Au cours des quatre premiers mois de l'année 2025, la production nationale d'énergie électrique a enregistré une nette progression de 6,5 %, contre une hausse de 3 % à la même période en 2024. Ce chiffre, tiré de la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), illustre la consolidation continue du secteur énergétique marocain, malgré les défis climatiques et conjoncturels. Selon les médias, cette performance est principalement attribuée à deux acteurs majeurs du paysage énergétique national : la production privée, qui a bondi de 8,1 %, et l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), dont la production a connu une croissance remarquable de 10,5 %. Ces hausses traduisent à la fois l'engagement soutenu du secteur privé et les efforts d'optimisation entrepris par l'ONEE. En effet, l'implication du secteur privé dans la production d'électricité constitue aujourd'hui l'un des piliers de la stratégie énergétique du Royaume. Grâce à des projets intégrant les énergies renouvelables, notamment le solaire et l'éolien, et à des partenariats public-privé (PPP), le Maroc parvient à diversifier ses sources tout en renforçant sa capacité de production. Cette dynamique contribue non seulement à alléger la pression sur les finances publiques, mais aussi à moderniser l'économie nationale à travers l'intégration de technologies de pointe et la création de nouveaux pôles de croissance. Parallèlement, l'ONEE continue de jouer un rôle central dans la structuration du réseau électrique national. L'augmentation de 10,5 % de sa production est le fruit de travaux de maintenance des infrastructures, d'une amélioration des réseaux de distribution et d'une meilleure intégration des capacités de production renouvelable, dans le cadre de projets visant à verdir davantage le mix énergétique marocain. Vers une autonomie énergétique Cependant, ce constat positif est nuancé par une chute préoccupante de la production issue des énergies renouvelables relevant de la loi 13-09, qui a enregistré une baisse de 13,9 % après une flambée de 38,6 % au cours des quatre premiers mois de 2024. Cette régression s'explique par des conditions climatiques défavorables, des retards dans certains projets, ainsi que des défis techniques liés à l'optimisation des infrastructures existantes. Cette situation révèle la vulnérabilité structurelle du secteur des énergies vertes aux aléas climatiques et à l'absence d'une planification suffisamment agile. Néanmoins, ce repli ne remet pas en cause l'ambition du Maroc de devenir un leader régional des énergies renouvelables, objectif qui reste porté par des projets emblématiques tels que le complexe Noor à Ouarzazate. D'un point de vue externe, les échanges d'électricité avec l'étranger reflètent une volonté croissante de réduction de la dépendance énergétique. À ce titre, les importations d'électricité ont reculé de 4,4 % à fin avril 2025, rompant avec la hausse de 15,1 % observée un an auparavant. Ce recul est révélateur d'une meilleure gestion de la production nationale et d'une orientation stratégique vers l'autosuffisance énergétique. Concernant les exportations, bien qu'en baisse globale de 14,4 % sur les quatre premiers mois de l'année, des pics impressionnants ont été enregistrés en mars et avril, avec des hausses respectives de +125,9 % et +27,6 %. Ces fluctuations témoignent de la capacité du Maroc à répondre aux besoins énergétiques de ses voisins, tout en consolidant son rôle de fournisseur énergétique régional, notamment dans un contexte de renforcement des interconnexions électriques transfrontalières. Autre indicateur en nette amélioration : le volume de l'énergie appelée nette – l'électricité totale produite moins la consommation interne – a progressé de 5,3 % à fin avril 2025, contre 3 % un an auparavant. Ce surplus énergétique constitue une réserve stratégique pour le Royaume, qui peut ainsi augmenter ses exportations tout en assurant sa consommation interne. À l'échelle macroéconomique, cette dynamique s'inscrit dans une stratégie globale de diversification du mix énergétique et de résilience face aux chocs exogènes, en particulier la volatilité des marchés internationaux. Si le Maroc reste encore tributaire des énergies fossiles, les investissements massifs dans les renouvelables permettent une réduction progressive de cette dépendance. En outre, ce tournant énergétique représente une opportunité de développement économique durable. Il favorise la création d'emplois verts, attire des investisseurs internationaux, et stimule la compétitivité de secteurs industriels stratégiques. Toutefois, des défis de taille persistent, notamment en matière de gouvernance énergétique, de transport d'électricité, et de variabilité climatique. Ainsi, malgré des contrastes conjoncturels, l'évolution de la production électrique nationale en 2025 confirme que le Maroc est en pleine transition énergétique. Un chemin semé de défis, certes, mais également riche en opportunités pour asseoir sa position en tant que hub énergétique régional et moteur de croissance durable.