Des députés du parti belge "Mouvement Réformateur" plaident pour la reconnaissance par Bruxelles de la souveraineté du Maroc sur le Sahara et soutiennent l'ouverture d'une représentation économique à Dakhla    Le régime algérien répond à la mort de ses officiers en Iran par un faux grossier visant le Maroc    Quand le mensonge se trahit lui-même : un faux document tente de nuire au Maroc et de masquer les pertes algériennes en Iran    Aziz Akhannouch expose ostensiblement son soutien à Mostafa Bouderka malgré les poursuites judiciaires qui éclaboussent celui-ci    La Mauritanie conclut un accord archivistique avec le Maroc à Rabat    Le gouvernement poursuit son action avec détermination pour la mise en œuvre des chantiers de développement    De Pékin à Casablanca : un entrepreneur chinois écrit une success story touristique au Maroc    Le Maroc absorbe 116 000 tonnes de tourbe et capte 63 % des importations africaines    Le port de Montevideo expédie 20 500 têtes de bétail à destination du Maroc    AML affrète un ferry italien pour étoffer la traversée Algésiras–Tanger Med durant l'OPE 2025    Les ennemis du Royaume propagent un faux document | Fake News : Quand la machine de désinformation algérienne échoue à imiter la diplomatie marocaine    Trump: Les frappes américaines ont « complètement » détruit les installations d'enrichissement nucléaire iranienne    Frappes US contre l'Iran: L'Allemagne convoque le conseil de sécurité et exhorte Téhéran à s'engager "immédiatement" dans les négociations    Le Maroc envisage de participer à la reconstruction des territoires rendus à l'autorité nationale azerbaïdjanaise    Une tribune du stade 5-Juillet s'effondre à Alger, causant la mort d'un spectateur    Présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire: Alassane Ouattara désigné candidat par son parti, le RHDP    Le Wydad de Casablanca au Mondial des Clubs : une participation terne qui interroge l'entraîneur, la direction et ternit l'image du football marocain    Walid Regragui participe au Congrès des entraîneurs de la Fédération espagnole de football    Trafic international de cocaïne déjoué à Guerguerate : saisie de près de cent kilogrammes dissimulés dans un camion de transport    Le Maroc figure modestement dans le classement QS 2026 des universités mondiales    Une fillette grièvement blessée par un véhicule de plage à Sidi Rahal : le conducteur écroué, la justice dira son mot    Températures prévues pour le lundi 23 juin 2025    Le premier épisode de la saison 9 de l'émission "The Chinese Restaurant" met en lumière les atouts touristiques du Maroc    Festival Gnaoua d'Essaouira : promesses renouvelées et failles répétées lors de l'édition 2025    (Vidéo) Makhtar Diop : « La culture est une infrastructure du développement »    Petit Forestier lance le premier poids lourd frigorifique 100 % électrique au Maroc    De Saddam à Khamenei, la mal-vie des partis marocains qui soutiennent l'Iran    Rita, 4 ans, fauchée sur la plage : l'émotion grandit, la justice interpellée    Gnaoua 2025 : Ckay ou lorsque l'Emo afrobeat s'empare d'Essaouira    Gnaoua 2025 : Rokia Koné et Asmaa Hamzaoui : une fusion d'émotions et de liberté    Littérature : Dominique Nouiga incendie les rêves    Festival : 2e édition du Nostalgia Lovers à Casablanca    Région de l'Oriental : 2 244 nouvelles entreprises créées en quatre mois    Forum des droits humains : «Migrer, c'est instinctif car c'est dans la nature humaine»    Human Rights Forum : «Migration is instinctive, it's part of human nature»    Maroc : Jusqu'à 45°C de samedi à mercredi (bulletin d'alerte)    Un préstamo europeo de 370 millones de euros para apoyar la expansión de "Maroc Telecom" en África: cobertura total de 4G en Malí y Chad    Morocco sweeps all 10 gold medals at African Military Boxing Championship    Morocco's Salaheddine Ben Yazide takes silver in 3000m steeplechase at Paris Diamond League    Youssef Lakhdim proche de quitter le Real Madrid pour Alavés avec un contrat jusqu'en 2029    Secteur équin : Syndicalisés, les professionnels montent au filet ; voici leurs revendications    France : Inauguration du consulat général du Maroc à Mantes-la-Jolie    Le Maroc première étape de la tournée internationale de Narendra Modi    L'Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif informe les ministres des AE de l'OCI de ses initiatives humanitaires en faveur des Palestiniens    Une performance d'opéra chinois enchante le public de Meknès lors d'une soirée culturelle exceptionnelle    Médias au Maroc : La révolution digitale redéfinit les repères du secteur    Brahim Diaz, l'atout explosif qui séduit Xabi Alonso    Tennis / ITF Men's World Tennis Tour de l'ASAS: Ce samedi, les nationaux sur tous les fronts !    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Essaouira: Le Festival Gnaoua redonne voix à la liberté de circuler dans un monde barricadé
Publié dans Maroc Diplomatique le 20 - 06 - 2025

En marge de la 26e édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, le Forum des droits humains d'Essaouira a rassemblé intellectuels, artistes et militants autour du thème « Mobilités humaines et dynamiques culturelles ». Un rendez-vous devenu central dans le paysage des débats culturels marocains, où se sont exprimés notamment Neila Tazi, productrice du festival, et Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).
À l'heure où les flux migratoires s'intensifient sous l'effet conjugué des guerres, des dérèglements climatiques et des inégalités globales, le Forum des droits humains d'Essaouira – en marge du Festival Gnaoua et Musiques du Monde – s'est imposé comme un contrepoint éthique et intellectuel à la brutalisation des discours sur l'immigration. Du 19 au 21 juin, au cœur de cette cité océanique façonnée par les brassages culturels, les débats ont été portés par une parole libre, exigeante, ancrée dans une mémoire partagée mais tendue vers l'avenir.
Dans son allocution d'ouverture, Neila Tazi, productrice du Festival, a rappelé avec émotion le chemin parcouru depuis la création de ce Forum. « C'est une vraie joie, une fierté. Ce forum fait aujourd'hui partie intégrante de l'ADN du festival. Il est né de la volonté de créer un espace de liberté de pensée, de dialogue entre générations et de confrontation pacifique des idées », a-t-elle déclaré, soulignant l'importance de ce lieu de réflexion dans un monde où « jamais l'humanité n'a été aussi connectée, et pourtant, jamais il n'a été aussi difficile de franchir une frontière ».
Le thème choisi cette année – mobilités humaines et dynamiques culturelles – résonne particulièrement dans un contexte mondial marqué par la guerre à Gaza, le conflit ukrainien, la guerre entre Israël et l'Iran ou encore la multiplication des catastrophes naturelles. Autant de situations qui poussent des millions d'hommes, de femmes et d'enfants à fuir, souvent au péril de leur vie. « Ces personnes ne fuient pas seulement la guerre ou la misère, elles sont aussi porteuses de cultures, de langues, d'expressions artistiques. Et c'est ce brassage culturel, cette hybridité, qui enrichit nos sociétés », a insisté Neila Tazi.
Lire aussi : Gnaoua 2025 : une ville en transe, un monde en fusion
Ce plaidoyer pour une lecture culturelle et humaine des migrations tranche avec les logiques répressives et utilitaristes qui dominent les politiques migratoires contemporaines. À ses yeux, il est urgent de rééquilibrer les récits, de « réinscrire la culture au cœur du débat migratoire », et de « résister à l'athlétisme xénophobe qui réduit les migrants à des menaces ».
La migration, une condition humaine structurelle
Prenant la parole lors de la leçon inaugurale du Forum, le président du CCME, Driss El Yazami, a prolongé cette réflexion en s'appuyant sur les travaux du sociologue belge Andrea Rea. Rappelant les mutations profondes de la mobilité humaine, il a affirmé que « l'immigration est devenue une ressource majeure pour des millions de familles à travers le monde, une réalité structurelle de notre temps ».
Driss El Yazami a livré un diagnostic lucide : « Aujourd'hui, plus de 115 millions de personnes sont déplacées dans le monde, dont 26 millions sont réfugiées, 13 millions de déplacés internes et des dizaines de millions en exil transfrontalier. Ce sont les inégalités économiques, les conflits, la marginalisation sociale et l'essor des technologies de l'information qui alimentent ces mouvements ».
Mais au-delà des chiffres, c'est la perception même de la migration qui est en crise. « Il faut sortir d'une lecture purement sécuritaire ou économique de la migration. Elle est aussi une quête de dignité, de reconnaissance, une expression d'aspiration à la modernité ».
La mobilité est de plus en plus instrumentalisée, déplore El Yazami. « Nous assistons à une inflation de la parole sur l'immigration, où politiques et médias participent souvent à sa stigmatisation. L'enjeu, aujourd'hui, est de réhabiliter la parole migrante, de reconnaître la mémoire des diasporas, même lorsqu'elles n'ont rien à voir avec les flux récents ».
Saluant le pacte de Marrakech de 2018 comme une tentative salutaire de donner un cadre international à la gouvernance migratoire, il a également dénoncé le durcissement progressif des politiques de visas et la prolifération des dispositifs de dissuasion. « L'espace Schengen, par exemple, a été une décision politique ambitieuse. Mais aujourd'hui, l'Europe donne le signal d'un repli, d'un enfermement sur soi, qui contraste avec la réalité d'un monde en mouvement ».
Le Festival Gnaoua, creuset vivant des circulations culturelles
Dans cet esprit, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde demeure un symbole vivant des dynamiques interculturelles que les mobilités humaines rendent possibles. « À travers les instruments, les chants, les danses, ce sont des mémoires africaines, maghrébines, caribéennes qui dialoguent », explique Neila Tazi. Elle voit dans cette alchimie artistique une réponse concrète à la fermeture des imaginaires. « Le forum est là pour rappeler que nous ne sommes pas condamnés à ériger des murs autour de nous. Il nous appartient d'ouvrir des brèches, de créer du lien, de construire un brassage harmonieux ».
Au terme de ces échanges intenses, un constat s'impose : il est temps de reconfigurer nos cadres d'analyse. La migration ne saurait être abordée uniquement comme une urgence ou une menace. Elle est un fait social total, un révélateur des dysfonctionnements globaux mais aussi une ressource de transformation. Comme le souligne Driss El Yazami, « Nous devons inscrire notre réflexion dans le temps long, et non dans la précipitation émotionnelle ou médiatique ».
Le Forum d'Essaouira, en cela, n'est pas une simple parenthèse. Il est un espace d'intelligence collective, un lieu de mémoire et d'espérance. Et dans un monde fracturé, il nous rappelle que la liberté de circuler, de penser et de créer, reste le socle indispensable de toute société réellement humaine.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.