Ah, la presse algérienne ! Ce grand théâtre de l'absurde où l'obsession du Maroc ne cesse de tourner en boucle, comme un disque rayé. On pourrait presque croire que ces journalistes et influenceurs ont un abonnement VIP au fan-club du voisin, un abonnement qu'ils n'ont jamais l'intention de résilier. Ils ne cessent de broder des récits autour de ce Maroc mythologique, détesté, envieux, mais inlassablement fantasmé à travers une lentille déformante. Leurs mots sont des projectiles, leurs articles des épées, et leur cible n'est autre que le royaume voisin. Mais derrière cette haine apparente, qu'est-ce qu'ils cherchent à fuir, sinon leurs propres démons ? Imaginez un instant que, par un décret divin ou une loi cosmique, l'Algérie se voie interdite d'écrire une seule ligne sur le Maroc. Adieu les « exposés sur la machination marocaine« , au revoir les théories complotistes sur les dérives du royaume. Une censure totale, un vide béant. Que deviendrait alors la presse algérienne ? Enlève-lui son jouet, et voilà qu'elle se retrouve perdue, errant comme un écrivain sans plume. Comment alimenter ses journaux, ses sites et ses réseaux sociaux sans le Maroc ? Comment nourrir les esprits sans ce bouc émissaire en or ? Les rédactions s'effondreraient sous le poids de ce vide existentiel. Comment un éditorialiste algérien survivrait-il sans ce vilain petit « voisin de l'Ouest« , cette source infinie de mystifications ? Le drame est là : sans ce « rival imaginaire« , le récit algérien s'effondrerait. Plus d'histoire d'un Maroc plongé dans un chaos absolu, où la misère fait rage et où les manifestations s'enchaînent comme des épisodes d'une série Netflix. Que feraient-ils, ces journalistes ? Se risqueraient-ils à regarder la vérité en face ? À poser un regard honnête sur la réalité de leur propre pays ? L'économie stagnante ? La politique figée ? La répression qui tord la société ? Non, l'angoisse est trop grande. Il est plus simple de projeter l'ensemble de leurs frustrations sur le Maroc. Après tout, pourquoi regarder dans le miroir quand on peut continuer à regarder à travers la fenêtre du voisin ? LIRE AUSSI : Etats-Unis – Afrique : Donald Trump reçoit cinq chefs d'Etat africains à Washington Et là, dans cette situation absurde, l'ironie atteint son paroxysme. Ce Maroc qu'ils haïssent tellement devient leur exutoire. Chaque article qui le dépeint comme un royaume en ruine, chaque billet où ils décrivent des rues désertées par la pauvreté, des citoyens battant le pavé dans des manifestations sans fin, tout cela est un pur fantasme. D'ailleurs, à force d'imaginer ces scénarios apocalyptiques, on se demande si ces journalistes ne s'inspirent pas secrètement de films d'horreur. Qui sait, peut-être que leurs récits pourraient être le prochain succès sur Netflix : un peuple marocain soi-disant affamé, des rues envahies par la révolte, une monarchie sur le point d'exploser, des « fuites du Maroc » à tout va, un remake parfait de la fin du monde, quoi ! Là où tout cela devient franchement comique, c'est que ce décor cataclysmique qu'ils fabriquent à force de clichés est aussi éloigné de la réalité du Maroc que le désert du Sahara est éloigné des plages de la Méditerranée. En réalité, le Maroc brille de mille feux, un acteur majeur de la région, avec une stabilité politique impressionnante, une croissance économique constante, et une société en pleine effervescence. Mais il est tellement plus facile de vendre le mirage d'un Maroc en proie au chaos. Les journalistes algériens se sont pris à leur propre jeu, et chaque fois qu'ils décrivent le Maroc comme une nation sur le point de sombrer, ils se donnent bonne conscience, oubliant qu'ils projettent sur lui toutes leurs propres peurs et leurs manques. Le paradoxe est d'une cruauté aveuglante : ils détestent ce Maroc, mais ils en sont dépendants pour maintenir leur discours. S'ils ne pouvaient plus le dépeindre comme un enfer en flammes, à quoi ressemblerait leur presse ? Que deviendrait leur fabuleuse machine à fantasmes, si elle ne pouvait plus cracher son venin sur ce pays qu'ils prétendent haïr ? On se prend à rêver d'une presse algérienne nouvelle, peut-être plus honnête, un peu moins obsédée par son voisin. Mais soyons réalistes : cela leur demanderait de se confronter à leur propre réalité, et ça, c'est bien trop risqué. Au fond, tout cela est un théâtre de l'absurde. Un Maroc, que l'Algérie ne cesse d'imaginer comme une terre d'apocalypse, devient leur aliment préféré. C'est leur film d'horreur personnel, leur récit macabre, et pourtant, c'est ce Maroc qui continue de prospérer, de se développer, de se transformer sous leurs yeux. Une réalité qui dérange, qui ne correspond pas à la fiction qu'ils se plaisent à raconter. Alors, oui, peut-être que l'Algérie aurait tout à gagner à arrêter de fixer ce miroir déformant. Peut-être qu'une fois qu'ils auront cessé de se perdre dans ce délire collectif, ils pourront enfin regarder leur propre reflet. Mais cela, bien sûr, c'est une perspective qu'ils préfèrent ignorer. Pourquoi voir la vérité, quand on peut se vautrer dans les illusions d'un voisin imaginaire ?