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Hakim Benmoussa: le Marocain qui bâtit la résilience mondiale
Publié dans Maroc Diplomatique le 15 - 05 - 2025

Marocain de cœur et de formation militaire, Hakim Benmoussa est l'un de ces profils rares qui conjuguent terrain, stratégie et transmission. Du commandement d'opérations d'urgence sur les côtes américaines aux laboratoires d'analyse stratégique de Harvard, il a forgé une expertise internationale qu'il met aujourd'hui au service des enjeux globaux de sécurité civile. Entretien avec un leader discret mais déterminé, convaincu que le Maroc peut devenir une référence en gestion des risques et en leadership opérationnel.
MD : Pour commencer, qui est Hakim Benmoussa ?
Hakim Benmoussa : Je suis avant tout un être humain engagé, animé par le sens du service public et fier de mes racines marocaines. Né et élevé à Taza, j'ai grandi au sein d'une famille qui m'a transmis les valeurs fondamentales de persévérance, d'intégrité et de dévouement. Mon parcours éducatif s'est forgé dans les écoles publiques du Royaume, jusqu'à l'obtention de mon baccalauréat au prestigieux Premier Lycée Militaire Royal de Kénitra. Une institution qui a laissé une empreinte indélébile et qui a grandement contribué à mon développement personnel, m'a aidé et m'a ouvert des portes pour l'avenir. Une institution que je respecte beaucoup.
Passionné par l'Histoire, les affaires internationales et les enjeux de leadership, j'ai toujours été guidé par une volonté constante d'apprendre, de comprendre et surtout de servir. Mon ambition profonde est de mettre mes compétences et mon expérience au service de notre Roi que Dieu Le protège, de notre Nation, et de mes concitoyens marocains. Je demeure motivé par le souhait d'avoir un impact durable et significatif, fidèle aux valeurs de loyauté, d'unité, et de responsabilité qui m'accompagnent depuis l'enfance.
Vous avez mené des opérations d'urgence sur plusieurs côtes américaines, enseigné et consulté avec Harvard Medical Faculty Physicians Division de La Médecine des Désastres, et l' Université de l'Est de Washington et œuvré dans des dispositifs antiterroristes sensibles. Comment parvenez-vous à conjuguer le leadership opérationnel, la réflexion stratégique et la transmission académique dans un même parcours d'excellence ?
J'ai eu le privilège de construire une carrière où le leadership opérationnel, la réflexion stratégique et l'enseignement académique s'enrichissent mutuellement. Le travail de terrain m'a appris l'art de la décision rapide, l'importance de l'adaptabilité et la nécessité d'une coordination efficace des compétences essentielles dans des contextes de forte pression. Cette expérience concrète nourrit naturellement ma vision stratégique, centrée sur la mise en place de systèmes durables, l'amélioration continue des performances et la préparation aux défis structurels de long terme. L'enseignement vient compléter ces dimensions en m'offrant l'opportunité de transmettre ces savoirs, de rester intellectuellement engagé et de former les futurs leaders. C'est un espace de réflexion continue, mais aussi de transmission, d'écoute et de renouvellement.
Au cœur de cette dynamique se trouve une même vocation : servir avec intégrité et engagement. Que ce soit dans un poste opérationnel, dans une mission de stratégie institutionnelle ou dans un cadre académique, mon objectif reste le même — renforcer les équipes, valoriser les talents et laisser derrière moi des structures plus solides, plus humaines et plus résilientes. En définitive, ces trois sphères s'unissent autour d'une conviction centrale : le leadership est un acte de service, et chaque rôle est une occasion de bâtir, d'élever, et de transmettre.
Spécialiste des risques NRBC, vous avez une connaissance approfondie des menaces dites "non conventionnelles". En quoi ces risques extrêmes redessinent-ils aujourd'hui les paradigmes de la protection civile et imposent-ils une nouvelle grammaire de la gestion de crise ?
En tant que spécialiste des risques NRBC, j'ai pu constater de mes propres yeux que les menaces dites « non conventionnelles » — qu'elles soient chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires — ne sont plus des scénarios abstraits ou improbables. Elles s'intègrent désormais pleinement dans le spectre des risques contemporains auxquels les organismes de protection civile doivent faire face. Ces menaces imposent un véritable changement de paradigme, en exigeant un passage des modèles réactifs classiques à une approche stratégique, anticipative, multidisciplinaire et fondée sur le renseignement.
Les risques extrêmes tels que le bioterrorisme, le sabotage industriel ou encore les accidents impliquant des matières dangereuses remettent profondément en question nos cadres d'urgence traditionnels. Ils exigent des compétences techniques avancées, une coordination interinstitutionnelle fluide et une capacité d'analyse scientifique rapide. Ces situations révèlent des lacunes persistantes en matière de préparation, de réponse médicale spécialisée, de communication de crise et de gouvernance, qui ne peuvent être comblées par les seuls protocoles standards.
Dans ce contexte, la protection civile doit être entièrement repensée autour de nouveaux axes : prévention, intégration technologique, flexibilité opérationnelle, formation intersectorielle et interopérabilité renforcée. Il devient impératif d'impliquer les acteurs de la santé publique, des forces de l'ordre, des sciences environnementales et de la défense dans une architecture de gestion de crise cohérente. Cela implique aussi d'intégrer la sensibilisation aux risques NRBC dans l'urbanisme, d'investir dans des capacités avancées de détection, de décontamination et de planification pré-incident, et d'adopter des structures de commandement adaptatives et informées à tous les niveaux — local, national et international.
L'avenir de la réponse aux crises ne réside pas uniquement dans l'excellence de l'intervention, mais dans la capacité à anticiper les menaces à travers la prévention, l'alerte précoce et l'utilisation stratégique de la science des désastres et des nouvelles technologies. Ayant œuvré dans les domaines du commandement opérationnel, de la gestion de crise et de la conception de programmes de formation, je suis convaincu que cette intégration globale est aujourd'hui indispensable. C'est à cette condition que nous pourrons répondre aux risques émergents avec efficacité, intelligence collective et résilience systémique.
Lire aussi : Gestion des risques de catastrophes : La stratégie du Maroc mise en avant à New York
Vous êtes né à Taza, formé en Grèce, aguerri sur le terrain américain et avez enseigné en Europe comme au Moyen-Orient. Comment ce riche itinéraire multiculturel a-t-il façonné votre rapport à la gestion des catastrophes, à la coordination internationale et à la prise de décision en contexte complexe ?
Mon parcours multiculturel m'a doté d'une approche holistique, adaptable et culturellement consciente de la gestion des catastrophes et de la coordination internationale. Mon séjour en Grèce a marqué ma première immersion dans un pays européen, enrichissant ma compréhension des fondements de la civilisation occidentale à travers sa langue, sa culture et son histoire. Mon expérience aux Etats-Unis m'a exposé à des systèmes d'urgence à grande échelle, à des opérations interinstitutionnelles complexes, et à l'utilisation avancée des technologies et de l'analyse de données pour soutenir une prise de décision rapide et éclairée.
Enseigner, conseiller et collaborer à travers l'Europe et le Moyen-Orient m'a permis d'affiner ma compréhension des dynamiques politiques, culturelles et institutionnelles qui façonnent les stratégies de préparation et de réponse aux catastrophes. J'ai appris qu'il n'existe pas de solution universelle : l'efficacité repose sur la prise en compte des réalités locales, l'écoute active, et la capacité à adapter les meilleures pratiques internationales aux contextes nationaux. Dans des environnements complexes et à haut risque, cette perspective diversifiée permet de naviguer dans l'incertitude avec discernement, de bâtir des ponts culturels et de faciliter la coopération entre agences aux mandats et capacités variés. Au fond, il s'agit d'instaurer la confiance, d'aligner les priorités et de concevoir des solutions à la fois techniquement solides et socialement enracinées.
Vous affirmez que la compétence transperce les identités. Comment votre triple ancrage – marocain, musulman et leader aux Etats-Unis – vous a-t-il permis non seulement de surmonter les barrières, mais aussi de les transformer en leviers d'impact et de reconnaissance ?
Dans le domaine de la gestion des urgences, la crédibilité et la confiance ne dépendent pas de vos origines, mais de votre capacité à diriger sous pression, à prendre des décisions éclairées et à mobiliser des équipes diverses autour d'un objectif commun. Mon identité marocaine, ma foi, et mon parcours de leadership aux Etats-Unis m'ont offert une perspective singulière et précieuse pour y parvenir. Le Maroc m'a transmis un profond respect pour la résilience communautaire et l'adaptabilité face à l'adversité, deux qualités essentielles en temps de crise. Ma foi m'ancre dans des valeurs de service, d'intégrité et de compassion, qui orientent mes choix et mon style de leadership, particulièrement dans les contextes de vulnérabilité humaine.
Mon expérience de leader aux Etats-Unis, dans l'un des pays les plus diversifiés au monde, repose sur la rigueur, la responsabilité, l'excellence opérationnelle et une approche axée sur les résultats. Plutôt que de percevoir mon identité comme une barrière, je l'ai utilisée comme un levier pour promouvoir l'inclusion, renforcer la compétence interculturelle dans la planification des interventions, et assurer une communication efficace entre des populations aux origines multiples surtout en situation de catastrophe.
Quand les communautés voient leurs réalités et leurs voix représentées dans leurs dirigeants, elles développent une confiance essentielle — et cette confiance, en situation d'urgence, peut littéralement sauver des vies. En définitive, mon identité ne m'a pas seulement aidé à franchir des obstacles, elle m'a permis de diriger avec authenticité, d'élargir mon impact en tant que leader, et de contribuer à élever les standards du service public dans le domaine de la gestion des urgences.
Vous maîtrisez six langues, dont trois issues de vos origines et trois d'héritages latins. En situation de crise, où chaque mot peut compter, qu'est-ce que cette polyglossie vous a enseigné sur l'art de communiquer vite, juste et efficacement, surtout en milieux multilingues et à haute tension ?
En situation de crise, la communication dépasse largement la simple maîtrise d'une langue. Elle repose sur trois piliers fondamentaux : la clarté, l'empathie et la rapidité. Parler six langues m'a permis de comprendre que l'efficacité d'un message ne tient pas seulement à ce que l'on dit, mais aussi à la manière dont on le dit, au moment choisi et à la personne à qui l'on s'adresse. Dans des environnements multilingues et sous forte pression, chaque mot compte et chaque formulation peut avoir un impact décisif.
Ma capacité à naviguer entre l'arabe, le français, l'espagnol, l'anglais et le grec ou l'italien me permet de créer des connexions authentiques à la fois culturelles et émotionnelles. Cette compétence renforce la confiance, ce qui est crucial lorsqu'il s'agit de transmettre des consignes vitales, de rassurer des populations inquiètes ou de coordonner des actions avec efficacité. Très tôt dans ma carrière, alors que je travaillais dans un quartier hispanophone de Phoenix, en Arizona, ma maîtrise de l'espagnol m'a permis de dialoguer directement avec les habitants lors d'urgences, sans barrière linguistique. Cette proximité a renforcé l'impact de notre action et a permis une meilleure réactivité.
Le multilinguisme m'a également permis d'affiner des compétences clés : l'écoute active, la lecture des signaux non verbaux et la capacité à simplifier des instructions techniques pour les rendre accessibles. Ces qualités sont essentielles pour diriger des équipes pluridisciplinaires, dialoguer avec des communautés vulnérables et faciliter la coopération avec des partenaires internationaux. Mais surtout, cela m'a enseigné une vérité fondamentale : dans une situation d'urgence, l'accès à l'information ne peut dépendre de la langue parlée. Il s'agit non seulement d'un impératif d'efficacité, mais d'une responsabilité éthique. Être multilingue, c'est pouvoir combler ces écarts instantanément et garantir que personne ne soit laissé de côté au moment où chaque seconde compte.
Face à la montée des aléas climatiques, aux crises sanitaires globales et aux menaces technologiques, quels seraient selon vous les trois piliers que le Maroc devrait impérativement renforcer pour bâtir une résilience nationale durable ?
Pour renforcer durablement la résilience nationale face aux risques liés au changement climatique, aux crises sanitaires mondiales et aux menaces technologiques, le Maroc doit consolider trois piliers fondamentaux : une gouvernance des risques modernisée, une préparation communautaire renforcée, et une souveraineté technologique ambitieuse.
1. Gouvernance des risques : Le Maroc a déjà amorcé une transition vers une approche intégrée et pangouvernementale de la gestion des risques de catastrophe. Pour la consolider, il est essentiel de doter les institutions clés — telles que la protection civile, les conseils locaux d'urgence et les agences de santé publique — de mandats clairs, de ressources suffisantes et de systèmes interopérables. L'objectif est de passer d'une gestion réactive des crises à une gouvernance anticipative, fondée sur la prévention, la coordination intersectorielle et des investissements structurels à long terme.
1. Préparation communautaire : La résilience prend racine au niveau local. Il est crucial de doter les communautés des outils nécessaires pour se préparer, répondre et se reconstruire face aux crises. Cela passe par l'éducation au risque, la formation ciblée, la mobilisation du volontariat, et le développement de systèmes d'alerte précoce adaptés aux contextes locaux. La planification décentralisée et l'inclusion des populations vulnérables — notamment dans les régions rurales et enclavées — doivent devenir une priorité nationale.
1. Souveraineté technologique et innovation : Dans un monde de plus en plus exposé aux cybermenaces, aux dépendances technologiques extérieures et aux risques liés à l'intelligence artificielle, le Maroc doit investir dans le développement de solutions technologiques nationales. Cela implique de sécuriser les infrastructures numériques, de bâtir des capacités locales en cybersécurité et en analyse prédictive, et de mettre en place des systèmes d'alerte précoce intelligents. Il est également impératif de valoriser les talents marocains dans les domaines des sciences appliquées, de la santé publique, de la gestion des données et de l'innovation technologique pour répondre efficacement aux crises futures.
Construire une résilience nationale durable ne consiste pas simplement à survivre aux chocs, mais à transformer les systèmes, à moderniser les infrastructures, à responsabiliser les citoyens et à instaurer une véritable culture de la prévention et de la préparation. Dans un contexte d'incertitude croissante, c'est en intégrant l'innovation, la participation communautaire et la vision stratégique que le Maroc pourra non seulement résister aux crises, mais aussi en sortir renforcer.
Nombre de talents marocains de la diaspora souhaitent contribuer au développement de leur pays. Si un retour au Maroc devenait concret, sur quels leviers de la sécurité civile ou de la gestion des risques pourriez-vous intervenir en priorité pour y insuffler votre expertise ?
En tant que Marocain ayant une vaste expérience internationale dans les services médicaux d'urgence, la gestion des catastrophes et la protection civile, je pense que le retour des talents peut avoir un impact significatif, notamment en renforçant le cadre de résilience du Maroc. Si je devais mettre mon expertise au service de mon pays, je donnerais la priorité à trois domaines clés : les systèmes intégrés d'intervention, de gestion des urgences, la formation professionnelle et les normes, et l'évaluation multirisques.
Tout d'abord, je m'attacherais à mettre en place un système de gestion des urgences unifié et interopérable, qui relie les acteurs nationaux, régionaux et locaux dans les domaines de la santé, de la protection civile et des infrastructures critiques. Cela implique notamment de rationaliser les structures de commandement, d'améliorer les centres d'opérations d'urgence et de mettre en œuvre des protocoles normalisés qui reflètent les meilleures pratiques internationales, telles que le système de commandement des interventions et le système de gestion des crises.
Ensuite, j'investirais dans la formation professionnelle et le renforcement des capacités. Il est nécessaire d'informatiser, de formaliser et de moderniser les centres de coordination, les services de protection civile, des planificateurs de prévention, grâce à des programmes accrédités, des échanges internationaux et des formations basées sur la simulation. Ce faisant, le Maroc pourra former une nouvelle génération de professionnels de la sécurité civile équipés pour faire face à des situations d'urgence complexes et multidisciplinaires.
Enfin, je contribuerais à améliorer l'évaluation des risques multirisques et la planification fondée sur des données. Qu'il s'agisse de catastrophes climatiques, de pandémies ou de menaces technologiques, le Maroc doit fonder ses décisions sur des données fiables, une cartographie des risques locaux et des outils prédictifs. Mon expérience dans les domaines NRBC, des urgences de santé publique et de la coordination de crise peut contribuer au développement des capacités nationales dans ces domaines critiques. En fin de compte, l'objectif est de créer un système de protection civile tourné vers l'avenir, intégré et centré sur les personnes, qui reflète les aspirations du Maroc en matière de sécurité, de résilience et de développement durable.
La reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara constitue un tournant stratégique. Quels outils diplomatiques, politiques et sociétaux devraient être activés aux Etats-Unis pour enraciner ce soutien au-delà des mandats présidentiels et en faire un consensus durable ?
La reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara représente non seulement une étape diplomatique importante, mais aussi un tournant stratégique dans les relations entre les Etats-Unis et le Maroc. Afin de garantir que cette reconnaissance perdure au-delà d'une seule administration et devienne un consensus bipartite et institutionnel, nous devons mettre en œuvre des outils dans trois domaines : la diplomatie parlementaire, les partenariats stratégiques et les relations entre les peuples.
Premièrement, nous devons approfondir nos relations avec le Congrès. Pour parvenir à un consensus durable aux Etats-Unis, il est nécessaire de mobiliser le soutien des deux partis au sein du Congrès. Cela implique de travailler en étroite collaboration avec le Caucus marocain du Congrès, d'informer les commissions clés sur l'importance stratégique de la stabilité du Maroc pour les intérêts américains en Afrique du Nord et au Sahel, et de favoriser les échanges législatifs axés sur la sécurité régionale, la lutte contre le terrorisme et la coopération économique liée au Sahara.
Deuxièmement, nous devons renforcer les partenariats stratégiques. Les think tanks, les institutions de défense et les centres universitaires américains doivent être mobilisés pour ancrer la politique du Maroc au Sahara dans la doctrine plus large de la politique étrangère américaine. Des formations conjointes, des initiatives en matière d'énergies renouvelables dans les provinces du sud et des projets d'investissement soutenus par des entreprises américaines peuvent institutionnaliser la reconnaissance grâce à des intérêts communs sur le terrain.
Troisièmement, la diplomatie sociétale et culturelle ne doit pas être négligée. La diaspora maroco-américaine, qui comprend des professionnels de la diplomatie, du monde universitaire et de la société civile, peut jouer un rôle essentiel dans la formation de l'opinion publique et le maintien de la visibilité de cette question dans les cercles politiques. Les échanges éducatifs, les campagnes médiatiques et les forums de haut niveau devraient mettre en avant les efforts de développement du Maroc au Sahara et son rôle en tant que partenaire fiable des Etats-Unis.
En fin de compte, pour ancrer cette reconnaissance dans une politique durable, nous devons l'aligner non seulement sur le leadership politique, mais aussi sur les valeurs, les priorités stratégiques et l'engagement de la société civile des Etats-Unis. C'est ainsi que le soutien passe de la politique au principe. Grâce au leadership et à la sagesse de Sa Majesté, nos efforts diplomatiques officiels ont remporté de multiples victoires et continuent de le faire. En tant que Marocains résidant à l'étranger, nous avons la responsabilité d'impliquer les communautés internationales dans lesquelles nous vivons afin de les informer sur notre histoire et notre intégrité territoriale, et de réfuter tout discours tenu par les ennemis de l'unité et de la souveraineté de notre cher pays.
Le Sahara est marocain et le restera à jamais, nous le défendrons à tout prix.


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