Portée par une reprise robuste post-Covid, une dynamique industrielle soutenue et une stabilité macroéconomique globale, l'économie marocaine poursuit sa trajectoire de croissance. Selon les dernières analyses de l'assureur-crédit Credendo, le Royaume devrait enregistrer un taux de croissance de 3,9 % en 2025, malgré un contexte mondial toujours marqué par les incertitudes géopolitiques et les chocs climatiques. Au cours des dernières années, le Maroc a su faire preuve de résilience face aux multiples perturbations exogènes, qu'il s'agisse des retombées économiques de la pandémie ou des effets indirects du conflit en Ukraine. Entre 2020 et 2024, la croissance moyenne s'est établie à 4,1 %, soutenue par le dynamisme des secteurs industriel et touristique, ainsi que par une gestion macroéconomique qualifiée de « prudente » par Credendo. Les indicateurs budgétaires témoignent également d'un assainissement progressif des finances publiques. Le déficit budgétaire, qui s'est réduit au fil des exercices, devrait revenir à 1 % du PIB d'ici 2028, un seuil comparable à celui observé avant la crise sanitaire. Quant à la dette publique, aujourd'hui estimée à 70 % du PIB, elle amorce une lente décrue. La position extérieure du Maroc demeure par ailleurs confortable : les réserves de change se maintiennent à un niveau jugé satisfaisant, la dette à court terme est sous contrôle, et le pays conserve un accès fluide aux marchés internationaux, soutenu par une ligne de crédit de précaution octroyée par le Fonds monétaire international. À cela s'ajoute une stabilité politique que Credendo qualifie de « solide à court terme ». Malgré ces fondamentaux rassurants, Credendo identifie plusieurs fragilités structurelles, au premier rang desquelles figure la dépendance chronique de l'économie marocaine aux aléas climatiques. Cinq des six dernières campagnes agricoles ont été marquées par des épisodes de sécheresse sévère, affectant directement un secteur qui, bien que représentant une part décroissante du PIB, demeure vital pour l'emploi et les équilibres socio-économiques du pays. L'agriculture absorbe en effet environ un tiers de la population active, et sa performance conditionne largement la demande intérieure dans les zones rurales. Cette vulnérabilité climatique, combinée à une transition agricole encore inachevée, continue de peser sur les perspectives de croissance inclusive, et rend plus difficile la mise en œuvre de réformes structurelles de long terme. L'autre défi évoqué par Credendo tient aux tensions géopolitiques croissantes entre les grandes puissances, qui complexifient l'environnement des investissements internationaux. Les rivalités sino-américaines, la redéfinition des partenariats industriels en Europe, ou encore les perturbations persistantes des chaînes de valeur mondiales, représentent autant d'obstacles pour les ambitions industrielles du Maroc, en particulier dans des secteurs stratégiques comme l'automobile. Malgré ces contraintes, l'assureur-crédit maintient une évaluation positive du risque-pays et des perspectives économiques marocaines, tout en insistant sur l'importance d'accélérer les réformes structurelles, notamment dans le domaine de la gestion de l'eau, de la diversification des sources de croissance et du renforcement de la compétitivité.