Les conflits ont des conséquences dévastatrices sur les 39 économies touchées par ce genre d'instabilité, aggravant l'extrême pauvreté, intensifiant la faim aiguë et rendant inaccessibles les objectifs de développement, a indiqué la Banque mondiale dans une nouvelle analyse. Selon une évaluation de la situation de ces pays au lendemain de la crise du COVID-19, l'institution financière internationale indique qu'avec la multiplication des conflits, ces économies accusent un retard sur toutes les autres en termes d'indicateurs clés de développement. Depuis 2020, leur PIB par habitant a diminué en moyenne de 1,8% par an, tandis qu'il a progressé de 2,9% dans les autres économies en développement. Cette année, 421 millions de personnes vivent avec moins de 3 dollars par jour dans des économies touchées par des conflits ou l'instabilité, soit plus que dans le reste du monde. Ce chiffre devrait atteindre 435 millions, soit près de 60% de la population mondiale en situation d'extrême pauvreté, d'ici 2030. « Ces trois dernières années, l'attention mondiale s'est portée sur les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, et cette attention s'est intensifiée », a déclaré Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale. Lire aussi : La dette publique mondiale dépasse 100.000 milliards de dollars en 2024 « Pourtant, plus de 70% des personnes souffrant de conflits et d'instabilité sont africaines. Non traitées, ces pathologies deviennent chroniques. La moitié des pays confrontés aujourd'hui à des conflits ou à l'instabilité vivent dans de telles conditions depuis 15 ans ou plus. Une misère d'une telle ampleur est inévitablement contagieuse », a-t-il ajouté. Cette nouvelle étude souligne, selon la Banque mondiale, pourquoi l'objectif de mettre fin à l'extrême pauvreté est resté inaccessible jusqu'à présent. Elle se concentre désormais dans les régions du monde où les progrès sont les plus difficiles à réaliser. Sur les 39 économies actuellement classées comme étant en situation de conflit ou d'instabilité, 21 sont en conflit actif. Malgré leurs difficultés, ces économies présentent plusieurs atouts potentiels qui, avec des politiques adaptées, pourraient relancer la croissance, selon l'analyse. Les bénéfices tirés des ressources naturelles – minéraux, forêts, pétrole, gaz et charbon – représentent en moyenne plus de 13% de leur PIB. C'est trois fois plus que pour les autres économies en développement. Plusieurs économies, notamment la République démocratique du Congo, le Mozambique et le Zimbabwe, sont riches en minéraux nécessaires aux technologies d'énergie renouvelable telles que les véhicules électriques, les éoliennes et les panneaux solaires.