Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a dévoilé, dans sa note trimestrielle de conjoncture, les grandes tendances qui ont marqué l'activité des entreprises du secteur secondaire au premier trimestre 2025, ainsi que leurs anticipations pour les mois à venir. Ces données, recueillies auprès des chefs d'entreprise opérant dans les secteurs de l'industrie manufacturière, extractive, énergétique, environnementale et de la construction, dessinent un panorama nuancé d'une reprise inégale, tributaire de la conjoncture sectorielle et des aléas d'approvisionnement. Au premier trimestre 2025, l'industrie manufacturière aurait connu une légère progression, portée notamment par les performances de l'« industrie chimique », de l'« industrie alimentaire » et de la « fabrication d'autres produits minéraux non métalliques ». À l'inverse, certains pans de l'économie, tels que l'« industrie de l'habillement » ou la « fabrication de produits en caoutchouc et en plastique », ont vu leur activité reculer. Selon le HCP, 37 % des entreprises de ce secteur ont signalé des difficultés d'approvisionnement en matières premières, en particulier celles d'origine étrangère, une contrainte qui reste récurrente depuis plusieurs trimestres. Les carnets de commandes dans l'industrie manufacturière ont été jugés d'un niveau « normal » par la majorité des patrons, et les effectifs employés ont globalement stagné. Le taux d'utilisation des capacités de production (TUC) s'est établi à 74 %, signe d'une reprise encore partielle. Dans l'industrie extractive, le HCP observe une embellie, principalement imputable à la hausse de la production de phosphates. Les prix de vente ont progressé, et les effectifs ont également connu une hausse. À l'opposé, l'industrie énergétique a vu sa production et ses prix de vente chuter, pénalisée par le recul de la « production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné ». L'emploi a également reculé dans cette branche. Lire aussi : Production industrielle : repli modéré des prix en avril (-0,2 %) Le secteur de l'industrie environnementale, quant à lui, a fait preuve d'une stabilité remarquable, avec un niveau de production et des effectifs inchangés. Les carnets de commandes y ont été jugés normaux, témoignant d'une résilience de l'activité liée au « captage, traitement et distribution d'eau ». S'agissant du secteur de la construction, le HCP relève une dynamique plus vigoureuse au premier trimestre. L'augmentation de l'activité y est imputable à la croissance du « génie civil » et des « travaux de construction spécialisés », tandis que la « construction de bâtiments » a maintenu sa stabilité. Le TUC du secteur de la construction s'est établi à 72 %, avec des carnets de commandes jugés satisfaisants par les entreprises. Cependant, 27 % des chefs d'entreprise ont évoqué des difficultés de trésorerie, et 11 % ont signalé des problèmes d'approvisionnement en matières premières. Les anticipations pour le deuxième trimestre 2025, telles qu'elles ressortent des enquêtes du HCP, sont marquées par un optimisme prudent. Dans l'industrie manufacturière, les entreprises prévoient une accélération de la production, notamment dans l'« industrie automobile », l'« industrie chimique » et l'« industrie alimentaire ». Les effectifs employés devraient, en revanche, rester globalement stables, une prudence qui trahit la fragilité persistante de la reprise. Les perspectives sont moins favorables pour l'industrie extractive, où les patrons anticipent un repli de la production, principalement en raison d'une baisse des activités liées aux phosphates. La stabilité est en revanche attendue du côté des effectifs employés. À l'inverse, l'industrie énergétique, après un trimestre de repli, devrait connaître une hausse de la production grâce à la progression des activités liées à la fourniture d'électricité, de gaz et de vapeur. Toutefois, l'emploi dans ce secteur continuerait de se contracter. Dans l'industrie environnementale, le HCP souligne la prévision d'une stabilité des niveaux de production et des effectifs, illustrant la résilience structurelle de ce segment centré sur la distribution d'eau. Enfin, les entreprises du secteur de la construction tablent sur une poursuite de la dynamique haussière observée au trimestre précédent. Cette progression s'appuierait sur l'essor des « travaux de construction spécialisés » et du « génie civil ». Les effectifs, eux, devraient rester stables, signe que les entreprises du BTP font face à des perspectives favorables, mais demeurent vigilantes. Ainsi, le rapport du HCP met en lumière les signaux contrastés qui parcourent le tissu productif national. Si la reprise est bien réelle dans certains pans industriels, elle reste entravée par des contraintes d'approvisionnement, des fragilités financières et des incertitudes géopolitiques qui pèsent sur la confiance des chefs d'entreprise. Dans le secteur de la construction, l'optimisme des professionnels laisse espérer une consolidation de la reprise, à condition que les tensions sur les intrants et les difficultés de trésorerie soient rapidement surmontées. Au final, la note du HCP révèle un tableau contrasté où cohabitent reprise prudente, vigilance et adaptation continue des entreprises. Un scénario à surveiller de près, alors que le second semestre 2025 s'ouvre dans un climat toujours empreint d'incertitudes et de défis structurels.
