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Reportage : L'après-séisme comme si vous y étiez [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 21 - 09 - 2023

Les habitants des villages sinistrés tentent d'apprendre à revivre après le choc du séisme, au moment où des initiatives fusent de toutes parts pour leur assurer un logement provisoire de qualité. Reportage.
Cela fait plus d'une dizaine de jours que les habitants de la région d'Al-Haouz tentent d'oublier le macabre souvenir du terrible tremblement de terre qui a changé tragiquement leur vie. Les équipes de secours continuent de chercher les cadavres sous les décombres. Bien qu'il n'y ait plus d'espoir de trouver des vivants, retrouver les corps ensevelis sous les pierres n'en demeure pas moins important pour les familles qui souhaitent inhumer leurs proches.

Alerte maximale
Les efforts se poursuivent. À Marrakech, les autorités ne baissent jamais le niveau d'alerte. Au moindre doute, les équipes cynophiles se déploient là où elles soupçonnent qu'il y a un éventuel cadavre. Les services de police sont régulièrement alertés par les habitants de la cité ocre quand une odeur fétide se propage dans un quartier. C'est ce qui s'est produit au cœur du bâtiment éventré du célèbre restaurant "El Maghreb", où les équipes cynophiles ont déployé leurs chiens pendant des heures en quête d'un cadavre suspecté sous les décombres. Après des heures de fouille, il s'est avéré qu'il s'agissait des restes de morceaux de viandes décomposés. "Toutes les alertes, quel que soit leur degré, sont prises au sérieux", confie un des policiers déployés sur place, ajoutant qu'il faut maintenir l'alerte maximale pour s'assurer que tout doute est dissipé.
Ce genre d'opérations est fréquent. Les familles dont les proches sont disparus continuent de lancer des alertes à la police afin de les retrouver. En revanche, la Sûreté nationale prend avec autant de sérieux les cas des personnes sans abri dont certains ont péri sous les décombres sans que personne ne signale leur disparition.

La vie commode au sein des campements militaires
Loin de Marrakech, où la vie reprend son cours normal, les habitants des villages avoisinants s'adaptent à la vie post-séisme. Le choc est tellement dur que certaines familles parviennent mal à endurer cette épreuve. Mais, cela est moins éprouvant lorsqu'on vit dans un camp militaire où la vie est plus commode qu'ailleurs. A Amizmiz, le camp installé par les Forces Armées Royales au lendemain du séisme abrite plus de 2500 personnes qui sont rassurées de se voir prises en charge par un personnel de haute qualité.
Equipé de 250 tentes, d'un restaurant et d'une boulangerie mobile en plus d'unités médicales capables d'intervenir à tout moment, ce camp redonne espoir à plusieurs familles qui se sont retrouvées dépourvues de logement après le séisme dévastateur. Construit en un temps record (quelques heures après le tremblement, selon un militaire sur place), le campement est la preuve manifeste de l'efficacité de l'Armée en temps de crise. « L'Armée a été l'une des institutions les plus rassurantes lors de cette catastrophe », lâche Mohammed, qui vit avec sa famille dans ce camp.
Entre-temps, plusieurs familles se contentent de se loger sous des tentes installées en plein air. Dans certaines régions comme nous avons pu le constater au village de Tahanaout, la vie dans les campements est moins ordonnée que dans les camps militaires. Là règne une sorte de désordre qui pousse les habitants à se bousculer et à se marcher dessus pour se jeter sur les aides humanitaires.
"Malheureusement, le désordre nous empêche d'accéder facilement aux bénévoles qui apportent les aides alimentaires", nous confie Khadija, 70 ans. A bout de force, elle ne peut pas aller se procurer les vivres quand les voitures des bienfaiteurs arrivent. "Dès qu'elles arrivent, tout le monde se rue sur le coffre et c'est la pétaudière", maugrée Mustapha, bénévole venu de Tanger qui a eu du mal à distribuer équitablement les paquets de vivres à tous ceux qui en ont droit. Ces scènes de désordre sont fréquentes dans plusieurs villages dans la région d'Al-Haouz. Un désordre vite oublié lorsque des associations viennent organiser des spectacles de divertissement. Ce genre d'initiatives se fait de plus en plus dans la région.

Le souci du relogement
Par ailleurs, quoique rassurés de l'affection et de la solidarité que toutes les forces vives de la Nation leur témoignent durant cette épreuve douloureuse, les rescapés restent tout de même dans l'incertitude quant à l'avenir, même s'ils affichent une satisfaction impressionnante et une infinie gratitude. Chaque famille a son cas particulier et chaque cas nécessite un examen approfondi. Nombreux parmi sont ceux que nous avons interrogés occupaient des maisons louées. "Je ne sais pas quoi faire dans ce cas, j'ignore si j'aurai droit aux aides au relogement", s'interroge Ahmed, père de famille qui s'est retrouvé sous une tente après avoir perdu la maison qu'il habitait. Ce dernier est aussitôt rassuré par son voisin qui lui explique que quiconque a été impacté par le séisme sera assisté par l'Etat.
En effet, les autorités locales ont d'ores et déjà commencé à sillonner les villages concernés pour recenser les potentiels bénéficiaires. "L'opération est en cours, toutes les familles concernées seront prises en charge, le recensement prendra du temps mais tout a été fait pour que cela se fasse dans les plus brefs délais", nous explique une source ministérielle proche du dossier. Cette opération de recensement, rappelons-le, est menée par des comités de recensement des ménages. Ce sont eux qui font ce travail sous la supervision de la commission interministérielle mise en place sous Hautes instructions royales. La mission s'annonce minutieuse puisqu'il faut identifier les bénéficiaires et évaluer le montant d'indemnisation en fonction du niveau de dégradation des maisons. À Amizmiz, par exemple, les habitants du quartier Mellah attendent une refonte totale de leur quartier dont une grande partie s'est transformée en champs de ruines.


Trois questions à Elie Mouyal "Il y a des solutions architecturales 100% marocaines pour la reconstruction"
Vous êtes en train de préparer un prototype de bâtiment d'urgence pour loger les populations sinistrées en attendant la reconstruction de leurs foyers. Parlez-nous de cette innovation.

Nous avons pu trouver une solution à l'habitat d'urgence pour les gens qui ont perdu leurs foyers à cause du séisme. J'entends par habitat d'urgence l'habitat de la première année. Après la séquence des tentes, il faut maintenant un logement provisoire plus sûr et plus convivial pour les populations sinistrées. D'où l'idée de "Nouala 2.0", faite par un architecte. Notre objectif est d'avoir un modèle dont on peut partager le plan avec les personnes intéressées. Cette maison est facile à construire dans la mesure où les matériaux utilisés peuvent être trouvés dans les ruines. Là, je parle des rondins, de portes, de fenêtres et de cannes...etc. Ce à quoi s'ajoutent les fils, l'argile, le foin et les pierres qu'on peut trouver facilement. L'innovation consiste dans la mousse polyuréthane qui permet une bonne isolation et donc rend le bâtiment habitable. C'est une mousse transpirante, écologique, semblable à celle qu'on met dans les villas de luxe à Marrakech. En gros, grâce à cet habitat, les familles auront droit à un foyer de 15 mètres carrés où elles pourront s'abriter pendant une année.

Concernant la reconstruction, comme il faut respecter la spécificité architecturale des villages impactés, pour quel modèle faut-il opter ?

Nous sommes prédisposés à aider les gens à reconstruire leurs maisons pour rester chez eux en leur donnant une méthode pour reconstruire à l'ancienne mais avec des normes modernes. Notre rôle en tant qu'architectes consiste à trouver des modèles simples fidèles aux spécificités des villages avec des normes antisismiques. C'est possible bien que ce ne soit pas facile. Il faut se méfier des conceptions modernistes qui privilégient le ciment et les briques. Il faut faire preuve d'innovation.

A quel point ces bâtisses peuvent-elles résister aux secousses et aux aléas climatiques ?

Ce genre de bâtisses a une capacité de résistance importante puisqu'il est conçu de telle sorte qu'il peut braver le vent et les secousses. Cela fait quarante ans que je travaille sur des méthodes anciennes. J'insiste sur le fait que c'est aux familles intéressées de faire le travail à leur manière. Nous allons uniquement les accompagner en leur donnant une assistance technique.

Reconstruction : Rester fidèle au savoir-faire local
La reconstruction des villages est un sérieux défi. En plus de l'effort budgétaire et les fonds qu'il faut rassembler, le gouvernement a l'épineuse tâche de réhabiliter les villages de sorte à préserver leur patrimoine architectural. L'Exécutif, à travers la ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la Ville, Fatima-Zahra Mansouri, se montre conscient de l'importance de préserver les spécificités de ces villages. La ministre n'a pas manqué de faire savoir, dans des déclarations à la presse, que "la culture montagnarde est profondément enracinée et qu'il est essentiel de la prendre en compte tout en répondant aux besoins des résidents touchés par le séisme, lors des travaux de réhabilitation des habitations". Dans cet effort, les équipes chargées de ce programme peuvent compter sur le concours des architectes locaux dont plusieurs ont fait des propositions novatrices dans les médias.
Relogement : Des logements provisoires en attendant la reconstruction !
Après le séisme dévastateur, les populations sinistrées qui ont perdu leurs maisons sont toujours logées provisoirement dans des tentes en attente de la reconstruction de leurs foyers. Une situation anxiogène qui ne peut durer pour plusieurs familles qui craignent la pluie qui se profile à l'horizon. Pour se mettre à l'abri des intempéries, nombreuses sont les familles qui ont eu la chance de se loger dans des maisons dites modulaires. Une sorte de conteneurs équipés d'électricité transformés en logement digne de ce nom. Grâce au travail de plusieurs associations, ce genre d'abri est de plus en plus perceptible dans plusieurs villages impactés. C'est le cas aux environs d'Asni où des associations, telles que celle des ingénieurs de l'Ecole Mohammedia, ont commencé à installer une dizaine d'unités. De l'autre côté, des architectes proposent des modèles alternatifs.
Pour abriter ces familles, ne serait-ce que pendant l'hiver dans de bonnes conditions, Elie Mouyal, architecte et spécialiste de l'habitat traditionnel, propose un modèle de bâtiment intermédiaire conçu selon une méthode de construction participative. Une sorte de « Nouala 2.0 », dont l'architecte, que nous avons rencontré à pied d'œuvre dans son chantier, a dévoilé le prototype pour la première fois à la presse. Convaincu qu'il faut reconstruire les villages sinistrés en respectant leurs spécificités architecturales et en concertation avec les habitants locaux, M. Mouyal propose une méthode traditionnelle avec des normes modernes.


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