine, ne sont pas suffisants pour abriter tout le monde, selon plusieurs acteurs associatifs de la capitale économique.

Chaque année, on parle de ce problème pendant l'hiver. Or, le phénomène des SDF dure toute l'année et renvoie à une question qui doit préoccuper toute la société, puisque le fait de trouver quelqu'un abandonné dans la rue n'est que le résultat du manque de solidarité familiale. A cet égard, le ministère de tutelle et les autorités compétentes œuvrent en faisant ce qu'on appelle "la médiation". Près de 4000 personnes ont été rendues à leurs familles grâce à ces mesures d'accompagnement.

Anass MACHLOUKH


Une vague qui frappe fort

Un temps froid avec des températures minimales entre -8 et 3°C et des maximales entre 2 et 14 °C est prévu de dimanche à jeudi prochain dans plusieurs provinces du Royaume, a indiqué la Direction générale de la météorologie (DGM). Ainsi, les provinces d'Ifrane, Taza, Sefrou, Boulemane, Béni Mellal, Azilal, Khénifra, Al Haouz, Midelt et Tinghir seront concernées par ce phénomène avec des températures minimales variant entre -8 et -3°C et des maximales entre 2 et 8°C, a précisé la DGM dans un bulletin d'alerte météorologique (niveau de vigilance orange). Des températures minimales variant entre -3 et 3°C et maximales entre 9 et 14°C sont par ailleurs prévues dans les provinces de Chefchaouen, Al Hoceima, Guercif, Jérada, Oujda-Angad, Taourirt, Figuig, El Hajeb, Fès, Moulay Yacoub, Taounate, Meknès, Khémisset, Khouribga, Chichaoua, Zagora, Ouarzazate, Errachidia, Tata et Taroudant, selon la même source.
Plus de 7000 SDF

Jusqu'à présent, il n'y a pas assez de visibilité sur le nombre exact de personnes sans-abri. Les chiffres officiels datent de 2014. Le Haut- Commissariat au Plan a annoncé un chiffre de 7.226 sans-abri au Maroc, dont 13,3% sont des femmes. Une partie importante de cette catégorie est concentrée dans la région Casablanca-Settat, qui en abrite 24,4%. Dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra, l'Oriental, Marrakech-Safi et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, elles représentent respectivement 13%, 12,9%, 10,8% et 8,7%. Ce phénomène frappe beaucoup plus les couches sociales défavorisées sachant que 60,1% des femmes sans-abri sont analphabètes contre 42,8% des hommes. En général, 45,5% des sans-abri n'ont aucun niveau d'instruction. 32,9% ont un niveau primaire, 19% secondaire et 2,6% ont fait des études supérieures.


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