Grâce à une ingénierie financière ambitieuse adossée à la Banque française Natixis, le Maroc s'impose comme l'un des bénéficiaires clés d'un fonds européen dédié à la gestion durable des terres. Le programme mobilise 363 millions d'euros pour appuyer la transition agroécologique dans sept pays, dont le Royaume, déjà engagé sur le terrain du financement climatique. Le Maroc confirme son rôle moteur en matière de transition écologique sur le continent. Le Royaume figure parmi les sept pays retenus pour bénéficier du Mirova Sustainable Land Fund 2 (MSLF2), un fonds d'investissement d'impact lancé par Mirova, société de gestion affiliée à Natixis Investment Managers, avec l'appui stratégique du Fonds Vert pour le Climat (Green Climate Fund). Ce dispositif inédit vise à promouvoir une gestion durable des terres agricoles et forestières à travers un programme de 363 millions d'euros, alliant financements publics et capitaux privés. Dans un contexte mondial marqué par l'érosion des sols, la raréfaction de l'eau et l'intensification des dérèglements climatiques, cette initiative apparaît comme une réponse structurante à l'urgence agroenvironnementale. Pour le Maroc, ce soutien international vient conforter une trajectoire déjà amorcée, dans laquelle Rabat s'emploie à intégrer les principes de durabilité au cœur des politiques agricoles et climatiques. Lire aussi : OCP et SACE scellent un accord de financement vert de 365 M€ La participation du Maroc au programme piloté par Mirova s'inscrit dans une vision de long terme : soutenir des pratiques agricoles plus résilientes, réduire les émissions de gaz à effet de serre et créer des emplois durables. Concrètement, les financements appuieront le développement de projets d'agroforesterie, d'agriculture biologique et de gestion régénérative des sols, autant de solutions fondées sur la nature qui répondent aux impératifs de sécurité alimentaire, tout en luttant activement contre la dégradation des terres. Doté de 75 millions d'euros en provenance du Fonds Vert pour le Climat, le programme entend agir comme catalyseur de financements additionnels, dans une logique d'effet de levier. Ce schéma hybride, mêlant capitaux concessionnels et investissements à impact, illustre une tendance de fond dans le financement de l'action climatique : conjuguer rentabilité économique et bénéfices environnementaux à grande échelle. Le Maroc, terre d'accueil de l'innovation verte La sélection du Maroc par le MSLF2 ne doit rien au hasard. Le Royaume a multiplié, ces dernières années, les initiatives en matière de finance durable. Dès 2016, à l'occasion de la COP22 à Marrakech, le pays avait déjà posé les jalons d'une diplomatie climatique offensive, en plaidant pour une mobilisation accrue des capitaux en faveur des économies africaines vulnérables aux chocs climatiques. Depuis, le Maroc a consolidé son arsenal institutionnel : adoption de la Stratégie nationale de développement durable, mise en place de guichets verts pour les porteurs de projets environnementaux, et développement d'instruments financiers innovants tels que les obligations vertes. À cela s'ajoute une planification rigoureuse à travers la Génération Green 2020-2030, feuille de route agricole plaçant l'humain et la durabilité au cœur des réformes. Avec ce nouveau partenariat, le Maroc se positionne à l'avant-garde d'un financement climatique fondé sur des résultats mesurables et durables. Le MSLF2 illustre une approche de plus en plus prisée par les investisseurs institutionnels : déployer des capitaux dans des secteurs à fort impact environnemental et social, tout en réduisant leur exposition au risque climatique.