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Entretien avec Souad et Ghita Filal, co-auteures de «Stressé Sors ton Joker»: «A l'intérieur du corps, du cœur et du mental, il y a des forces puissantes d'auto-guérison»
Publié dans L'opinion le 13 - 06 - 2014

Souad Filal, psychosociologue depuis trente ans, se consacre à la recherche action et tient un cabinet-conseil en ressources humaines qui intervient auprès des entreprises et des particuliers pour une meilleure gestion du stress et prévention des risques psychosociaux. Sa fille Ghita Filal est psychologue du travail consultante en ressources humaines. Elles sont co-auteures de l'ouvrage «Stressé ? Sors ton Joker» un travail de recherche sur la gestion du stress effectué à partir du vécu et de l'expérience d'un séminaire organisé depuis 2006. Entretien.
L'Opinion: Que pouvez nous dire sur l'origine de votre ouvrage qui s'annonce comme une sorte de manuel pratique d'auto-thérapie ?
Souad Filal : C'est le fruit de quatre années de recherche action qui ont suivi toute une phase de cumul de stress. Ce cumul de stress a été à l'origine de la dépression de Ghita ma fille et co-auteure. Le livre, d'entrée de jeu, présente la genèse de cette dépression. Ghita y explique en détail les divers stress aigus et chroniques qu'elle a subis. Bien que ses fondations étaient solides, éducation équilibrée, milieu social ouvert sur le monde, réussite dans la scolarité, enfance et adolescence heureuse, relations familiales et amicales saines, ça ne lui a pas épargné de vivre cette dépression. D'ailleurs, c'est une des choses qu'on a compris, comme quoi personne n'est à l'abri d'une dépression, et ce malgré un patrimoine positif de vie.
Lorsqu'on est tout le temps sur le qui-vive, car plongé dans la tourmente du stress, et habité par ce qui est arrivé et ce qui risque d'advenir, l'organisme est complètement épuisé de faire l'effort pour s'adapter à la réalité perçue de plus en plus menaçante. Quand on n'a pas la possibilité de se ressourcer, on finit par tomber dans la dépression. Mais la bonne nouvelle c'est que même quand on fait une dépression parfois lourde, il est possible d'en sortir. C'est cela justement l'objet de l'ouvrage qui met en évidence toutes les techniques que nous avons expérimentées par la suite dans le but de mieux piloter le stress au lieu de le subir.
L'Opinion: Comment vous démarquez-vous des coachings et autres PNL, qui proposent monts et merveilles : le dépassement des obstacles, la réussite dans la vie, l'accès au bonheur avec tous les dérapages qui peuvent en être induits sous la poussée du consumérisme et l'effet de mode ?
Souad Filal : Notre approche a été beaucoup plus intuitive au début, s'inspirant de mon expérience en hôpital psychiatrique et en Institut médico-pédagogique. De ce fait, je savais qu'en s'adressant au corps de la personne malade, il y avait plus de chance de la connecter à sa sève de vie, à ses ressources intérieures que si on s'adressait uniquement à son intellect par la parole. En tout cas pour Ghita j'étais convaincue qu'il fallait court-circuiter le langage pour la câbler directement à son corps, qu'il ne fallait plus que je m'adresse à son mental puisqu'il était saturé. Elle était comme «formatée» par toutes ses épreuves et quel que soit l'argument que je pouvais lui présenter, ce ne pouvait être qu'un discours qu'elle n'entendrait pas. Par conséquent, il fallait la reconnecter à une vitalité qui passe par le sensoriel : le nez, les yeux, les oreilles, la bouche, la peau, le goût. Avec ses sens, je l'amenais à explorer diverses situations pour la reconnecter au monde réel immédiat. Par exemple pour les odeurs je lui faisais sentir les huiles essentielles de lavande, romarin, eucalyptus, rose, jasmin, géranium, pin, patchouli... ensuite je les combinais pour qu'elle en devine la composition au fur et à mesure plus subtile.
Ghita Filal : C'est à partir de cela que je me retrouvais concentrée sur l'odeur que je sentais dans le présent et que je décrochais en quelque sorte du mental qui m'emportait loin. Il y avait des odeurs que je reconnaissais pour les avoir connues dans le passé et d'autres que je découvrais...
Souad Filal : La démarche c'est de faire en sorte qu'on se sente vivre ici et maintenant, et qu'on adhère au réel. Parce que pour le cas de Ghita, son esprit divaguait, il fallait le ramener à la réalité concrète. D'autres activités de reconnexion lui étaient proposées : des travaux de jardinage où elle triturait la terre, des activités de cuisine où elle pétrissait le pain, la pate à pizza, le sfouf, des travaux de peinture, de vernissage, de bricolage, des baignades dans l'océan... etc. L'objectif, c'est qu'elle revienne à la maison de son être, que son esprit habite son corps à nouveau au lieu d'aller se perdre ailleurs. Il s'agit là d'un objectif fondamental. Il faut que le corps revive et on ne peut atteindre et stimuler cette vitalité corporelle autrement que par les sens. C'était ça notre trouvaille : reconnaître l'importance vitale d'avoir une prise directe avec le réel, dans l'immédiateté de la vibration. Basée d'abord sur l'intuition et l'observation empirique, notre approche se différencie de la PNL ou du coaching. Elle consiste à ouvrir ce qu'on appelle la cuirasse qui s'est formée pour protéger la personne de ce qu'elle pense être menaçant pour elle. Quand on pense qu'on est menacé on se forge un blindage physique et/ou mental. Malheureusement en se blindant contre ce qu'on pense être menaçant de l'extérieur, on se coupe du même coup de sa propre sensibilité intérieure. Ce qui fait que la personne perd l'appétit, le désir, l'enthousiasme, l'élan de vie, le goût de rire, la légèreté, le sens du beau, de l'empathie, la confiance en soi et en les autres, elle rumine des idées noires...
Ghita Filal : j'avais perdu confiance en moi-même, je n'arrivais plus à m'émerveiller de quoi que ce soit. Au cours des multiples tentatives de reconnexion avec le réel par l'intermédiaire du sensoriel et des activités diverses qui visaient à me libérer de mon mental, parfois je ne voyais pas l'issue et cela me mettait en colère, je demandais pourquoi tout cela, pourquoi m'astreindre à toutes ces activités ?! Mais je finissais par faire confiance et accepter de faire sans être convaincue pour autant. Ce n'est qu'avec la pratique que peu à peu, la reconnexion à ma vitalité s'est opérée et que s'est profilée la sortie du labyrinthe. Toutes ces reconnexions sensorielles, on les a appelées les «tsaheylus», en faisant allusion au film Avatar lorsque les habitants de la planète Pandora se connectent entre eux, ou avec des animaux, des végétaux, grâce à leur longue tresse et arrivent à ressentir, quelque chose de l'ordre de la vibration, qui se passe de mots. C'est la sensation à l'état brut.
L'opinion: Finalement il faut le soutien d'un mentor auquel on fait confiance pour sortir de la dépression ?
Ghita Filal : En effet c'est très important, j'avais l'aide et la proximité de ma mère qui passait plus de temps avec moi vu la nature complice de notre relation, mais j'avais aussi un soutien de mon père très présent. Oui, il faut le soutien de personnes en qui on a confiance pour pouvoir s'en sortir.
L'Opinion: Vous parlez aussi d'auto-guérison, ce qui voudrait dire que la personne même souffrante et affaiblie doit pouvoir se prendre en charge elle-même pour s'en sortir ?
Souad Filal : L'expérience nous a permis de nous rendre compte qu'effectivement les forces d'auto-guérison sont en nous. Le problème, c'est qu'on n'en est pas conscient et on ne sait pas comment les pratiquer. Par conséquent, la première étape de l'auto-guérison, c'est d'être conscient des forces de résilience en nous, les identifier et les reconnaître. La deuxième étape consiste à pratiquer. Régulièrement. C'est pour ça qu'après toute cette expérience, nous avons procédé, par recherche action, de manière à bien identifier en quoi consistent ces ressources. Nous les avons par la suite regroupées en familles. Ressources corporelles, mentales, relationnelles, organisationnelles, énergétiques, spirituelles. Puis nous avons mis au point des exercices pratiques pour s'entraîner à les utiliser. Pour ce faire, nous avons inventé un héros qui symbolise le génie intérieur et que nous avons appelé le Joker.
Cette appellation est due au fait que dans un jeu de cartes, le Joker permet d'avoir plus facilement la combinaison gagnante quelles que soient les cartes entre nos mains. Le Joker nous facilite l'accès au pouvoir d'autoguérison. D'ailleurs à la fin du livre, nous offrons une sorte de jeu de 50 cartes Joker qui reprennent chaque technique en la synthétisant et on y voit le héros, à la fois magique mais en même temps tellement humain, car il se trouve dans des situations de la vie quotidienne, comme tout un chacun.
L'opinion: Façon de dire que tout n'est pas perdu ?
Souad Filal : Oui, tout n'est pas perdu, on peut toujours s'en sortir. Nous avons d'abord repéré quelles sont les cartes Joker qu'il y a en nous et qu'on peut utiliser à tout moment. Nous en avons identifié 50, très puissantes. Nous leur avons donné des noms puisés dans le langage ressource. Le langage ressource est très simple mais son pouvoir évocateur est très fort. Il permet de se connecter immédiatement à la quintessence de ce qu'il évoque. C'est comme une injonction du style « Sésame, ouvre-toi ! » qui permet d'ouvrir le champ de la conscience et d'accéder à notre nature véritable au-delà de la souffrance vécue.
Ghita Filal : En fait, nous sommes parties de notre expérience de l'abîme de la dépression et de ce qui a permis d'en sortir. Et avant d'en arriver au livre, nous avions monté un séminaire pour mieux piloter le stress afin de partager les fruits de notre traversée. L'animation de ce séminaire en entreprise a débuté en 2006 et se poursuit à ce jour. Mais dès 2009, nous avons pensé qu'il fallait en faire quelque chose qui puisse toucher un plus grand nombre de personnes. C'est à partir de là que nous avons commencé à écrire en puisant dans l'expérience vécue et en faisant, parallèlement une recherche documentaire approfondie dans des disciplines complémentaires de neurosciences, biologie, psychologie, ergonomie, art thérapie, spiritualité, développement personnel, approches énergétiques, médecines douces...etc. Car pour mieux maîtriser le stress, il est nécessaire d'adopter une démarche holistique qui englobe une pluralité d'approches. En gros, le travail de maturation a duré quatre ans, parallèlement à l'exercice de notre métier.
L'Opinion: Une des questions qui vient à l'esprit c'est comment convaincre de la pertinence de votre méthode de neutraliser le stress au quotidien ?
Souad Filal : D'abord, il faut qu'on prenne conscience qu'à l'intérieur du corps, du cœur et du mental, il y a des forces puissantes d'auto-guérison qui sont interdépendantes. Par exemple, quand on se coupe la main, tout de suite les cellules se passent le message pour qu'elles arrêtent le saignement et cicatrisent la blessure en un rien de temps, avant même qu'on ait fait quoique ce soit! De la même manière, nous avons dans notre mental des capacités à visualiser positivement la vie. Or souvent, on voit les choses sous un angle négatif.
Ce n'est pas une fatalité ! Il est possible de changer notre système de représentation de la réalité. Il est possible de devenir plus souple, plus libre dans notre manière de penser, de percevoir, d'agir, de parler, de créer, de desserrer les limites imposées par le formatage subi afin de faire éclore nos talents enfouis.
Dans notre corps, il y a des forces de guérison très importantes et qu'on peut doper par une hygiène alimentaire, un bon sommeil, le sommeil est un puissant régénérateur d'énergie, une pratique régulière du sport, un éveil des sens, des massages, de la relaxation, de la musique, des techniques énergétiques comme le Chi Qong, le Do In qui est un auto-massage qui met en forme... Nous pouvons également par la seule force de notre esprit convertir toute expérience à priori négative en opportunité de grandir.
Grâce à la pleine conscience que nous apprenons à cultiver moment après moment, nous pouvons réussir à adopter une manière d'être éthique qui préserve toute manifestation de vie humaine, animale, végétale. Nous pouvons apprivoiser nos multiples peurs, lâcher prise et vivre plus relié à des ancrages positifs. Oui, grâce à la neuroplasticité cérébrale, nous pouvons rééduquer notre esprit à tout âge !
Ghita Filal : Parmi d'autres éléments, le contact de l'eau par la mer, le bain, la douche. Souvent quand on prend une douche on n'est pas là, on est déjà en réunion, on ne sent ni le shampoing, ni la chaleur de l'eau, on stresse, on est ailleurs, on n'est pas dans l'instant présent.
L'Opinion: Donc ne pas vivre l'instant immédiat, avoir la tête ailleurs, c'est ça le stress ?
Souad Filal : Oui, d'une certaine manière, quand on est constamment projeté dans ce qui s'est passé, les regrets, l'amertume, la culpabilité ou dans l'angoisse du futur, comment il va se présenter, la crainte de ne pas avoir les moyens d'y faire face, se dire : « Je ne vais pas y arriver » avec une anxiété qu'on crée parfois nous-mêmes sans que cela soit justifié, tout cela génère du stress. A force de ressasser le passé et anticiper le futur, on ne vit pas notre seule richesse qui est l'ici et maintenant. Mais le stress est aussi au cœur du quotidien, quand on vit dans ses tripes les sollicitations diverses, les défis, les frustrations, le harcèlement, les difficultés, les imprévus...
L'Opinion: Vous parlez du stress comme un état qui a un rapport avec la respiration ?
Souad Filal : Le mot stress, on croit souvent qu'il vient de l'américain ou de l'anglais. En fait il vient du vieux français «estrece» qui est issu lui-même du mot latin «stringere» qui veut dire compresser, comprimer, serrer. Il y a une notion d'étroitesse qui renvoie à un sentiment d'étouffement, d'oppression. Pourquoi cet état d'oppression? Quand on est bébé on a une respiration qui est ventrale. On respire à l'aise et le corps est parfaitement oxygéné. Au fur et à mesure qu'on grandit, qu'on est confronté aux impératifs de l'éducation, des conditionnements, des frustrations, des blessures, des menaces, des peurs, on commence à respirer non plus de manière ventrale mais thoracique, c'est-à-dire juste ce qu'il faut. Et quand on continue encore dans le stress, la respiration devient claviculaire. On n'est plus dans l'aisance de la respiration, on est dans l'effort pénible. On est donc vraiment en état d'oppression. Qu'est-ce que nous faisons pour revenir à cette bonne vieille respiration originelle ?
L'Opinion: En effet comment remonter la pente ?
Souad Filal : Le Joker «Stop ! Respire !» dans ce cas, c'est la clef des clefs sans laquelle il est impossible d'accéder aux autres ressources. Il faut d'abord retrouver cette amplitude de respiration ventrale par l'exercice. Cette respiration nous introduit au calme intérieur, par delà les remous des tempêtes de l'existence.
L'Opinion: En quoi consiste cet exercice ?
Souad Filal : Une des techniques de ce Joker est appelée 365 et elle consiste à faire trois fois par jour, matin, midi et soir six inspirations et six expirations qui durent chacune cinq secondes. Cela fait au total une petite minute, rien qu'une petite minute qui permet une inspiration ample et profonde qui agit de manière bénéfique sur le rythme cardiaque. Et le cerveau au lieu d'envoyer le signal pour produire de l'adrénaline et cortisol, adresse au contraire un signal signifiant que tout va bien qui fait secréter des hormones qui apaisent.
Ghita Filal : Quand on respire bien, on est plus serein et quand on est plus serein on peut choisir, décider mieux de ce qu'on veut faire. On est moins sous l'impulsion et la réaction, on est sur le mode réponse juste parce qu'on est plus conscient, surtout si on respire par le ventre avec une profonde inspiration et expiration.
Souad Filal : Ce que vient de dire Ghita signifie qu'on passe du mode d'être inconscient de réaction en pilotage automatique, à un mode conscient. On passe de la réaction impulsive à la réponse adaptée. La différence entre les deux, c'est que j'ai pris conscience. Et la prise de conscience advient par cette bonne respiration. On ne peut pas agir directement sur les diverses fonctions du corps comme par exemple la circulation sanguine, la digestion, la transpiration... La seule fonction sur laquelle on peut agir, c'est la respiration et c'est elle qui va réguler toutes les autres progressivement. Elle est centrale et fondamentale. Toutes les techniques qui visent l'équilibre énergétique et le mieux-être sont basées d'abord sur le souffle, le travail sur la respiration. Nous disons souvent aux participants : « Si vous sortez de ce séminaire avec juste cet éveil de conscience qui fait qu'à chaque fois que vous êtes exposé à un stresseur, vous respirez en pleine conscience, eh bien, on aura gagné plus de 50% des objectifs du séminaire ! »
L'Opinion: Pensez-vous qu'il y a un coût du stress pour l'entreprise ?
Souad Filal : Absolument ! Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, 50 à 60% des jours de travail perdus en Europe le seraient à cause du stress. Cela peut se constater de visu à travers le turn over, le taux d'absentéisme mais aussi le présentéisme avec des personnes qui sont présentes physiquement mais absentes mentalement. Sans oublier des conséquences plus graves comme les accidents de travail qui peuvent résulter d'un cumul de stress, ou encore le sabotage, les difficultés de relations qui sont dues au stress aussi, les multiples problèmes de santé avec les dépressions, le suicide dont on parle peu. D'après l'OMS en 2020, le stress sera la première cause d'handicap au travail et en 2030 ce sera la première cause de mortalité dans le monde ! D'où l'urgence de prendre des mesures préventives.
Ghita Filal : Au Japon, le Karôshi qui est la mort par épuisement au travail est l'une des premières causes de mortalité. Dans les cimetières, des allées entières sont dédiées aux travailleurs de Toyota, Sony, Toshiba, Mitsubishi, où l'on voit des tombes de gens morts sur le lieu du travail, le cœur qui implose parce qu'ils enchaînent trois à quatre jours d'affilée. Nous, Dieu merci, on n'en est pas encore là mais le stress est cause de nombreuses maladies insidieuses et l'on se dit qu'il est possible d'arrêter ce fléau sans que ça coûte rien, zéro dirham à l'entreprise ! C'est là l'intérêt des méthodes que nous préconisons.
L'Opinion: Il semble que la préoccupation pour le problème de stress en entreprise soit exclusivement limitée aux cadres et dirigeants. Qu'en est-il des ouvriers ?
Ghita Filal : Si on pense plus au stress des cadres, c'est sans doute pour une question de budget. Il n'empêche qu'il y a aussi le stress des ouvriers. En France, pour ne prendre que cet exemple, un constat a été fait à propos des entreprises qui organisent des séances de Chi Qong sur les lieux de travail. Au sein de ces sociétés on a observé qu'il y a zéro accident de travail. Les accidents ont diminué complètement parce que les gens le matin prennent environ vingt minutes pour respirer, se concentrer et effectuer des étirements qui leur évitent des troubles musculo-squelettiques et autres tensions.
Souad Filal : Dans les entreprises où nous avons effectué des séminaires pour mieux piloter le stress, nous avons proposé de former des formateurs qui vont pouvoir coacher ces séances de Chi Qong. Il s'agit tout juste d'exercices d'étirements qui permettent de libérer l'énergie subtile, retrouver une axialité, une capacité de se concentrer et de devenir progressivement plus vigilant, plus conscient. Quinze à vingt minutes d'étirements, de la tête aux pieds suivant un protocole extrêmement simple mais quand on le suit tous les jours, le résultat est absolument fantastique sur le rythme cardiaque, la respiration, la digestion, la détoxification, la régulation thermique, les articulations qui s'assouplissent, le système immunitaire qui se renforce. Et tout ça coûte zéro dirham à l'entreprise, juste un quart d'heure d'exercice et les gens sont prêts à venir un quart d'heure avant parce qu'ils en récoltent des bienfaits et que ça crée en plus une ambiance fraternelle.
Ghita Filal : Pour résumer, notre approche vise à devenir plus conscient de ce que nous disons, de ce que nous faisons et pensons. Ce qui nous importe aujourd'hui, c'est ce message d'espoir : que tout le monde sache qu'il est possible de s'en sortir même dans les pires situations. Nous détenons des forces fabuleuses d'auto-guérison, à partir des 50 ressources que nous avons identifiées et que chacun abrite en soi. Chaque ressource est illustrée par le Joker qui la symbolise, l'explique dans un langage simple et invite à la pratiquer à travers des exercices à la portée de tous. Il y en a 130. Le livre comprend en outre un CD de relaxation et de techniques de protection mentale ainsi que 50 cartes Jokers détachables qu'on peut glisser dans le porte monnaie, histoire de se souvenir qu'on a les cartes entre nos mains pour ne plus subir le stress. Alors à nous de jouer ! Sortons nos Jokers !


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