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Composition du nouveau Gouvernement : « La politique est l'art du possible »
Publié dans Maroc Diplomatique le 13 - 09 - 2021


Par Taoufiq Boudchiche, Economiste
Sommes-nous entrés dans la normalité démocratique ? Normalité qui était un vœu en début de règne consignée dans le rapport du cinquantenaire.
Après la séquence au pouvoir du « pôle islamiste conservateur » marocain pendant une décennie, représenté par le PJD, un courant modéré, monarchiste et conciliateur, qui a dû composer par moments avec d'autres formations traditionnelles (gauche et nationalistes de l'Istilqlal), voilà le Royaume dans une nouvelle séquence politique. Elle demeure aux yeux de beaucoup de marocains une séquence pleine d'interrogations. Elle serait en phase d'inaugurer un moment politique et gouvernemental porté par un « pôle de courants » que l'on peut qualifier de « libéraux-centristes ».Serions-nous en train de revenir à une certaine normalité de la vie politique au Maroc où l'alternance peut se jouer désormais entre les différents pôles et sensibilités qui animent la vie sociale et politique marocaine ? Il faut l'espérer.
Nous aurions eu depuis les trois dernières décennies, plusieurs alternances qui méritent d'être méditées. Une première alternance voulue par Feu Hassan II à la fin de son règne et portée par les principaux partis de la gauche traditionnelle marocaine, en particulier l'USFP. Avec le gouvernement dit « Youssoufi », du nom de Feu son leader intègre et incontesté de l'époque aura permis aux héritiers de Feu Benbarka, Omar Benjelloun et autres leaders charismatiques d'arriver au pouvoir à la fin des années 90, après une longue attente et au moment où le pays était dans une situation économique et sociale très difficile.
Ce fut une heureuse initiative de Feu Hassan II, car nous avons assisté alors à un vent d'espoir et à des changements notables qui coïncidaient avec le début du nouveau règne. Elles ont permis un saut qualitatif important au Maroc en termes d'ouverture économique et sociale, d'avancées des libertés et de réformes. Ensuite, est intervenu, non sans surprise, la nomination après de nouvelles élections, un gouvernement plus ou moins technocratique, avec à sa tête Driss Jettou, un homme de grandes qualités humaines et intellectuelles.
Mais il n'était pas nécessairement affilié à un quelconque courant politique. Il a été « coloré » pour l'occasion, comme on le dit couramment au Maroc quand un technocrate, est nommé au gouvernement formé de représentants de partis politiques. Probablement, que le gouvernement Jettou globalement technocratique, qui avait été fortement contesté au départ, après le gouvernement très politique de Monsieur « Youssoufi », a su néanmoins s'imposer pour accélérer la cadence d'une politique de grands travaux et de grands projets sectoriels (Plan Emergence, Plan Azur, Tanger-Med, INDH...) dont nous vivons encore l'impact positif sur l'économie marocaine.
Le printemps arabe, un trouble fête ? Et le retour de la politique avec un « grand P »
Ensuite, le printemps arabe a rebattu les cartes ; retour de la Politique avec un « grand P », nouvelle constitution, entrée des islamistes au gouvernement après une victoire électorale nette et claire permise par la même nouvelle constitution. Les islamistes, affiliés idéologiquement « aux frères musulmans » formaient un courant de pensée qui s'épanouissait au Maroc depuis la fin des années 70. Pensée importée du Moyen-Orient, financée par les pétrodollars, mais contrairement à ce qui se passait dans les autres pays arabes, Egypte, Syrie, Irak, Algérie... où ce mouvement en conflit parfois violent avec les régimes en place était écrasé dans le sang, la singularité marocaine a voulu, qu'ils soient finalement associés à la vie publique, après s'être développé de manière invasive au sein de la société civile.
Aussi, en résumé de ce bref récapitulatif, les alternances successives depuis le gouvernement « Youssoufi » jusqu'à celle qui se déroule sous nos yeux, auront-ils été quelque part des moments historiques produites autant par le résultat des urnes, que par les nécessités de l'époque supervisées, néanmoins, par des arbitrages royaux soucieux d'exprimer la volonté populaire tout en évitant l'aventurisme susceptible de conduire les nouvelles générations de ces hommes politiques vers la « Fitna ».
Programme du RNI et le défi de l'articulation avec la mise en œuvre du nouveau modèle de développement
La séquence actuelle, n'était pas gagnée d'avance. Avec un nouveau chef du gouvernement, Monsieur Aziz Akhennouch, dont l'ascension politique est remarquable et méritée, au vu des résultats obtenus au sein des gouvernements précédents en tant que Ministre de l'Agriculture, notamment, avec le « Plan Maroc-Vert » et au vu du redressement de l'image de son parti qu'il a mené jusqu'à la victoire électorale. Mais, ce n'était évident car il y apeu, il comptait parmi les personnalités ciblées par une campagne de boycott populaire de la consommation de certains produits conduite sur les réseaux sociaux, qui n'avait pas manqué de nuire à son image, associée négativement à sa fortune plutôt qu'à son action au gouvernement. D'autre part, le PJD semblait confiant de la solidité de sa base électorale et avait exprimé publiquement une certaine confiance à regagner celle des électeurs. Mais l'usure du pouvoir, l'absence d'un saut qualitatif visible en termes de politiques publiques imputables au PJD et peut-être son excès de confiance sur sa popularité a eu raison de son succès potentiel.
Aujourd'hui, le programme du RNI, plébiscité par les électeurs, donne une large place à l'action sociale. Il s'inscrit dans les nouvelles orientations du Royaume où la crise sanitaire a mis en perspective l'importance d'actions sociales fortes (fonds de solidarité covid-19, campagne de vaccination exemplaire avec des vaccins gratuits pour tous, lancement du chantier de la généralisation de la protection sociale...). Ces initiatives ont été impulsées par une volonté royale plus que par une gestion gouvernementale qui s'est limitée aux affaires courantes.
Le prochain gouvernement devra s'attaquer frontalement à d'autres défis sociaux. Ceux de l'emploi, du pouvoir d'achat, de l'éducation, de la santé, de la réforme de l'administration, et plus généralement redonner confiance à une classe moyenne laminée par les crises successives. L'ambition d'une « société résiliente » fait partie du programme de campagne électorale du RNI qu'il s'agira de décliner dans les prochains mois en sortie de crise sanitaire tout en agissant en vue de la relance économique. Celle-ci serait le seul gage de ressources supplémentaires pour financer « l'Etat Social » attendu et dont le concept est emprunté au nouveau modèle de développement.
En effet, il y a aussi le défi de la mise en œuvre du nouveau modèle développement qui promet un projet de société moderne, démocratique et ouverte à l'horizon 2035, mais dont l'urgence appelle à enclencher son démarrage dés le début de cette législature. Pour cela, il convient de d'implémenter dés que possible un processus d'inclusion des compétences (Université, Experts, MRE...) dont le pays ne manque pas mais qui se sentent souvent exclus de la décision publique. Le rôle des collectivités locales dans ces processus d'inclusion seront importants. Comme il s'agit de faire en sorte de donner une place plus déterminante aux femmes qui jouent un rôle essentiel dans tous les domaines de la vie publique. Une bonne représentation des femmes au sein du nouveau gouvernement sera un signal important d'ouverture et de modernité.
Intégrité et compétence souhaitables pour la composition du nouveau gouvernement
Il est temps de voir les grands chantiers structurels ouverts par le Royaume depuis le nouveau règne porter leurs fruits sur le plan du développement et du progrès humain. Plusieurs franges de la population ne se sentent pas encore assez concernés et/ou mobilisés, souvent par manque de confiance dans le système, pour s'engager au mieux et plus socialement dans la lutte pour le développement local.
Par ailleurs, le Royaume n'état pas une île isolée, la question du positionnement international du Royaume est à renforcer, face aux campagnes du voisin algérien qui ne rate aucune occasion pour dénigrer le Royaume auprès des chancelleries étrangères. Il y aura à transformer « l'essai » obtenu par la reconnaissance de la souveraineté par les USA en « option adoptable » auprès d'autres grands partenaires notamment européens et parvenir à une solution définitive. On constate ces derniers mois un activisme débordant, voire excessif et inquiétant de la part de la diplomatie algérienne, notamment dans les pays arabes et en Afrique au Sud du Sahara, pour saper les progrès enregistrés par la diplomatie marocaine. Le bon déroulement des élections au Maroc confirmé par les observateurs internationaux est une bonne nouvelle qui aura son impact au plan international.
La construction démocratique et l'obligation de réussite du nouveau gouvernement
La composition du nouveau gouvernement sera un premier signal de progrès s'il parvient, à impliquer des hommes et des femmes compétents, intègres, désintéressés et soucieux de l'intérêt général.
Enfin, pour conclure, rappelons cette célèbre formule quoique très ancienne de « Gambetta », homme politique français, qui a très bien résumé ce qu'il est attendu de la politique, en la définissant « comme étant l'art du possible ». Autrement dit, le pouvoir politique doit rendre possible aux yeux du peuple, les rêves et les aspirations de ce même peuple, qui lui a confié son destin.
Ces élections ont rendu possible une nouvelle alternance, il convient à la nouvelle équipe de rendre possible les légitimes droits du peuple marocain, qui guidé par d'ambitieuses orientations royales, aspirent à une vie décente, digne, valorisant ses racines culturelles et sa diversité, dans un pays épris de démocratie apaisée, de paix et de bon voisinage.
Et, rendons justice au PJD au cours de leur passage au gouvernement, d'avoir fait traverser à notre pays cher à notre cœur, des périodes difficiles comme le printemps arabe, sans heurts, ni tensions majeures. L'ensemble tel que résumé dans cette modeste contribution, apparaît comme autant de bonnes nouvelles pour la construction d'un pays démocratique, où l'alternance et le débat contradictoires pacifique, doivent avoir toute leur place.


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