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Entretien avec Baba Driss, chef de la Division de l'économie forestière au HCEFLCD
Journée mondiale des coopératives : Les coopératives et la forêt, une alliance salutaire
Publié dans L'opinion le 08 - 07 - 2014

La protection de la forêt, on le sait, passe nécessairement par l'amélioration des conditions de vie des riverains que la loi tient pour des ayants droit (Dahir du 10/10/1917). Cela découle du fait que les gens qui vivent à proximité de la forêt sont les mieux placés pour veiller à la sauvegarde de ce patrimoine national, pourvu qu'ils bénéficient de la manne d'un développement économique et social équilibré et équitable. Les coopératives forestières constituent une forme parmi d'autres de développement des douars riverains de la forêt, un développement sur lequel on table pour mieux protéger la forêt de la déperdition, du surpâturage, des incendies tout en travaillant pour sa régénération.
A l'occasion de la Journée internationale des coopératives célébrée le 5 juillet de chaque année, le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts organise, demain mercredi 9 juillet, une journée d'information sur les coopératives forestières sous le thème : «La coopérative forestière, un levier de développement humain et la gestion durable des ressources naturelles».
M. Baba Driss chef de Division de l'économie forestière au Haut Commissariat aux Eaux et Forêts, nous explique dans l'entretien suivant l'intervention des coopératives forestières dans le développement locale grâce au partenariat avec les services du Haut Commissariat. Entretien.
La protection de la forêt, on le sait, passe nécessairement par l'amélioration des conditions de vie des riverains que la loi tient pour des ayants droit (Dahir du 10/10/1917). Cela découle du fait que les gens qui vivent à proximité de la forêt sont les mieux placés pour veiller à la sauvegarde de ce patrimoine national, pourvu qu'ils bénéficient de la manne d'un développement économique et social équilibré et équitable. Les coopératives forestières constituent une forme parmi d'autres de développement des douars riverains de la forêt, un développement sur lequel on table pour mieux protéger la forêt de la déperdition, du surpâturage, des incendies tout en travaillant pour sa régénération. A l'occasion de la Journée internationale des coopératives célébrée le 5 juillet de chaque année, le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts organise, demain mercredi 9 juillet, une journée d'information sur les coopératives forestières sous le thème : «La coopérative forestière, un levier de développement humain et la gestion durable des ressources naturelles».
M. Baba Driss chef de Division de l'économie forestière au Haut Commissariat aux Eaux et Forêts, nous explique dans l'entretien suivant l'intervention des coopératives forestières dans le développement locale grâce au partenariat avec les services du Haut Commissariat.
L'Opinion: Quel rôle le Haut Commissariat joue pour le développement des coopératives?
Baba Driss: Le Haut commissariat a adopté une approche participative dans la gestion du domaine forestier qui consiste à associer les usagers de la forêt pour son développement et sa conservation. Cette participation passe par un préalable qui est l'organisation de ces usagers en coopérative ou en associations. D'abord on entend par usagers, les populations limitrophes des forêts dont le droit d'usage a été reconnu par la loi lors des opérations de délimitations de ces forêts.
Depuis 2005, le Haut Commissariat a mis sur le rail une stratégie de partenariat avec les coopératives forestières en vu d'intégrer la forêt dans son environnement socio-économique. La pierre de touche de cette stratégie c'est l'organisation de l'exercice du droit d'usage et l'intégration des filières de produits forestiers. L'objectif essentiel visé est d'améliorer le revenu et le niveau de vie des populations tout en atténuant la pression qui s'exerce sur les ressources forestières.
Des efforts ont été fournis depuis 2005 pour organiser les usagers en coopératives. Cela fait que le nombre de coopératives forestières en activité a augmenté de 37% en huit ans, soit de 2005 au lancement de la stratégie à fin 2013. Actuellement, le nombre de coopératives forestières atteint 209.
De même, de 2005 à 2013, pas moins de154 contrats de partenariat ont été conclus avec 136 coopératives forestières, totalisant 7456 adhérents, pour un montant cumulé de 250 millions de Dh générant 3,2 millions de journées de travail dans le milieu rural.
L'Opinion: Quelles conditions pour la constitution d'une coopérative forestière ?
Baba Driss: En général, pour qu'une coopérative voie le jour, il suffit que la loi régissant le secteur des coopératives soit respectée avec les conditions et les procédures simples à suivre. Pour ce qui concerne la coopérative forestière, au dépôt du dossier de constitution il faut d'abord l'avis de l'administration des Eaux et Forêts sur le projet. Cet avis spécifie si, à l'endroit où la future coopérative compte s'implanter, il y a un espace forestier qui peut faire l'objet d'une activité pour la coopérative selon les normes. C'est cet avis qui constitue le dossier administratif que la coopérative présente à l'Office de développement de la coopération pour avoir son agrément. Par la suite, quand la coopérative décide d'entamer ses activités, une fois les conditions requises sont remplies, elle conclut un contrat de partenariat avec les Services des Eaux et Forêts. Parmi les conditions, il y a le fait que les membres de la coopérative doivent tous, nécessairement, faire partie des ayants droit, c'est-à-dire des gens qui ont un droit d'usage reconnu. On sait qu'au moment où le l'étendue de la forêt a été officiellement délimitée, le législateur a, en même temps, identifié avec précision les douars se trouvant à proximité de la forêt. Ces douars ont de tout temps coutume de vivre de la forêt. Par conséquent, dans les textes législatifs, le législateur reconnaît ces douars et leurs habitants comme des ayants droit.
L'Opinion: Ce qui veut dire que les membres de toute coopérative forestière désirant conclure un contrat de partenariat doivent être obligatoirement des ayants droit ?
Baba Driss: Exactement. Nous demandons à la coopérative postulante, de justifier, par des documents administratifs des autorités locales, le fait que ses membres sont des ayants droits. Mais il y a une autre condition : il faut obligatoirement que les membres de la coopérative soient résidents (habitent sur place). Pour des originaires des douars habitant ailleurs, ils n'ont pas le droit de faire partie des coopératives partenaires des Eaux et Forêts.
L'Opinion: Comment cela se passe-t-il au niveau législatif ?
Baba Driss: Prenons l'exemple de la forêt de Maamora. Lorsque la délimitation a été effectuée, les textes de délimitation promulgués ont fixé la liste des douars abritant les ayants droit. Le Dahir du 10 octobre 1917 sur la conservation et l'exploitation des forêts reconnait des droits d'usage aux usagers des forêts domaniales de manière générale. Mais ce sont les textes de délimitation, se basant sur ce même Dahir, qui donnent des précisions concernant les ayants droit des massifs forestiers avec noms des douars. Ainsi, pour n'importe quelle forêt délimitée quiconque peut, en consultant les textes de délimitation, connaître les noms des douars dont le droit d'usage a été reconnu par les commissions de délimitation.
L'Opinion: Quelle relation entre développement des coopératives et protection de la forêt?
Baba Driss: Les coopératives forestières qui remplissent les conditions requises concluent avec le Haut Commissariat des contrats de partenariat visant la valorisation de certains produits forestiers (bois, romarin, caroube..), dont elles tirent des recettes pour leur développement. En contrepartie, elles fournissent des services en faveur de la forêt, tels que la surveillance, la prévention contre les incendies, l'entretien des plantations, le reboisement.
L'Opinion: Comment les coopératives se répartissent-elles géographiquement sur le territoire forestier?
Baba Driss: Les coopératives d'argane se trouvent dans la région d'arganier (Sous Massa Daraa et Tansift El Haouz). Les autres sont localisées à proximité de la ressource forestière, pour le bois (Gharb, Moyen Atlas) ou pour les plantes aromatiques et médicinales (PAM) (Oriental pour le romarin, Tadla Azilal pour le caroube). On peut noter aussi que presque la moitié des coopératives forestières sont localisées dans les régions Gharb - Chrarda Beni Hssen et Rabat Salé Zemmour Zaer. C'est à proximité de la forêt de Maamora où des usagers ont adhéré au système et créé des coopératives d'autant qu'ils ont de l'expérience en travaillant dans les chantiers d'exploitation ou de reboisement du Haut Commissariat.
L'Opinion: Quelles données statistiques peut-on avoir aujourd'hui des coopératives relevant du domaine forestier?
Baba Driss: On compte jusqu'à fin 2013 (cf. ODCO) 209 coopératives forestières regroupant 8941 adhérents. Celles-ci ont un lien direct avec le domaine forestier.
Il y a 255 coopératives valorisant les produits de l'arganier (huile d'argane) regroupant 6679 adhérents (en majorité des femmes). Il y a 109 coopératives opérant dans le domaine des plantes aromatiques et médicinales (dont la majorité se trouve dans le domaine forestier) regroupant 2611 adhérents.
L'Opinion: Dans vos statistiques, vous indiquez séparément les coopératives forestières et les coopératives d'argan. Quelles différences y a-t-il entre les deux ?
Baba Driss: Les coopératives forestières, remplissent les conditions requises, sont liées aux Services Eaux et Forêts par des contrats de partenariat. Ces coopératives opèrent dans le domaine forestier sous l'encadrement des Services des Eaux et Forêts.
Par contre, les coopératives d'argan sont créées librement selon la loi des coopératives en général. Elles n'ont pas de contrats de partenariat avec les Services des Eaux et Forêts car intervenant en aval dans le cadre d'un droit d'usage reconnu, c'est-à-dire qu'elles font le ramassage gratuitement du fruit de l'arbre pour le valoriser par la production de l'huile d'argan.
L'Opinion: Qu'est-ce qui lie en définitive les Eaux et Forêts à ces coopératives ?
Baba Driss: Tout simplement la forêt. Nous, Eaux et Forêts, sommes responsables de l'arganeraie, en tant que patrimoine forestier, pour sa gestion en général et sa protection. Les coopératives d'argan, issues des douars vivant au sein de l'arganeraie, ont des droits d'usage, dont la récolte des fruits. Ce sont des ayants droit. Nous les citons dans les statistiques, car ce sont des structures qui entretiennent des relations utilitaires avec l'espace forestier. A noter que le développement de ces coopératives et l'amélioration des niveaux de vie de leurs adhérents ont des retombées positives sur les ressources forestières (car d'autres usages peuvent intervenir tels que les parcours qui dégradent la forêt) et de ce fait elles bénéficient du soutien institutionnel du Haut Commissariat aux Eaux et Forêt et à la Lutte Contre la Désertification (HCEFLCD).
L'Opinion: En quoi consistent les activités des coopératives forestières ?
Baba Driss: Il y en a qui travaillent dans l'exploitation du bois, l'abattage et le façonnage par exemple du bois d'eucalyptus comme dans la région du Gharb, d'autres qui font le charbon de bois, d'autres encore le bois de chauffage très demandé en hiver etc. Globalement les coopératives forestières interviennent dans l'exploitation du bois de forêts et aussi les plantes aromatiques comme le romarin, avec l'extraction des huiles essentielles des plantes ou les feuilles séchées. Il y a aussi des spécificités régionales comme par exemple dans la région de Tadla Azilal. Là il existe une dizaine de coopératives forestières qui valorisent le caroubier issu du domaine forestier dans cette région.
A coté de ces activités de valorisation des produits, les coopératives partenaires fournissent des prestations de développent et de conservation en faveur de la forêt tels que le gardiennage, la prévention contre les incendies, le reboisement, l'entretien des plantations...
L'Opinion: C'est comme
pour les coopératives d'arganier ?
Baba Driss: Oui mais pour les coopératives de caroubier de Tadla Azilal, c'est un peu différent car le droit de récolte du fruit de caroubier est cédé contre paiement d'une redevance à ces coopératives dans le cadre de contrat de partenariat. Par contre, pour l'arganier, le fruit est ramassé gratuitement dans le cadre du droit d'usage.
L'Opinion: Comment se traduit le partenariat des Services des Eaux et Forêts avec les coopératives sur le terrain ?
Baba Driss: Nous leur cédons certains produits forestiers bien entendu dans un cadre réglementaire. On évalue la valeur globale de ces produits. La redevance à payer par la coopérative tient compte de la valeur des produits cédés et des coûts des prestations fournies comme la surveillance, l'élagage des arbres, le reboisement etc.
Dans le bilan de partenariat nous relevons que les coopératives forestières ont contribué, à travers les prestations fournies, à la conservation de la forêt par le gardiennage qui a permis la réduction des délits, la surveillance et la prévention contre les incendies. Leur apport ne fut pas négligeable non plus pour les actions de développement telles que les reboisements, l'entretien des plantations, la sylviculture et la régénération des forêts.
D'un autre côté nous les accompagnons dans leur itinéraire par exemple en veillant à les encadrer pour certains travaux. Nous les faisons bénéficier de formations et de sensibilisation à l'occasion de projets de développement forestier.
L'Opinion: Que représente pour vous la journée internationale des coopératives ?
Baba Driss: La célébration de la journée internationale des coopératives, intervenant le 5 juillet de chaque année, est surtout une occasion de faire le bilan du plan de développement. Le Haut Commissariat va célébrer cette journée le mercredi 9 juillet. Ce sera donc l'occasion de présenter le bilan global du partenariat avec les coopératives forestières. Le bilan ce sont les réalisations, les contraintes rencontrées et aussi les perspectives d'avenir. C'est aussi une journée d'information pour nos partenaires.


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