Mohamed Boudrika, ex-député du RNI et ancien président charismatique du Raja Club Athletic, a été condamné à cinq ans de prison ferme par le tribunal de première instance d'Aïn Sebaâ. Cette décision met un coup d'arrêt brutal à un parcours mêlant pouvoir, sport et affaires, au terme d'un procès très suivi et marqué par de fortes tensions dans la capitale économique. Interpellé en Allemagne puis extradé vers le Maroc, Boudrika a été jugé en détention préventive pour des infractions d'une grande gravité : falsification de documents, escroquerie et émission de chèques sans provision. Ce feuilleton judiciaire, suivi avec attention par l'opinion publique, a atteint son dénouement après plusieurs mois d'audiences. Le procès a été marqué par un échange vigoureux entre le ministère public et la défense. Les avocats de Boudrika ont tenté d'introduire des éléments visuels destinés à influer sur la perception du tribunal, notamment des clichés le montrant aux côtés de personnalités de premier plan, parmi lesquelles Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Prince Héritier Moulay El Hassan ou encore le président français Emmanuel Macron. Le procureur du Roi a vigoureusement dénoncé cette tentative, y voyant une volonté manifeste de détourner la procédure judiciaire de son cadre strictement légal. Il a mis en garde contre l'usage indû des symboles étatiques à des fins personnelles. Lire aussi : L'Allemagne confirme l'extradition de Mohamed Boudrika vers le Maroc Considéré naguère comme un acteur providentiel pour avoir porté le Raja à son apogée — notamment lors de sa participation historique à la Coupe du Monde des Clubs en 2013 — Boudrika était perçu comme l'archétype de la réussite rapide. Héritier d'une famille active dans le secteur du commerce et de la promotion immobilière, il a bâti sa fortune très jeune à Casablanca avant de s'imposer dans les sphères du sport puis de la politique. Elu député, puis adjoint au maire de la capitale économique, il a incarné une ascension fulgurante. Déjà impliqué dans plusieurs affaires, il a été arrêté en juillet 2024 à l'aéroport de Hambourg sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par Interpol. Désormais incarcéré à la prison d'Oukacha, il fait face aux conséquences de ses actes. La chute de Mohamed Boudrika, entre lumière médiatique et ombre judiciaire, illustre la fragilité des trajectoires construites sur des illusions. De la ferveur des tribunes à la sévérité de la justice, son itinéraire résonne comme une mise en garde contre les dérives de la notoriété et les excès d'ambition.